S19- Des nouvelles perturbantes
  1. Journals

S19- Des nouvelles perturbantes

session
August 23, 2024

Le nautiloïde vrombit une dernière fois et décolla, laissant les cinq aventuriers sur place, puis disparu dans les nuages bas du Valbise. Le temps flotta quelques instant à mesure que chacun digérait ses propres souvenirs de ce tour de la région à toute vitesse. Mais déjà le vent se levait et une nouvelle question se pressait : il fallait maintenant rentrer à Havre-du-Levant. Or, la météo tournait au blizzard et la route disparaissait dans un horizon où l’on ne pouvait distinguer ciel et terre.

Si Alfan et Enialis se sentaient capable de supporter cette météo, ce n’était pas le cas des autres. De plus, le risque de se perdre était trop grand. Il fut décider de trouver un abris pour la journée. Perçant au travers du brouillard, Enialis indiqua un renfoncement entre des collines non loin qui pouvait au moins leur permettre de s’abriter du vent. Il prit la tête du groupe pour les y guider quand il distinguant une masse se déplaçant sous la neige et allant dans leur direction.

A peine eut-il le temps de prévenir ses compagnon qu’une bulette des neiges, une monstruosité doté d’un large corps couvert de plaques, d’imposantes griffes et d’une puissante mâchoire jaillit du sol en direction de l’elfe et l’écrasa de tous son poids. La violence du choc propulsa le moine en arrière et le sonna sur le coup. Soigné par Elise, il se releva en titubant et se décida à tester l’arme récupérée chez les illithides. Hélas, engourdis par ses blessures, il rata ses deux tirs qui se contentèrent de faire fumer la neige environnante.

De leur côté, Alfan et Élise allèrent au contacte de la bête pour l’empêcher de bondir à nouveau. Résistant à une de ses puissantes blessures, le goliath lui porta un puissant coup de hache qui fracassa sa peau chitineuse. Plume se joignit également au combat et entailla les chairs du requin terrestre. La monstruosité ouvrit la gueule pour gober le volatile, mais une décharge d’Hélios déchira l’air et perça le crâne du monstre de part en part.

Le corps du monstre retomba et les compagnons songèrent qu’il devait s’agir de la quatrième et dernière créature qui avait été capturée par les illithides pour leurs observations. Après cela, ils purent s’abriter pour le reste de la journée et la nuit. Heureusement, le blizzard ne dura pas et ils purent entreprendre leur chemin de retour qui fut sans encombre. Celui-ci prit quatre jours. Lorsqu’ils trouvèrent un abris pour leur dernière nuit en extérieur, ils pouvaient presque apercevoir les lumières lointaines d’Havre-du-Levant.

Ce soir là, Enialis décida de se confier à ses camarades. Il leur avoua avoir fait un rêve étrange. Une personne lui parlait. Elle avait une forme d’ours avec une tête d’oiseau. Il était presque sûr qu’il s’agissait d’Aurile. Elle lui disait qu’elle était déçue de lui. Il était un enfant de l’hiver, et pourtant, ses actes trahissait sa nature. Pour le moine, elle faisait référence au don du chaudron d’abondance. Mais il ne comprenait pas ce titre « d’enfant de l’hiver ». Après tout, il avait été trouvé dans une forêt bien loin au sud d’ici. Élise voulu assurer à l’Elfe des bois qu’il n’avait aucune raison de s’en vouloir et qu’il faisait au contraires de bonnes choses, mais l’Elfe ne doutait pas sur ce point et confia plutôt vouloir s’assurer que tout le groupe reste unis.

Ce fut au tour d’Hélios de prendre la parole. Lui aussi faisait des rêves étranges, où il avait l’impression qu’une personne qui lui est cher était blessée par Aurile. Était ce dans le but de l’atteindre ? En tout cas, il ressentait les mêmes douleurs que la victime. La clerc fit le lien avec les crises de douleurs ressentit par l’Aasimar et tenta de le réconforter cette fois-ci avec un câlin.

Alfan resta silencieux pendant ces échanges. Le reste du groupe voyait bien que ses nuits étaient aussi agitées par des cauchemars, mais il préféra ne pas évoquer ce sujet.

Le lendemain, les aventuriers purent enfin rentrer à Havre-du-Levant et profiter d’une nuit dans un vrai lit. Cependant, Rackham, qui était resté songeur depuis ses échanges avec Argantael, en profita pour leur annoncer qu’il comptait rester quelques temps dans la ville. Ayant accepté l’offre de rejoindre les ménestrels, il voulait régler quelques questions avec eux et les aider sur le front. Après quelques discussion, le reste du groupe accepta sa décision. Il fut décider également qu’il pourrait profiter de ce temps pour embaucher du personnel afin de remettre en ordre la maison offerte par la municipalité.

