S23 - Ô mon beau miroir
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S23 - Ô mon beau miroir

session
October 18, 2024

Estimant que la nuit et le sommeil portait conseil, la troupe se rassemblant dans la salle principale du souterrain et prit plusieurs heures pour se reposer. Hélios s’isola une heure avec la dépouille de la chouette. Quand il revint, l’harfang, baptisé Rapace, avait reprit vit, de la même manière que feu Plume. Enialis de son côté examina longuement la flèche elfique qu’il avait récupéré pour en percer ses secrets.

Alors que la journée passait à l’extérieur, les aventuriers s’interrogèrent : quels noms et personnes voulaient-ils donner au miroir ? Hélios insistait pour avoir le droit d’utiliser une fois le miroir, seul, sans témoin. Il expliqua aux autres qu’il n’avait pas le droit de leur en parler ou même de dire le nom de la personne qu’il voulait observer. Cette insistance énerva Alfan. Lui n’avait qu’un seul nom à la bouche : celui de  Durth Fléau Solaire. Il voulait le voir, pour le retrouver et lui faire la peau. Interrogé à ce sujet, il assura que la chardalyne qu’il gardait était nécessaire pour sa quête. Quand il fut accusé de tomber sous l’emprise maudites de ces pierres, il s’énerva davantage et assura qu’il devait retrouver les siens.

Lors que fut venue l’heure de faire face au miroir et de contempler ses secrets, la première utilisation fut laissée à Alfan. Inaugurant la danse, il s’avança devant la surface polie et prononça le nom “Fléau solaire”. Une seconde passa, puis les contours de l’objet se mirent à bouger. Une ombre passa sur la surface et les couleurs emplirent l’écran, dansant quelques secondes avant de dessiner une image précise : celle d’un gros duergar couronnée, un nain imposant et avec une longue barbe broussailleuse. D’autres duergars plus petit l’entouraient. Cette troupe étaient visiblement installée dans un sous-sol en pierre.

Fléau Solaire appela un de ses sujets, lui demandant “ce qu’elle a dit ?”. Cependant, la réponse ne fut pas à son goût : l’individue à qui était adressée la question semblait hésiter encore et ne savait pas si elle allait accepter la proposition de mariage. Exaspéré, Fléau Solaire pesta, jurant qu’il lui avait promis un énorme cadeau de noces ! Là dessus, l’image disparue, après une minute environ. Alfan maudit le conseiller, un certain Quentin, et assura qu’il allait lui trancher la tête ! A ces propos, la clerc lui demanda s’il avait été un duergar, avant l’intervention de Tali. Le goliath s’énerva, mais ne nia pas non plus, parlant de ces nains comme de membres de son clan avant de s’éloigner pour laisser la place aux autres.

D’un commun accord, ce fut ensuite au tour d’Hélios d’interroger l’objet magique et de demander à voir Nass. il y eut d’abord beaucoup de blanc et de bleu clair, comme si l’individu était perdu dans la neige en extérieur. La troupe distingua les contours d’une île. Le magicien semblait perdu au milieu de la mer, dans une position particulière : il était immobile, gelé comme l’était Meltharon. Il tenait une sorte de boule dans sa main et une petite hermine courrait autour de son corps. Au fond, sur le rivage, gisait un navire d’une taille similaire à la Duchesse Noire.

Enialis prit à son tour la parole pour enquêter sur Ravisin. Le miroir sembla mettre du temps à répondre, mais c’est parce que l’environnement de la druide était sombre. Les aventuriers virent une silhouette humaine approcher progressivement. Elle était habillée de peau, de griffes et d’os d’animaux. Les lèvres violettes et les yeux injectés de sang, elle faisait face à une femme semblable à Maud. La druide la considérait comme sa mère. Sur le côté, la prêtresse d’Aurile,  Jelenneth Arnuanna était aussi présente, puis la vision disparue.

Suivant son idée, Elise voulu ensuite voir Macreadus, l’inventeur qui voulait réparer la météo de Valbise. D’une voix tremblotante, elle prononça son prénom. Alors que le miroir restait immobile, elle paniqua à l’idée de s’être trompée et d’avoir gâché une vision. Mais finalement, l’image d’une cabane en bois rustique se dessina. un gnome terriblement musclé était penché sur un atelier, coulant du métal fondu dans un moule. Tout le reste de sa table de travail était couvert de papiers, de feuilles et de schémas complexes. Malgré son travail de précision, des tics nerveux agitaient son visage.

