Hélios déglutit et ordonna à Rapace de tout faire pour ralentir l’arrivée du géant et tourna les talons pour s’enfoncer dans l’épaisse fumée, se fiant à l’appel d’Enialis et aux glapissement de Phyrus. Il se fraya un chemin et manqua de trébucher sur le corps d’Ed Warm, tiré dans les ombres par sa panthère pour le protéger des flèches. L’aasimar s’agenouilla aussitôt vers lui et attrapa la potion de soin à sa ceinture qu’il déboucha et fit boire au rôdeur. Ed Warm reprit conscience en toussotant et se redressa tant bien que mal. Enialis invita le blessé à rester à l’abris des ombres pendant qu’il allait attirer l’attention des Duergars.
Au même instant, les fumées qui les entouraient se levèrent et disparurent en minces nappes de brouillards. Le trio pu voir plus loin Alfan et Elise aux prises avec Xardorok Fléau Solaire. Le guerrier venait de porter un puissant coup au visage du roi qui tressaillit l’espace d’une seconde. Alfan profita de cette ouverture pour se reculer et souffler quelques secondes tout en jugeant le champ de bataille d’un coup d’œil. Les créatures contrôlées par Hélios chassaient les derniers Quaggoths et déjà des tirs d’arbalètes repartaient des postes de garde juchés sur les parois de la caverne. Enialis se releva et intercepta tout ceux qui pouvaient se révéler menaçant pour ses camarades.
Xardorok commençait à s’enrager et insultait Alfan sans cesse, se moquant de sa couardise et de sa faiblesse. Mais pour l’heure, il avait une autre proie sous la main, plus fragile, et dont le visage signifiait à présent haine et trahison. Pensant faire face à Grandolpha Muzgart, le roi des duergars déchaina tous ses coups à l’intention d’Elise. La jeune changelin brandit son bouclier en panique. Les coups sourds résonnèrent dans toute la caverne, mais Elise résista, guidée par son instinct de survie et les conseils d’Alfan. En évitant un coup de pied, elle se sentit protégée l’espace d’une seconde et sourit. Elle respira alors une bouffée des flammes qui l’entouraient et fut prit d’une quinte de toux et les esprits gardiens qui la protégeaient disparurent. Ne pensant pas pouvoir résister plus longtemps aux assauts de Xardorok, elle fit appel à sa divinité pour soigner ses compagnons et se soigner elle-même, espérant que ce serait juste assez pour tenir un petit peu en attendant que quelqu’un prenne le relais. Reprenant son souffle, elle cria en nain, à l’adresse des duergars, que leur roi Xardorok était devenu fou.
Revigoré par la magie de la clerc, Ed Warn se redressa, saisit son arc et nettoya de toute présence hostile la tour de garde la plus proche de l’entrée de la forge. Il prit ensuite possession des lieux comme nouveau poste de tir. Enialis l’imita en se dirigea vers une deuxième tour, assisté par les décharges à distance d’Hélios. Alors qu’il poussait le premier duergars de la tour, Enialis sentit une présence invisible dans son dos, mais celle-ci ne se montra pas hostile. Au contraire, surgit des ombres un duergar qui vint l’aider à achever son second adversaire. En regardant un peu autour de lui, Enialis vit dans les autres postes de gardes que les duergars s’étaient mis à s’affronter les uns contres les autres. Son nouvel ami lui confirma être un fidèle de Grandolpha, et qu’il fallait retourner la protéger au plus vite !
Alfan reprit une grande inspiration et chargea une nouvelle fois son vieil ennemi qu’il frappa d’un puissant coup entre les cotes. Xardorok ploya… puis se redressa, souriant en montrant ses dents noirs et pourries. Il traita Alfan de faible et d’incapable, assurant qu’il en finirait bientôt avec lui. Le goliath vit alors que là où il avait frapper, sa hache ne s’était pas enfoncée dans de la chaire, mais dans une carapace de chardalyne. Il vit le corps du roi trembler et craquer, comme si ses articulations se déstructuraient et des éclats de la pierre maudite firent irruption sur sa peau. Horrifié par ce spectacle, Alfan reprit son élan et frappa de nouveau. Sa hache résonna sur la pierre sans l’abimer, et d’un geste, Xardorok détourna la lame sur Elise. Enialis pesta, voyant une gerbe de sang se former sous les pieds de la clerc.