Afin de tout de même préparer le terrain, Enialis et Élise se rendirent dans le bureau d’Imdra Arlaggath afin de lui demander de l’aide pour organiser les travaux (et demander un permis de construire, faire les paperasses administratives, s’assurer que les services publics de réseau étaient bien disponibles sur la parcelles, etc.). Ils n’eurent aucun mal à obtenir son aide. A cette occasion, ils virent un document qui indiquait que les orateurs des Dix-Cités se réunissaient à Bryn Shander dans cinq jours afin de discuter ensemble des différents problèmes de la région et de faire remonter les doléances de leurs citoyens. Inconsciemment, Élise calcula que cela tombait le jour de la pleine lune, ce qui était aussi le jour des sacrifices à Aurile dans toutes les villes. Avec un frisson d’horreur en espérant que ce n’était qu’une malheureuse coïncidence, elle se détourna pour rentrer.

Cependant, le moine et la clerc furent arrêtés par Vellyne Harpell. La vieille magicienne avait l’air de s’intéresser en particulier à la jeune femme. Elle prétendait avoir vu nul autre qu’Alderic il y a quelques jours de cela. Il était à Caer Dineval avec d’autres compagnons et portait un pendentif rond où était gravé un symbole d’épée. Elle n’avait pas pu s’approcher et lui parler (à ses dires), mais elle était surprise de le trouver ici, en si étrange compagnie, alors qu’il semblait faire partie du groupe avant qu’Élise ne prenne sa place. Alors qu’elle s’avançait, la clerc ne put retenir un mouvement de recul. Enialis fit mine de s’interposer et Velynne s’arrêta. Le moine ne le vit pas, mais la magicienne en profita pour lancer un sort et fouiller les pensées d’Élise.

La clerc sentit une présence intriguée s’insinuer dans ses pensées. Paniquée, elle tenta de résister en vain. Mais presque aussi vite qu’elle n’était apparue, cette présence disparue. Velynne s’excusa, le visage aussi désolé qu’intrigué. Elle détacha de son cou un collier qu’elle présenta à Élise en assurant qu’il pouvait la protéger (il s’agissait d’une amulette d’anti-détection). Selon elle, peut de monde, en particulier dans cette région, étaient prêt à accepter des êtres différents. Surprise de se revirement et se voyant déjà condamnée, la clerc parvint juste à murmurer un bref remerciement et à demander à Velynne de ne rien dire à ce sujet. La magicienne s’éloigna en répondant par un simple clin d’œil et en rappelant à Enialis qu’elle comptait sur eux pour retrouver Nass.

Le duo reprit la route en silence. Finalement, Enialis interpela Élise en lui invitant à ne pas se faire trop d’illusions sur le sort d’Aldéric. La dame blanche avait bien fait comprendre qu’il devait être mort. Cette remarque sembla sortir la jeune femme de sa torpeur. Après quelques hésitations, celle-ci mentionna son envie redoublée de retrouver la piste d’Aldéric. Après tout, la dame planche pouvait s’être trompée, ou avoir mentit. Plus l’Elfe tentait de lui dire de se calmer, plus la clerc semblait être convaincue par cet espoir incertain. Et puis, Caer-Dineval était juste sur leur route après tout.

Le lendemain, la troupe réduite à quatre aventuriers prit la route pour Caer-Koning. Ils partirent vers 9h et ne rencontrèrent aucun problèmes sur le chemin. Ils atteignirent ainsi leur étape de Caer-Dineval pour la nuit. Alfan connaissait un peu l’histoire de ce château, fondé il y a quatre siècles par la famille Dinev. Ce lieu a connu de nombreuses batailles, notamment contre des Orcs, mettant un terme à cette lignée de chevaliers venus du sud. Aujourd’hui, il ne restait plus qu’une petite ville, plus petite encore que le hameau de Bremen, dont les seuls intérêts en plus du château était une tour en ruine et une maison un peu plus riche que les autres.

A l’approche de la localité, Hélios exprima son désir de rester en hauteur, loin de l’eau et des profondeurs. Il n’expliqua pas plus cette nouvelle peur soudaine, hormis que c’était peut-être lié à ses rêves. Élise de son côté se demanda s’il ne valait pas mieux qu’elle prenne une autre apparence. Elle ne s’avait pas à quoi s’attendre si Aldéric était passé par ici et préférait faire profil bas, au cas où. Surpris car ils croyaient qu’Aldéric et Élise étaient en bon terme, le reste du groupe tenta de lui tirer les vers du nez, mais ils n’eurent pas beaucoup plus de réponses.