La vision s’arrêta là et les aventuriers enchainèrent avec Danneth Waylen : ils voulaient s’assurer que les orateurs s’étaient sortis vivant de leur rencontre et qu’aucun coup fourré ne les avait frappé. Le choix s’était porté sur l’orateur de la ville où se trouvait leur demeure. Ce dernier apparu, installé sur un traineau et entouré de miliciens. Il discutait avec une autre personne restée dans l’ombre. Il se félicitait de ne rien avoir lâché au sujet d’un bateau (sur le sujet de la reprise du ferry ou des zones de pêches) mais il s’inquiétait de Naerth Maxildanarr : l’orateur de Targos semblait avoir de plus en plus d’alliés au sein des Dix-Citées.

Pour l’avant dernière vision, encouragée par ses camarades, Elise s’enquit du sort d’Alderic, d’une voix encore plus tremblante. Alors qu’elle sentait son cœur défaillir, Enialis la soutint, et sous leurs yeux se découpa une silhouette marchant dans un paysage escarpé. Quatre ou cinq autres personnes l’accompagnaient. Ils bravaient le vent et cherchaient une piste. L’un d’entre eux était sûr d’avoir vu des traces de pas ! Mais un autre répondit que c’était vain. Ils devaient rentrer voir le seigneur Kadroth. A ces mots, et avant que le miroir ne redevienne une surface froide, Elise vit au coup de chacun des membres le pendentif en forme d’épée de Caer Dineval.

Perturbées par une multitude d’émotions contradictoires après avoir vu le demi-elfe en vie, Elise laissa ses camarades. Hélios supplia les deux autres de le laisser. Il offrit même 50 PO à Alfan pour cela. Enialis accepta aussi, s’éloignant assez pour garder l’enfant en vue, sans pouvoir l’entendre ou voir ce qui s’affichait. Un long silence s’installa dans la caverne pour la minute suivante, brisé par les cris d’Hélios qui assurait à son ami qu’il viendrait l’aider. Il revint vers les autres la mine abattue.

N’ayant plus rien à faire en ces lieux, les aventuriers décidèrent de quitter cette place. Curieux, Enialis décida de franchir la porte vitrée apparue avec la clé en or. En la franchissant, il se retrouva à sa grande surprise en plein milieu du cercle de pierre, devant ses compagnons qui sortaient par le passage dissimulé. Sa joie soudaine devant ce phénomène magique fut bien vite interrompue par le croassement incessant d’une multitude de corbeaux à l’ouest du cercle de pierre. En même temps, Jarthra Farzassh indiqua une trainée de neige s’élevant du sud-est et un grand sourire illumina sa figure. Il annonça que c’était un ami qui venait aider !

Mais son excitation fut de courte durée car un son sourd résonnait au nord-est et une géante avançait, tirant par des chaines une immense enclume. Alfan s’avança, pensant avoir affaire à une amie avec laquelle il pouvait discuter, mais la créature l’ignora. Le regard fixé sur Hélios, elle le héla, assurant qu’il avait volé son bien. Elle pointa du doigt le cor de destruction attaché à la ceinture de l’enfant et se précipita dans un cri de rage vers lui.

Alfan et Enialis réagirent en l’attaquant, mais ni la hache du goliath sous sa forme de géant, ni les injonctions d’Elise, ni la nouvelle flèche d’Enialis (qui revenait dans ses doigts à chaque tir, plutôt stylé il faut le dire), ni même le regard courroucé de Rapace ne la détournèrent de sa proie. D’un mouvement ample, elle projeta son enclume sur l’aasmiar et le jeta à terre, contraignant Hélios à la fuite.

Encerclée par le guerrier et la clerc qui cherchaient à l’immobiliser, la géante donna un puissant coup de pied sur le sol, faisant trembler et trébucher ses assaillants avant de reprendre la poursuite de sa proie. Enialis prit alors une seconde pour se concentrer sur son nouveau tire et prononça une parole en elfique. Sa flèche se mit à luire et fendit l’air à la vitesse de l’éclaire, frappant à pleine puissance la géante dans un grondement de tonnerre. Mais à cet instant, la centaine de corbeaux qui planait au loin se mit à fondre sur le moine à grand renfort de cris et de croassements. Ils l’encerclèrent et commencèrent à le griffer de toutes part. Le moine tenta de lutter dans cette mêlée, tuant nombres de ces bêtes, mais leur nombre semblait infini.

