Plutôt que de tenter le diable à s’enfoncer dans l’inconnu sans se préparer, les aventuriers décidèrent de faire une pause en s’abritant du vent contre la coque du nautiloïde. Enialis en profita pour coller son oreille à la paroi et chercher des signes de vies. Cependant, sa tentative fut interrompu par une douleur perçante au crâne. L’espace de quelques secondes, son corps se raidit, tétanisé par la souffrance.
Elise parvint tout juste à retenir sa chute. Elle le vit aucune traces de blessures ou de traumatismes interne sur le corps de l’Elfe. Le coupable semblait revenir une nouvelle fois au Cristal Psi. La clerc évoqua l’idée de laisser la pierre en arrière pendant l’exploration de l’épave, mais le moine assura qu’il pouvait gérer la douleur. Ses fanfaronnades ne semblèrent pas convaincre la jeune femme. Néanmoins, Alfan Main d'Ours du clan Akannathi intervint pour estimer qu’il valait mieux conserver le cristal et qu’il pouvait toujours être utile.
Pendant ce temps, Hélios s’écarta du groupe pour examiner les tentacules de la créature/vaisseau. La matière était froide, mais visiblement organique. En catimini, il se faufila sur le pont du rafiot. Il examina la baliste abandonnée et en conclu qu’elle devait être faite par et pour des gens de petites tailles, comme des gnomes. Il envoya aussi Plume faire un tour extérieur. Le volatile discerna un pont à l’étage supérieur, doté aussi d’une baliste et de nombreuses munitions, mais ne discerna pas plus de signes de vie.
Hélios tenta de toucher à la baliste pour voir si elle fonctionnait mais fit glisser une pièce qui s’écroula avec fracas. Alerté, le reste du groupe rejoignit le jeune Aasimar. Persuadée que sa magie pouvait arranger le problème et réparer la baliste, Elise se précipita pour remettre la pièce en place. Cependant, elle ne fit que l’endommager davantage et d’autres pièces s’écroulèrent dans un fracs plus grand encore. C’était définitif : toute vie intelligente dans ce cargo savait que les aventuriers arrivaient.
Les aventuriers se tournèrent alors vers le plus grand obstacles connus dans le monde des aventuriers : une porte fermée. Pas moyen d’en faire le tour, il s’agissait du seul accès à l’intérieur du nautiloïde. Craignant des pièges si de la technologie gnome était dans le coup, Hélios tenta d’ouvrir la porte à distance avec une main fantomatique. Comme ce n’était pas assez fort, Elise tenta à son tour. Comme ce n’était pas assez fort, Alfan tenta à son tour. Comme ce n’était toujours pas assez fort, Alfan défonça la porte avec sa hache.
Les aventuriers découvrirent un étrange spectacle : la porte donnait sur une pièce circulaire où se trouvait de nombreuses caisses en bois. Des chaînes étaient suspendues aux parois organiques. Dans un coin, une grande créature faite de morceaux de chairs cousues entre eux grognas en voyant ces étrangers débarquer. Au centre, trois petites créatures semblables à des flagelleurs mentaux miniatures et avec de gros crânes flottaient en chantonnant une petite mélodie.
Découvrant ce spectacle et craignant de laisser la possibilité à ces monstres d’attaquer en premier, Enialis saisi son arc et décocha un trait qui empala l’un des flagelleurs et le cloua contre l’un des murs. Mais une fois son réflexe passé, un doute s’insinua en lui : et si ces créatures étaient juste des enfants ?
Hélios n’attendit pas la fin de ses atermoiements. il pointa les caisses au centre de la pièces. Le tonnerre gronda et une violente explosion déchiqueta un autre de ces flagelleurs miniatures. Les caisses furent fracassées et répandirent leur contenant dans toute la pièce. Trois rayons de lumière ardentes en jaillirent et allèrent percer la coque du vaisseau.
Afin de permettre au dernier flagelleur de s’enfuir par un escalier, le golem de chaire se précipita dans l’embrasure de la porte et fit barrage de son corps, subissant leurs assauts de plein fouet sans faillir. La hache d’Alfan tailla ses chaires, les décharges d’Hélios les brûlèrent et les poings d’Enialis les broyèrent. Mais la créature encaissa tout ces chocs sans exprimer la moindre douleur. Il répliqua même avec un acharnement soudain qui surpris le goliath. Mais finalement, c’est une flèche de Rackham qui parvient à atteindre la créature en plein centre de la poitrine. Le golem tituba quelques seconde avant de s’écrouler comme une pierre.