Les aventuriers se présentèrent finalement à l’auberge locale pour demander des chambres pour la nuit. Cependant, le tenancier annonça qu’aucune n’était disponible pour la nuit et renvoya les nouveaux venus vers le château pour qu’ils y demandent le gîte et le couvert. L’orateur Crannoc Siever pourrait peut-être les aider. Hélios décrivit Aldéric à l’homme pour lui demander s’il l’avait vu, mais il fut là aussi renvoyé vers le castel.

Cette grande bâtisse jugée sur une petite falaise couvrait de son ombre tout le village. Quand les aventuriers s’y présentèrent, ils virent de la lumière à l’intérieur qui confirmait la présence de vie à l’intérieur, mais les portes étaient fermées. Alfan et Hélios appelèrent quiconque pouvait les entendre. Une première voix leur répondit de dégager. Alfan força un peu le ton en se présenta. Avec son oreille fine, Enialis entendit une voix féminine murmurer qu’il s’agissait des personnes attendues et aussitôt, le garde changea d’attitude et accepta de faire ouvrir la porte. Pour le moine, il s’agissait d’un coup fourré et il mit en garde ses compagnons.

Toutefois, les deux portes s’ouvrirent et les aventuriers purent rentrer dans une petite cours intérieur et laisser leurs traîneaux aux mains de palefreniers. Un garde avec un étrange masque (enfin tous les gardes avaient ce drôle de masque), une sorte de visage entouré de rayons de soleil, invita les nouveaux venus à entrer et rencontrer l’orateur. Il les conduisit dans une grande pièce où était installée trois grandes tables en bois. Le blason de la ville (une tour blanche et un poisson rouge sur un fond bleu) était fièrement arboré sur les murs. Ce garde portait autour de son cou une amulette similaire à cette décrite par Velynne à Élise.

Après quelques minutes, un tieffelin d’un âge assez avancé et au crâne bien dégarni se présenta aux aventuriers. Il s’appelait Kadroth et était en charge de cette demeure. Il s’enquit de la raison de leur présence et parut surpris quand Alfan lui annonça qu’aucune chambre n’était disponible en ville. Il ignora le sous entendu que les aventuriers étaient attendus et leur annonça qu’exceptionnellement, il acceptait de les loger pour la nuit. Pendant que deux chambres étaient préparées, Hélios demanda au tieffelin à quoi servait ces masques. On lui répondit que cela permettait de se reconnaître. En effet, ils appartenaient tous à une sorte d’ordre qui avait juré de défendre un certain ordre moral.

Une fois tout le monde installé, les voyageurs furent inviter à partager le dîner avec les habitants du château. En plus de Kadroth, deux nouvelles tieffelines assistèrent au repas ainsi qu’un humain et l’ensemble de la garnison du lieu. Kadroth tachait de se montrer amical et courtois, soignant du mieux possible son accueil. La nourriture était plutôt bonne et Hélios put se resservir à plusieurs reprises alors qu’Enialis restait sur ses gardes. Les tieffelins expliquaient à plusieurs reprises que leur ordre servait de remparts de moralité alors que la région était en proie à de plus en plus de menaces. Enialis confirma leurs propos en sous entendant qu’il semblait y avoir beaucoup de créatures et d’êtres maléfiques en ce moment dans le coin. Mais Kadroth mit en gardes que de nombreuses choses cachées ou petites pouvaient être une grande menace.

Après ce repas, l’hôte avoua qu’il voulait présenter quelqu’un aux membres du groupe. Cependant, cette personne était faible et ne pouvait pas supporter de voir trop de monde. Seul deux personnes pouvaient venir. Enialis et Élise furent désignés pour cette mission et suivirent le tieffelin. Ils furent conduit à l’étage, dans une petite chambre à part. Sur la route, il leur fut expliqué que cette personne avait vu les aventuriers dans ses songes.

Le moine et la clerc arrivèrent sur une petite pièce fraîche. Une cheminée brûlait faiblement dans un coin. Devant, une veille dame avec une jambe de bois se balançait sur sa chaise. A côté d’elle, son repas était intacte. Kradoth salua la dame et prit congé.

La vieille, nommée Hethyl Arkorran, se tourna vers le duo. D’un geste dédaigneux, elle montra son assiette et dit en avoir assez de la truite. Elle confia être une voyante et avait vu un grand danger planer sur la vallée : les duergars sortaient de leur terrier. Elle expliqua qu’un chef, Zarderok Fléau-Solaire avait prit leur tête et menaçait de détruire les Dix-Cités. Il se terrait dans une forteresse et se préparait. Il disposait d’une forge alimenté par le cœur d’un dragon rouge afin de construire quelque chose de terrible. Elle avait alors vu un groupe de héros intervenir et le vaincre. Ayant entendu parler des exploits du groupe à Havre-du-Levant, elle en avait conclu qu’ils étaient les héros de sa prophétie. Eux seuls avaient la trempe pour éviter le ravage de la région.