Xardorok éclata d’un rire sonore. Persuadé que Grandolpha était tombée amoureuse d’Alfan -seule explication à sa trahison pour lui- il assura qu’il allait en finir bien vite avec leur révolution. Il frappa un coup dans le sol. La caverne trembla et quatre statues d’humanoïde en arme s’animèrent et sautèrent de leur piédestal. Xardorok déversa ensuite toute sa fureur dans un grand coup de poing en direction d’Elise qui, déjà blessée par Alfan, ne put le parer à temps. Le choc la propulsa au sol sur plusieurs mètres, dangereusement prêt d’une rivière de métal fondu. Il dirigea ensuite ses assauts sur Alfan, mais l’ancien lieutenant duergar connaissant les manières de faire de son roi et pu bloquer les assauts et répliqua même en faisant trébucher son ennemi. Humilié, Xardorok se redressa et se recula au sommet de la plateforme d’où il dominait toute la forge.
Resté en contrebas aux pieds de tours de garde, Hélios se concentra pour ordonner à son gardien animée et au squelette invoqué de se retourner vers Xardorok et de concentrer tous leurs efforts sur cette cible. Les deux créatures s’élancèrent aux côtés d’Alfan et ensemble, ils assaillirent le roi qui encaissa sans broncher, répliqua coup pour coup, œil pour œil et dents pour dents.
Alors que la mêlée s’installait au sommet de la plateforme, un grand craquement retentit au niveau de la porte de la forge qui venait de se faire oblitérer par la masse d’un géant. Le colosse esclave des duergar venait d’arriver. De profondes lacérations au dessus de son œil droit témoignait des efforts fournit par Rapace pour l’arrêter. Mais du volatil, il ne restait plus rien. Le monstre dirigea un regard hargneux et vengeur vers le gardien animé. Celui-ci fut comme paralysé et fragilisé par une force inconnue, laissant une ouverture à Xardorok de lui porter un grand coup qui manqua de briser en morceau l’armure magique. Le gardien fut propulsé du haut de la plateforme et s’écrasa dans un craquement sinistre. Alors que Xardorok enjambait la balustrade pour aller l’achever, le squelette invoqué fut attiré par un bruit au sud et vit toute une colonne de lézard géants sortir d’une ouverture. Il abandonna le combat, brandissant son espadon et prêt à leur faire face dans une derrière lutte sanglante.
Alfan voulu poursuivre son ennemi, mais deux statues virent lui bloquer la route. Prit de rage et ne voyant que son ennemi, il força le passage, ignorant les blessures que lui infligeait les êtres de pierre et crachant du sang autant que des provocations à l’égard de Xardorok.
De son côté, Enialis regardait le corps d’Elise, stupéfait. Il attendait qu’elle bouge, qu’elle se relève pour revenir au combat, mais rien. Elle restait immobile. Il sauta alors de la tour de garde, appelant Hélios à l’aide et se dirigea vers la clerc, ignorant les carreaux d’arbalètes qui virent résonner à ses pieds. Cependant, le gouffre de métal brûlant lui bloquait le passage et il n’avait pas le temps de faire le tour, alors qu’il voyait de l’autre côté qu’Elise ne respirait même plus. Déjà sa peau devenait plus pâle, comme si son apparence de Grandolpha s’éloignait et que la mort approchait à toute vitesse.
Heureusement, Hélios s’approcha et à l’aide d’une main invisible, saisie une potion à la ceinture de la clerc qu’il pu lui faire ingurgiter. Elle resta immobile quelques secondes, avant de se redresser en reprenant son souffle. Recommençant à respirer, Enialis s’élança en pleine furie sur Xardorok, venant seconder Alfan pour rouer le roi de coups. Hélios profita de cette distraction pour ordonner à son armure de se désengager pour qu’elle vienne protéger Elise pendant qu’elle se relevait alors que deux autres statues approchaient dangereusement de leur position.
Le géant rugit. Avec tout ce chaos, il ne savait même pas sur qui frapper alors il le fit au hasard, se mettant à détruire toute ce qui se trouvait autour de lui. Sa masse vint trouver une des statues, qu’il brisa en éclat. Mais son carnage et sa fureur ne firent que commencer. Ed Warm hésita à attirer son attention, ne pensant pas pouvoir encaisser le moindre assaut du monstre. Hélios lui fit alors signe qu’il s’en chargeait. Il confia le corps de dévastation au duergar qui avait aidé Enialis et lui intima de l’utiliser contre le géant. Il s’avança ensuite à découvert, bien déterminé à venger Rapace 1er du nom.