A l’intérieur du navire, le calme était revenu. Un silence de mort s’était installé aussi vite qu’il n’avait été brisé. Dans ce fatras de débris, Hélios remarqua un étrange équipement fait de tubes et de pièces métalliques autour d’un cristal. Il identifia cet objet comme une arme qui devait décharger de l’énergie à distance. Les rayons s’étant échappé des caisses devaient être une ou plusieurs de ces armes êtres détruites. Il confia sa découverte à Rackham avec un grand sourire, certain que le roublard serait le plus à même d’exploiter cet objet.
Pendant ce temps, Elise et Enialis sentirent quelque chose entrer dans leur crâne, comme si des mains ou des tentacules s’enfonçaient dans leur cerveau, sondant toutes leurs pensées. A peine s’étaient ils remis de leur trouble et avaient partagés ce qu’ils avaient vécu, Alfan et Hélios vécurent une expérience similaire. Enfin, ce fut au tour de Rackham.
Les aventuriers étaient toujours confus quand une voix résonna dans la tête d’Enialis lui demandant s’il avait bien le cristal psy et lui intimant de le lui remettre. Le moine partagea aussitôt ce qu’il entendait et le groupe se mit à se demander ce qu’ils pourraient demander en retour. Ils n’avaient pas fait tout ce chemin et affronté tous ces obstacles pour une simple tape sur l’épaule et la vie sauve ! Soit on leur donnait une récompense pour le cristal, soit ils étaient prêt à foncer dans le tas pour la récupérer eux-mêmes !
Alors qu’ils se perdaient en élucubration, Enialis sentit un nouveau choc psychique qui le tétanisa. La voix dans sa tête lui assura qu’il s’agissait du cristal et qu’il ne pourrait lui survivre longtemps. Enialis lui demanda ce qu’il proposait en retour et qui ils étaient. La voix lui offrit la vie sauve en récompense et confirma qu’il s’agissait d’un flagelleur mental -adulte cette fois-ci.
Ce fut au tour de Rackham d’entendre une voix dans sa tête qui le flatta, lui assura qu’il était moins belliqueux que les autres et qu’il était trop malin pour laisser les deux groupes s’entre-déchirer dans un combat vain et inutile. Le nouveau ménestrel prit à cœur ce rôle et entreprit de convaincre les autres de négocier avec les illithides. Ces derniers acceptèrent même d’échanger des informations sur la région ou sur l’arme mystérieuse en échange du cristal psy.
Alfan de son côté en avait plein la tête : tout ce voyage, tout ce danger, juste pour des informations probablement inutiles ? Pas d’or ? Pas de vrai trésor ? Prendre des risques inconsidérés avec cette race à la si mauvaise réputation. Il exprima son désaccord avec ferveur, mais voyant qu’aucun de ses compagnons ne semblait vouloir le rejoindre, il décida de s’éloigner sur le pont plutôt que de prendre part à cette mascarade.
Interrogés sur leur présence dans cette région, l’illithide expliqua qu’il s’agissait d’un voyage d’étude pour examiner des créatures locales comme les vers rencontrés plus tôt par les aventuriers. Le but était d’apprendre aux enfants illithides (les petites créatures tuées par Hélios et Enialis). Cependant, avant de repartir, ils ont été attaqué par un grand Roc blanc, monté par une femme humanoïde tout aussi gigantesque. Tout ce que voulait les flagelleurs à présent, c’était repartir et rentrer dans leur plan. Ils n’étaient pas là pour capturer des gens. Etrangement, cette information sembla décevoir Hélios qui s’éloigna à son tour.
Enialis considère que ces informations sont ridicules et ne valent pas le cristal. Toutefois, l’illithide assurant qu’il n’en savait pas plus, le moine finit pas accepter de rendre l’orbe, mais il était hors de question qu’il aille l’apporter lui-même à l’étage. C’est ainsi qu’un illithide de la taille d’un gnome vint trouver les trois aventuriers encore dans le vestibule du nautiloïde. En complément de paiement, il expliqua à Rackham comment fonctionnait sa nouvelle arme qui s’avéra une sorte de canon laser très puissante mais au nombre d’usage limité. Il proposa également aux aventuriers de leur faire un tour de la région si le nautiloïde pouvait décoller. Pour ça, ils devraient accepter de rester ici, au rez-de-chaussée, pour le reste de la nuit, sans toucher à rien. Le départ serait à l’aube et ils seraient ensuite déposer à cet endroit même.