Sitôt ces mots ayant quitter ses lèvres, Hethyl s’écroula. Élise se précipita à son secours, mais la vieille dame demeurait sourde à ses appels et nul magie de soin ne pouvait être employé. Figé de stupeur, Enialis murmura que c’était finie, elle était morte de vieillesse après avoir délivré son dernier message. Hagard, il fixait la clerc tenter de relever la voyante. Comprenant que le moine avait raison, Élise dut secouer son compagnon pour qu’il aille chercher Kadroth et le prévenir pendant qu’elle installait le corps de la grand-mère dans on lit. Le tieffelin arriva rapidement et compris ce qui avait du se passer. Il laissa les deux aventuriers rejoindre le reste de leur groupe et assura que son ordre s’occuperait de leur doyenne.

Penaud, Elise et Enialis retrouvèrent Hélios et Alfan qui poursuivaient leur repas. La clerc rapporta les propos de la voyante ainsi que sa mort pendant que l’elfe, en état de choc, ne parvenait pas à diriger ce qu’il venait de voir. L’aasimar porta une grande attention au rapport d’Élise. Alfan aussi écoutait d’une oreille attentive, même s’il faisait mine de se concentrer sur son repas. Alors que les trois autres se demandaient ce que tout cela pouvait vouloir dire, si c'était lié aux affaires de chardalyne et ce qu’il fallait faire, le goliath fini par prendre la parole pour conseiller de ne pas s’approcher des duergars. Ils ont des capacités qui feraient frémirent n’importe quels guerriers. Il était impossible de discuter avec eux. Mieux valait ne pas se mêler de leurs affaires. Si aucune décision ne fut prise pour l’instant, il fut décider de continuer sur la piste actuelle de Nass et les aventuriers décidèrent là dessus d’aller se coucher pour la nuit.

Tandis que les trois autres s’installaient pour la nuit, Enialis resta encore un certain temps dans la salle de réception, prit dans ses pensées. Au milieu de la nuit, il fini par s’installer au chevet d’Élise et décida de la tenir à l’œil, craignant qu’elle ne fasse une bêtise en tentant d’aller en ville suivre la piste d’Aldéric. Cependant, la jeune clerc resta sage et ne bougea pas de la nuit. Elle fut tout de même surprise à son réveil de trouver l’elfe juste à côté de son lit.

La troupe rassembla rapidement ses affaires pour partir pour Caer Koning. Sur le pas de la porte, ils aperçurent une silhouette pâle un peu plus loin sur les remparts qui les observait. Voyant cet être à la peau et aux cheveux blancs, Élise s’avança pour mieux distinguer ses traits. Elle se rendit compte qu’il s’agissait d’une tieffeline albinos qui s’éloigna rapidement quand la clerc fit mine de s’approcher.

Ce n’est qu’à la sortie du château qu’Élise se rendit compte que contrairement à ce qui était promis, ils n’avaient toujours pas rencontré l’orateur Crannoc. C’est à cet instant qu’Hélios se rendit compte aussi qu’aucune question sur Aldéric n’avaient été posées. Aussitôt il fit demi-tour et alla trouver Kadroth pour demander s’il avait vu un demi-elfe correspondant à sa description (ou plutôt au portrait tenu par Élise). Le tieffelin répondit qu’il l’avait effectivement rencontré : c’était un nouvel apprenti de leur ordre ! Il avait été sauvé par ses hommes il y a quelques temps et était à présent en mission pour justement collecter des informations sur les duergars. Ce jeune homme avait eut beaucoup de chance. Il avait faillit mourir, coincé sur un navire. Il serait mort s’il n’avait pas été sauvé par une « intervention divine ». Voyant cela, Kadroth a décidé de lui donner une chance dans leurs rangs. Il n’avait par contre aucune idée précise d’où il pouvait être à présent.

Content de ces informations et s’empressant de les transmettre à Élise, Hélios rejoignit le reste du groupe qui prit la route du nord. Plus tard dans la journée, Enialis se fit la réflexion que les habitants de ce château portaient tout de même des tenues assez légères malgré le froid, comme s’ils avaient en leur intérieur une chaleur qui les protégeait. Une telle protection n’était pas banale, il en savait quelque chose. Mais alors, comment expliquer le sentiment de malaise qu’il avait ressentit chez eux ?