Se relevant en titubant, Elise cria à Enialis de venir la rejoindre. Elle ferma ensuite les yeux et fit le vide dans son esprit, invoquant une multitude de petits esprits à son secours. Des êtres féériques et sans-visages se matérialisèrent à ses côtés et l’entourèrent. Alors que le moine se désengageait de la horde et se mettait à couvert derrière la clerc, les corbeaux foncèrent sur la jeune femme. Mais arrivés à quelques mètres d’elle, les esprits colorés se précipitèrent sur les animaux. Leur simple contacte embrasait leurs plumes et c’est une nuée de cadavres qui s’effondra aux pieds de la clerc.

Pendant ce temps, Alfan prit à revers la géante. Faisant à peut près sa taille, il s’interposa entre elle et l’aasimar. Sa hache tournoya à de nombreuses reprises, blessant gravement la géante. Mais cette dernière n’avait d’yeux que pour Hélios. Elle aurait bien ignoré le goliath pour se précipiter sur l’occultiste, si Enialis ne surgit pas pour lui porter un coup au genou et l’immobiliser.

A cet instant, venu du sud, un traineau s’immobilisa et un homme armé d’un arc en sortit. Sans demande la moindre explication, il s’allia aux aventuriers et décocha flèches sur flèches en direction de la géante pendant qu’Hélios, qui s’était téléporté au loin, invoquait un spectre fait d’ombres pour le défendre.

La géante rugit et blessa Enialis d’un puissant coup d’enclumes, mais son geste laissa une ouverture pour la hache d’Alfan qui vint lui percer le poitrail. Le moine se releva et pu l’achever d’un ultime coup de bâton à la mâchoire.

Une fois le dernier corbeau tombée, les esprits autour d’Elise se calmèrent et s’immobilisèrent autour de la clerc. La troupe se tourna vers l’aide inattendue mais bienvenue de l’inconnu. Il se présenta sous le nom d’Ed Warm. Apparemment, la femme de Jarthra l’avait embauché pour qu’il prenne la suite du nain comme guide du groupe. Il connaissait assez bien la région. De nature altruiste et affable, il était prêt à donner un coup de main partout où c’était nécessaire, une démarche aussi bienvenue que surprenante dans la région aux yeux d’Elise et d’Enialis.

Jarthra, après avoir été payé 30 PO par Enialis, laissa le groupe aux bons soins du rôdeur et reprit la route vers Caer Koning. Les aventuriers décidèrent de passer la nuit sur les flancs de la colline avant de reprendre la route vers la flèche enterrée, espérant trouver là-bas des traces de passage de Nass pouvant expliquer ce qu’il faisait dans la région (et préciser son emplacement, parce qu’une île, c’est un peu vague quand même…).

Pendant la soirée, Edwarn expliqua aux aventuriers ses origines et les raisons de son arrivée en Valbise. Le village natale du demi-elfe avait été attaqué et détruit. Il avait fuit à Eauprofonde, mais le manque de forêt et de verdure l’a poussé à reprendre la route. Il a donc accepté d’escorter des marchands de Haute-Forêt à Valbise, d’où sa présence dans cette contrée désolée. Il avait même secourut et adoptée une panthère des neiges : Phyrus, qui l’accompagnait à chaque instant.

Pendant que chacun se préparait pour la nuit, Elise finit par prendre Enialis à part et évoqua ses inquiétudes pour le comportement d’Alfan. Si le guide disait vrai et qu’il était sous l’emprise de la chardalyne, elle voulait faire appel à sa magie pour tenter de l’en libérer, mais elle craignait que le “goliath” ne se laisse pas faire. Le moine voulu la rassurer et la convainquis d’aborder directement le sujet.

Il s’avéra que la clerc avait raison et Alfan refusa de se laisser toucher par Elise, assurant n’avoir nul besoin de sa magie ou de ses soins. L’insistance de ses camarades commença à énerver le guerrier qui se mit à hausser le ton, se sentant menacé de toutes part. Il se mit à accuser Hélios de pratiquer une magie ignoble et tordue. Le voyant de plus en plus paranoïaque, brutal et violent, Elise réunie tout son courage pour poser une main sur la poitrine du guerrier et invoqua sa magie pour le libérer de toute malédiction. Fermant les yeux en attendant une riposte, elle eut le plaisir de voir que son sort avait marché. Alfan se sentit instantanément mieux, libéré d’un poids et l’esprit clair. Il saisit les pierres de chardalyne et, d’un mouvement de hache grandiose, inventa le baseball.

Heureux de ce dénouement, Enialis sortit un tonneau de bière et offrit une tournée pour tout le monde !