L’enfant fit quelques pas en direction du géant, criant pour attirer son attention. Le colosse le vit et sourit en ricanant. Alors Hélios tandis une main, son visage se creusa et ses orbites devinrent deux globes blancs. Adoptant sa forme d’effroi, il déchargea rayons sur rayons en direction du géant, le blessant plusieurs fois, et s’attirant surtout ses foudres. Alors que la bête levait sa masse pour le frapper, le duergar souffla dans le corps. Un droit effroyable en sortit,, comme si la caverne entière explosait. L’écho fit trembler les murs et manqua de renverser les combattants. Le géant poussa un grand cri et porta ses mains à l’oreille, un flot de sang jaillissant de ses tympans brisés.
Il se recroquevilla sous la douleur, dégageant le champ de vision pour Ed Warm. Depuis son poste, il devinait qu’Alfan et Enialis affrontaient Xardorok. Ils l’avaient acculé contre une des parois de la grotte, bloquant la vision du tireur. Par contre, il voyait clairement encore une des statues debout armes son bras pour poignarder Alfan dans le dos. Ed Warm laissa tomber son arc et sortit à toute vitesse le fusil laser des flagelleurs mentaux. Il prit à peine le temps de viser, la détonation retentit et le bras de la statue explosa en miette avant d’avoir pu blesser Alfan.
Au prise avec les deux guerriers, Xardorok commençait à montrer des signes de faiblesses, mais il en restait incroyablement agile et tenace, répondant à chaque blessure, et détournant les assauts de ses adversaires les uns contre les autres. Esquivant un coup de hache, il bloqua le bâton du moine de sa main gauche. De la droite, il lui assena un crochet qui le mit au tapis. Il se tourna ensuite vers Alfan, avec un ricanement fou.
Elise reprenait difficilement conscience. La vision trouble, elle vit d’abord le gardien animé faire face à deux statues dont il bloquait difficilement les coups. La construction semblait risquer de s’effondrer d’un instant à l’autre. En se retournant, la clerc vit Enialis à terre et Alfan luttant avec ses dernières forces. Sans plus y réfléchir, elle se releva difficilement et couru au chevet de l’Elfe. Sortant sa dernière potion de soin, elle a lui fit boire et puisa dans ses dernières forces magiques pour soigner un peu Alfan.
Retrouvant un peu d’énergie, le guerrier reprit ses assauts et continua de frapper, ignorant tout ce qui se passait derrière lui. Il enchaina les attaques, les feintes et les esquives puis trouva une ouverture. Le roi frappa un peu trop loin et ne recula pas à temps. La hache d’Alfan pénétra dans l’aisselle gauche de Xardorok, manquant de lui trancher le bras. Son ennemi se figea et hoqueta. Ses yeux devinrent vitreux l’espace d’une seconde… puis un sourire d’une cruauté malsaine fendit le visage de Xardorok.
En reprenant conscience, Enialis se releva d’un bond et partit pour achever Xardorok. Le coup fut rapide, mais la réaction du duergar plus rapide encore et de son bras droit, il dévia l’attaque qui alla frapper Elise, à la plus grande horreur du moine. Prit de rage, il recommença alors qu’Alfan fit tourner son arme dans la plaie de Xardorok pour l’immobiliser. Enialis continua de frapper, mais il se rendit compte que les excroissances de chardalyne recouvraient à présent presque tout le corps du roi. Il était presque entièrement fait de cette pierre qui commençait à recouvrir son visage et se mettait à vibrer. “Vous ne m’aurez pas vivant, ricana Xardorok d’une voix sinistre. Et je vous promets que vous partirez avec moi !” Voyant qu’il était trop tard pour l’arrêter, Enialis se retourna et se précipita le plus loin possible du roi.
Dans un dernier éclat de rire sinistre, la chardalyne finit de recouvrir Xardorok entièrement. Une lumière dorée luisit au cœur de la créature… puis explosa. Alfan et Elise étaient encore trop proche pour éviter et se prirent les débris de la chardalyne de plein fouet. Cette dernière explosion retentit plus fort encore que toutes les autres, décrochant quelques stalactites qui virent s’effondrer. Les statues cessèrent de bouger. Les combats dans les postes de gardes prirent fin. Le géant, voyant ce chaos, prit la fuite. Les lézards qui n’avaient pas encore été massacrés par le squelette continuèrent leur fuite. Et quand Enialis se retourna et que la poussière se dissipa, il vit Alfan et Elise gisant dans les décombres, inanimés.
