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Mer de Pellurie

La mer de Pellurie est aussi diverse que les gens qui logent sur ses rives et vivent du produit de ses eaux. Tempétueuse et glaciale en hiver, elle est venteuse et fraîche à la belle saison. Au nord, la mer est profonde, gris ardoise et imprévisible. Les tempêtes y sont monnaie courante. Au plus fort des bourrasques, les flots prennent une teinte noire. Sur la côte sud, en revanche, la mer est plus calme et peu profonde. Le vent y souffle du sud-ouest toute l’année, produisant des étés chauds et des hivers cléments. La mer y est plus prévisible et les eaux d’un bleu profond. La côte occidentale est bordée par l’Erethor qui déverse une partie de ses marécages. À l’est, les cimes des Kaladrunes se reflètent sur la mer qui vient en lécher les contreforts. La mer de Pellurie est constellée d’îlots, presque tous de petite taille. Les îles Corbron forment le principal archipel, dont on murmure qu’il servirait de havre aux Princes pirates.

La mer intérieure est l’habitat d’une multitude de créatures, la plupart naturelles, mais pas toutes. Le poisson y abonde ainsi que les oiseaux de mer, les loutres et les otaries. Certains prédateurs sont plus dangereux, tels les lézards géants, les drakes marins ou encore le grand dragon de mer, probablement plus mythique que réel. Y rôdent enfin de très nombreux esprits de la nature et des entités surnaturelles, dont certaines sont maléfiques.

Il arrive que certains monstres redoutables quittent la terre ferme. Les Forcenés, qui constituent partout un danger, ont adopté une tactique plus insidieuse sur la côte de Pellurie : ils ont appris à se cacher en eau peu profonde de jour, afin de tromper la vigilance du guet en restant agrippés au fond marin, pour ne ressortir qu’à la faveur de la nuit, couverts de vase et d’algues, afin de chasser en ville. Nombre de bourgs côtiers ont instauré des patrouilles nocturnes en barque qui donnent l’alerte dès que se montrent ces horreurs amphibies.

L’histoire de la mer de Pellurie se confond aussi avec celle des maisons nobles des Dorns installées sur sa rive sud. Lorsqu’elles s’établirent, elles renoncèrent à la gloire qu’apporte la guerre, n’ayant pas pris part à celle qui fit rage au nord quand vint la fin du Premier Âge. Elles assurèrent un rôle plus modeste, certes, mais essentiel, en gardant ouvertes les routes commerciales tandis que leurs cousins septentrionaux croisaient le fer avec l’ennemi dans les Marches du Nord, et quand les Sarcoséens débarquèrent à l’improviste de l’extrême sud, cette solide ligne arrière assura d’abord la défense, puis établit la paix avec les envahisseurs. Ces maisons Dorns furent le pont qui permit la communication entre leur culture d’origine et celle des nouveaux voisins et alliés puis leurs descendants, les fondateurs du royaume d’Érenlande.

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Histoire

Les gnomes furent les premiers explorateurs de la mer de Pellurie qui, à l’époque, était dénommée mer d’Ébène par les jeunes fées. Installés sur la côte, ils commencèrent comme pêcheurs pour bientôt devenir commerçants, d’abord par voie fluviale puis par la haute mer, convoyant les marchandises d’un bout à l’autre de l’Eredane, et finir par ne plus vivre que sur l’eau. Quand les Dorns envahirent les terres du nord, les gnomes, rusés et pacifiques de nature, abandonnèrent la haute mer aux humains au profit du commerce fluvial et du cabotage, plus simples.

Les Dorns rebaptisèrent cette mer intérieure mer de Pellurie en hommage au continent qu’ils avaient été contraints de quitter ; leurs maisons nobles s’établirent sur les côtes. Bons marins, les humains apprirent bien vite à maîtriser ces flots difficiles. Leurs villes prospérèrent au gré d’une navigation hauturière qui permit d’ouvrir des voies commerciales. Chaque maison noble possédait sa flotte marchande ainsi qu’une petite escadre de protection. Même après la conquête sarcoséenne et la fondation de l’Érenlande, la mer de Pellurie demeura le trait d’union entre les princes dorniens… jusqu’à ce que les émissaires d’Izrador s’attachent à les dresser les uns contre les autres à grand renfort de magie noire et de trahisons. La mer de Pellurie est devenue un champ de bataille permanent ; ses flots brassent les épaves noircies, le sang et les larmes du peuple dornien.

Par bien des aspects, la topographie de la mer de Pellurie fut une bénédiction pour le sud de l’Eredane. Les orcs à la solde d’Izrador sont de piètres marins, tout au plus prennentils la mer pour transporter des troupes. Ils sont très loin de tirer le plein parti des flots, que ce soit en haute mer ou sur les fleuves. Au sud, les légions d’Izrador, peu mobiles, sont mal équipées et ne reçoivent pas les renforts qu’elles attendent. L’invasion s’en trouve retardée. Cependant, au nord, les orcs s’entassent, avides de pillage et de meurtre, faisant craindre le pire pour ce qui reste de culture dornienne. Mais avec la montée en puissance des légions humaines à la solde du dieu déchu, la mer de Pellurie ne constituera pas éternellement une barrière infranchissable.

