Ipsin vous a peut-être raconté l’histoire de la Fleur de Lune, en voici la vraie histoire.
Il y a trois ans, une étrange maladie d’origine magique affectait
les patients de notre hospice à Kalaman : de nombreuses personnes se
retrouvaient peu à peu paralysées et mouraient quand leur cœur finissait inexorablement
par cesser de battre après une vingtaine de jours en moyenne. Rien n’y faisait,
ni Egide ni moi ne savions quoi faire et cela dura des mois.
Mon père, Egide se retrouva lui-même affecté par cette maladie. [Prestidigitation : petite image
d’Adamante au chevet d’Egide]. Il m’envoya le jour-même auprès d’Ipsin pour
le consulter et voir s’il avait une piste potentielle. Je pense maintenant que
c’était plus pour m’éloigner de lui et que je n’aie pas à le voir ainsi, il est
comme ça.
Nous discutâmes longtemps avec Ipsin, pendant une journée
entière nous étudiâmes ses notes de voyage à la recherche du moindre détail, de
la moindre histoire qui puisse nous aider. [Prestidigitation :
odeur de vieux livres]. Et en effet, il y avait peut-être quelque
chose : la légendaire Fleur de Lune qui poussait il y a des siècles dans un
lieu auparavant sacré. Le seul problème c’est que ce lieu se situe à l’Ouest du
Nightlund. Et cette région est désormais empreinte des ténèbres.
Les légendes parlaient de cette fleur comme d'un symbole de pureté et de
guérison, et cet espoir d’une guérison miraculeuse avait piqué ma curiosité. Je
n’ai pas eu à lui demander qu’il s’est directement porté volontaire pour
m’accompagner.
La forêt de cyprès, sombre et silencieuse comme si c’était constamment le crépuscule, était mystérieuse et énigmatique. [Prestidigitation : odeur des cyprès]. Avec Ipsin nous nous frayâmes un chemin à travers les sous-bois touffus, en suivant les rares indices que nous avions pu rassembler.
Ce lieu me terrifiait, non seulement à cause des dangers que je devinais dans l’obscurité mais aussi et surtout parce que je savais quel serait le coût de mon échec.
Je découvris plus tard qu’Ipsin n’était lui-même jusqu’alors jamais allé aussi profondément dans le Nightlund et qu’il avait une peur bleue de ce lieu. [Prestidigitation : musique pesante qui devient au fur et à mesure plus gaie et entrainante]. Malgré tout Ipsin gardait la tête froide et restait concentré tout en égayant parfois notre voyage de certaines de ses anecdotes, chacun de ses mots était capable d’amener un sourire sur mon visage malgré le lieu sordide où nous marchions. Comme il aimait le dire « il n’y a pas de courage sans peur » mais je n’imaginais pas une seule seconde à l’époque qu’il était encore plus terrifié que moi par cette région.
Nous atteignîmes enfin un endroit secret qui détonnait par sa beauté, comme une rose magnifique au milieu de ronces sombres. Sans Ipsin jamais je n’aurais trouvé le passage. Ce lieu était caché au cœur de la forêt, où la lueur de la lune se reflétait sur un petit étang. Au centre de cet étang se dressait une fleur d'une beauté époustouflante : la Fleur de Lune. [Prestidigitation : petite image de la Fleur de Lune]. Ses pétales brillaient d'une lumière argentée, et un parfum enivrant emplissait l'air même à plusieurs mètres d’elle. [Prestidigitation : odeur de la fleur].
Je m’approchai doucement de la fleur, remplie d'une forte émotion et d’un espoir immense. Je savais au fond de moi que cette fleur avait bien le pouvoir de guérison, et je cueillis avec précaution quelques-uns de ses pétales délicats. Je ressentis une énergie apaisante et régénérante émanant de la Fleur de Lune, et je compris instinctivement que je pourrais les utiliser pour aider les malades de l'hospice de Kalaman.
Nous passâmes la nuit près de la Fleur de Lune, émerveillés par sa splendeur et reconnaissants d'avoir réussi notre quête. Ipsin me demanda comme d’habitude à faire en sorte que ses rations aient le goût d’un gâteau au chocolat et il dégusta son navet avec un engouement qui lui est propre.
Sur le retour, nous croisâmes un groupe de vagabonds en
haillons mais bien armés, probablement des hors la loi qui cherchaient à se
faire oublier. Et nous les avions découverts. Ils allaient nous attaquer quand
Ipsin s’interposa entre eux et moi et sans animosité leur expliqua qu’ils
n’avaient rien à craindre, que des vies allaient être sauvées si nous pouvions
passer sans encombre et que nous ne parlerons pas d’eux à qui que ce soit.
Ils nous laissèrent partir sans poser le moindre de problème, mieux encore, ils
nous ont aidé et nous ont donné des conseils pour quitter la forêt plus
facilement et retrouver la route. Ipsin discuta un moment avec eux, il les
traitait comme des êtres humains dignes de respect et en retour ces gens qui ne
le connaissaient pas le traitait comme leur meilleur ami, leur meilleur moyen
de s’en sortir. Ces gens étaient des criminels, sans doute même certains
étaient des meurtriers, des violeurs ou que sais-je encore. Et Ipsin avait
réussi à les émouvoir par son discours, leur donnant envie d’aider et de
contribuer au Bien.
En quelques jours, Ipsin m’a aidée à accomplir quelque chose que je pensais impossible, il a sauvé mon père et tant d’autres vies d’une maladie magique que nous pensions incurable et au passage il n’a fait que du bien dans son sillage !
Tous les ans depuis je suis ravie de revoir certains des gens que nous avions croisés lors de notre périple ici à Vogler. Vous œuvrez aujourd’hui à créer ce monde meilleur dont Ipsin a établi les fondations mais c’est bien vous qui construisez le reste.
Nous avons tous eu de la chance d’avoir été sur ton chemin d’Ipsin Bouclier-Vert. Désormais il nous revient de garder cette boussole immatérielle que tu nous as donné qui nous permet de nous demander à n’importe quel moment « qu’aurait fait la plus belle personne au monde à ma place ? ».