Après hésitation, tous sauf Alfan acceptèrent cette offre. Satisfait, l’illithide remonta avec le cristal. Peut après, le nautiloïde commença à vibrer et à se réchauffer. Le courant était revenu ! Le gnome flagelleur revint peut après et assura que tout fonctionnait bien. Le départ ne serait que dans quelques heures. En attendant, il répara les trous dans la paroi tandis que les aventuriers s’installaient pour la nuit. Alfan préféra rester à l’extérieur, avec les ours et se construisit un petit igloo, persuadé qu’il ne verrait plus jamais les autres.
Tout le monde s’installa pour la nuit. N’ayant pas entièrement confiance en leurs hôte, Elise voulu monter la garde pendant qu’Enialis méditait. Mais malgré ses efforts pour restée éveillée, elle finie pas sombrer dans le sommeil. Quand il sortit de sa transe et qu’il trouva tout le monde encore dans le monde des rêves, Enialis voulu en profiter pour se faufiler à l’étage. Hélas (ou heureusement), la porte pour y accéder était fermée. Il fut alors obligé de prendre son mal en patience.
Avant le levé du jours, très tôt, aux aurores, vers 9h30, le nautiloïde vrombit plus fort et réveilla ses passagers. L’illithide gnomique vint tenir compagnie aux aventuriers et leur annonça que le tour ne serait que très bref, puis prit leurs demande de passages. Une fois cela fait, le vaisseau décolla à toute allure et fila à travers les brumes matinales.
A l’extrême est du Valbise, les aventuriers distinguèrent plusieurs feux dans les montagnes. Il s’agissait sans doute de tribus goliaths, à moins qu’il n’y ait encore d’autres formes de vie.
La première étape fut une forteresse dans les montagnes, au sud de la région. Construite à flanc de colline et dissimulée aux regards des curieux, ce piton semblait avoir de la lumière en son sein. Une vie y logeait, même si personne n’avait la moindre idée de l’identité de ses occupants.
L’étape suivante, à la demande d’Elise, fut l’épave de la Duchesse Noire. La sombre silhouette du navire gisait dans la glace, entouré d’un silence de mort. Cette fois-ci, nulle lumière, nulle traces de vie, nulle voix dans le brouillard. Cette vue fut comme une sinistre confirmation pour la jeune femme qui ne put détacher ses yeux de ce spectacle qu’une fois le navire repartit. Elle s’effondra, les larmes aux yeux, le cœur lourd de remords. Enialis tenta de lui remonter le morale, mais déjà leur destination suivante se dessinait à l’horizon.
Après avoir longé la côte vers le nord sans rien voir de plus qu’une petite cabane de bois sur une presqu’il, le nautiloïde était à présent en vue de Solstice, l’île d’Aurile. Ce bout de terre avait la forme d’une étoile avec une multitudes de branches désaxées. Au centre s’élevait une montagne, juché par une caverne en forme de crâne. De nombreuses épaves de navires gisaient le long des côtes. A cet instant, alors que son regard s’attachait aux orbites vides du crâne, Hélios sentit de nouveau une vie douleur au foie, comme s’il gelait de l’intérieur. Une nouvelle fois, Elise ne remarqua rien et ne parvint pas à trouver la source de son mal, et toujours l’aasimar ne volait rien dire à ce sujet.
Prenant la direction de son point de départ, le nautiloïde passa non loin du Cairn de Kelvin, un monticule montant à 1km de haut dans la vallée des Dix-Cités. Il s’agissait d’une importante cime, mais aucune trace de vie ne se voyait aux alentours.
Enfin, les quatre aventuriers furent déposés au lieu du décollage. Avec les remerciements de Rackham, les illithides repartirent dans leur dimension. Le groupe retrouva rapidement Alfan qui les attendait de pied ferme. Rendu joyeux par la balade, Enialis exprima que le Valbise vu du dessus, c’était plutôt joli en faite ! Ce petit tour valait sans doute bien la perte de son cristal psychique.