Population

Les seuls navires qui voguent librement en mer de Pellurie sont les maigres vestiges des flottes marchandes dorniennes, désormais aux mains des princes félons ou de l’armée orque. Chez les gnomes, quelques barges affrétées par les orcs sillonnent les eaux, mais la plupart de leurs embarcations s’en tiennent aux fleuves majeurs. Le commerce se cantonne au soutien de l’effort de guerre voulu par Izrador et à l’approvisionnement des entrepôts des princes félons. Les autres esquifs que l’on croise sur la mer intérieure se livrent à des activités illicites  : contrebande ou piraterie. Les restrictions imposées par les Noctarques ont conduit Érenlandais et gnomes à organiser un vaste réseau d’économie parallèle qui couvre toute la mer de Pellurie dans un double objectif : faire des bénéfices et alimenter la résistance. Quant aux pirates, qu’ils battent pavillon des maisons nobles renégates ou non, tous traquent les navires inféodés à l’Ombre avec l’adresse et l’obstination d’un prédateur en eau profonde.

Si l’on dénombre tout au plus quelques milliers d’individus (humains, orcs, gnomes et gobelins confondus) vivant à l’année sur la mer de Pellurie elle-même, l’essentiel de la population réside sur l’une ou l’autre côte. La rive sud abrite deux cent vingt-cinq mille  Dorns, cent mille  Érenlandais et pas plus de quinze mille  Sarcoséens, pour l’essentiel au Promontoire de Baden et à Bordéren, avec çà et là quelques villages humains entre la Marche Verte, en lisière de l’Erethor, à l’ouest, et les Kaladrunes à l’est, vivant des ressources disponibles là où l’Ombre le permet. Bordéren dispose en outre d’une petite armée d’esclaves halfelins au service des troupes orques dont l’effectif tourne constamment. Ces malheureux seraient environ dix mille.

Chacun des peuples voguant en haute mer embarque ses propres croyances religieuses, us et coutumes. Les navires eux-mêmes, soit ce qui se rapproche le plus d’un foyer quand on navigue sans cesse, varient grandement : cela va du cuirassé riveté aux fiers trois-mâts dorniens en passant par la barge gnome toute simple. 

Gouvernement

Les seules lois qui vaillent en mer de Pellurie sont celles édictées par le semblant de marine de l’Ombre. Par chance pour les Princes pirates et autres insurgés, les orcs sont de piètres navigateurs. L’eau profonde éveille en eux une terreur atavique de la noyade. Les navires de l’occupant sont de ce fait manœuvrés par des gobelinoïdes et humains dont l’effectif est notoirement réduit et sous-qualifié.

L’équipage orc des bâtiments de guerre est pour l’essentiel constitué d’individus coupables de blasphème, de lâcheté ou d’autres crimes jugés sérieux. Les hobgobelins, moins timorés en mer et plus disciplinés, occupent les postes-clefs sur les navires de l’Ombre. Les gobelins, pour moins fiables qu’ils soient, ont l’intelligence requise pour faire des sousofficiers corrects sous les ordres des quelques humains passés à l’ennemi qui sont aptes à commander un équipage. On trouve en outre, aux postes de commandement de certains vaisseaux de ligne, des renégats gnomes et des fidèles d’Izrador d’origine plus exotique, dont une créature reptilienne et une autre, étrangement belle, qui provoque la perte des équipages pirates par son chant.

L’Ombre ne comptant dans ses rangs aucune culture formée dans la construction navale, la flotte d’Izrador comprend pour l’essentiel des bâtiments dorniens arraisonnés. Les charpentiers gobelinoïdes font ce qu’ils peuvent pour les entretenir mais beaucoup de ces navires sont en piteux état. On ne compte plus les bateaux coulés par les pirates, les tempêtes, les accidents et les actes de sabotage ; les quelques équipes d’ouvriers navals réduites en esclavage à Port-Esben et Chandering ne suffisent pas à compenser les pertes.

Pour autant, en dépit de son caractère vieillissant et du peu de talent de ses équipages, la flotte de l’Ombre constitue une menace sérieuse. Marins et capitaines apprennent peu à peu à composer avec les caprices de la haute mer. Leurs tactiques s’améliorent et les quelques bateaux neufs qui sortent des chantiers navals sont de vrais bâtiments de guerre, non des navires marchands rééquipés. Planche par planche, rivet par rivet, l’escadre d’Izrador devient chaque jour plus dangereuse pour la résistance pirate.

Les deux cités portuaires du Promontoire de Baden et de Bordéren, pendant ce temps, font l’objet d’une attention particulière des conquérants. Si elles n’ont pas sombré dans le désespoir total comme les villes des terres du nord, elles ne sont pas non plus corrompues comme le sont les métropoles du sud. Des deux, c’est Bordéren qui semble avoir le plus souffert, et de loin : l’assaut sur l’Érenlande centrale a débuté ici, au début du Dernier Âge. La ville a été brisée. Ses tours se sont effondrées, le roc des remparts a fondu sous le feu des dragons, venant combler les douves comme sous l’effet d’une éruption volcanique. Le Promontoire de Baden, quant à lui, a été épargné dans sa chair. D’abord sous le coup du hasard, les légions du dieu déchu l’ignorant dans un premier temps, puis, quand elles revinrent à la charge, grâce à la ruse : les conquérants découvrirent une cité paisible qui n’attendait que d’être prise, désertée par sa famille régnante et ses chevaliers. La ville est ainsi restée physiquement intacte… mais en ce qui concerne son âme, c’est une autre histoire.

Langues

La langue du commerce est la plus parlée en haute mer, le grand large attirant des gens de tous horizons. Même les navigateurs gobelinoïdes l’emploient. Ils y mêlent des termes empruntés à la langue de l’Ombre, ce qui donne un patois des mers somme toute très commode. Les Princes pirates eux aussi ont appris la langue de l’Ombre, en premier lieu afin de pouvoir interroger leurs prisonniers, en y ajoutant pour leur part des éléments de nordien.