Pour la première fois, un grand silence se fit. Même la forge s’arrêta. Pendant quelques instants, plus personne n’osa bouger, ayant du mal à croire à ce qu’il venait de se passer. Finalement, la voix rocailleuse d’un duergar retentit, criant qu’il fallait aller au secours de Grandolpha. Reprenant ses esprits, Ed Warm abandonna son fusil et se précipita sur la scène du carnage pour rejoindre Alfan. Invoquant la magie qu’il avait apprit de la nature, il entreprit de refermer les plaies les plus grave du guerrier, comptant sur la régénération naturelle de ce dernier pour faire le reste. Mais cela prit du temps.
Et Enialis ne pouvait se permettre d’attendre. Il était déjà au chevet d’Elise, incapable de trouver la moindre potion de soin restante pour la sauver. Craignant de la voir mourir entre ses bras, il se souvint du cadeau qu’elle lui avait fait longtemps auparavant. Une trousse de soin, pour qu’à son tour, il puisse un jour la soigner en cas de besoin. Fouillant à toute vitesse dans ses affaires, il retrouva la précieuse boite et pu l’utiliser pour penser ses plaies les plus graves et arrêter les saignements.
C’était juste ce qu’il fallait pour laisser à Ed Warm le temps de finir de soigner Alfan. Alors que le guerrier se relevait, le rôdeur se dirigea au chevet d’Elise. Enialis le supplia d’aider la jeune clerc. Leur ami s’exécuta. Les plaies de la changelin se refermèrent et ses yeux s’ouvrirent. Elle vit Enialis la surplombant, les yeux chargés de larmes. Elle sourit et remercia ses sauveurs. Soulagé au delà des mots, Enialis la prit dans ses bras. Avec ses faibles force, elle lui rendit son étreinte. Un peu inconfortable, Ed Warm s’écarta, non sans remarquer qu’Elise reprenait petit à petit sa véritable apparence de changelin.
Hélios vit leur nouvel ami duergar faire les yeux ronds devant cette scène. En reprenant son cor, il lui expliqua dans le plus grand des calmes que la vraie Grandolpha était toujours à l’étage, en sécurité, et qu’elle allait parfaitement bien. Elise n’avait fait que prendre sa place pour tromper Xardorok. Le duergar bégaya un peu, sans trop savoir quoi en penser. Il se gratta la gorge, et répliqua que si c’était vrai, ils devaient aller retrouver Grandolpha le plus vite possible pour remettre les choses en ordre. Et puis, il y avait toujours ce dragon de chardalyne à arrêter.
Hélios se tourna ensuite vers Alfan qui se reposait adossé à un mur, et lui demanda s’il était contente que ce soit fini. Le guerrier répondit qu’il voulait juste que justice soit rendue, ce qui, a priori, avait été fait. Il ne voulait pas de pouvoir un d’un poste particulier. Par contre, il évoqua que Xardorok avait plusieurs fils qui seraient des problèmes dans le futur et dont il souhaitait se charger. [Note : Il avait aussi mentionné un conseillé Quentin dont il voulait couper la tête lors de la séance avec le miroir de scrutation.]
Malgré leurs grandes blessures, les aventuriers se remirent debout. Elise s’appuya sur Enialis pour qu’il l’aide à marché et ne semblait pas faire grand cas de son apparence de changelin (et personne ne lui fit la remarque). Le duergar voulu guider le groupe vers l’ascenseur derrière la salle du trône, mais Hélios lui apprit qu’il avait été.. détruit ? Le suivant était au niveau du temple, et c’est là qu’ils devaient se diriger. Mais avant, Hélios voulait enquêter sur les voix qu’il avait entendu appeler à l’aide plus au nord.
La troupe fit donc ce détour et découvrit un long couloir ornée d’innombrables portes en bois fermées. Derrière, des prisonniers appelaient à l’aide. Enialis demanda aussitôt les clés. Une des voix lui semblaient familière. Un peu trop même. Il ouvrit la porte de cette cellule.
La pièce était extrêmement étroite. Un humain pouvait à peine y tenir allongé. Devant lui se tenait un homme dont les cheveux arrivaient aux épaules et d’où dépassaient des oreilles pointues. Il dardait le moine de ses yeux bruns, aussi intrigué que suppliant. Enialis eu du mal à y croire, mais Elise, à ses côté, le confirma. “Alderic ?” s’exclama-t-elle de surprise.