L’Aruun est la région de l’Erethor qui compte le plus grand
nombre d’Éternels et de Déchus. Les Danisil sont en
conséquence plus sensibles à la présence des entités surnaturelles que les elfes des autres cultures. Sans vénérer
formellement ces créatures, ils observent des rituels traditionnels destinés à s’attirer les faveurs de certains esprits
protecteurs et à apaiser le courroux des démons hostiles.
Ces pratiques, qui sont devenues de solennels hommages
religieux, imprègnent la vie quotidienne des elfes d’Aruun.
Ces rituels prennent la forme de menues offrandes et
autres prières à divers moments de la journée. Avant le repas,
par exemple, chaque elfe dispose derrière lui une portion de
son plat au cas où quelque esprit amical passerait par là et
serait affamé. L’offrande est rarement consommée, même si
beaucoup affirment que cela leur est arrivé. De même, avant
de se laver, la coutume veut que l’on remue l’eau du bain avec
vigueur à l’aide d’un bâton afin de faire fuir les éventuels
esprits malins qui y seraient tapis. Les chasseurs prient pour
chaque animal tué et les pêcheurs crachent dans l’eau avant
d’y lancer leurs filets, offrant ainsi un fragment de leur âme
à l’élément liquide en échange des prises escomptées. Tous
les vêtements sont enfin munis de symboles brodés censés
protéger contre les esprits maléfiques et s’attirer la bénédiction des esprits gardiens, pratique issue de millénaires
d’études sourcilleuses.
Certains rituels autrement plus puissants sont conçus
pour parer aux périls avérés. À chaque naissance, par
exemple, un magicien chevronné protège la future mère à
l’aide d’un cercle thaumaturgique de runes en argent afin
que les démons ne puissent pas posséder le nouveau-né. De
même, quand un elfe saigne, le sang répandu au sol et l’humus sur lequel il est tombé sont ramassés et jetés dans le
cours d’eau le plus proche, faute de quoi un esprit maléfique
pourrait remonter la trace jusqu’au blessé et l’empoisonner
au travers de la plaie.
Pour superstitieuses qu’elles apparaissent, ces pratiques
sont jugées capitales par les Danisil dans l’optique de leur
survie en milieu hostile. La frontière entre études argumentées et pratiques spirituelles tend à s’effacer dès qu’il s’agit
de frayer avec les entités surnaturelles, et tout ce qui a trait
au sang, à la chair ou à l’âme agit comme un aimant sur le
monde des esprits. Les elfes d’Aruun sont d’ailleurs nombreux à porter des scarifications rituelles qui font partie du
processus de transition vers l’âge adulte. Leur forme reprend
celle des symboles de protection qu’ils arborent sur les vêtements, mais ces cicatrices sont bien plus puissantes que des
signes peints à même la peau, ou même tatoués.
Esprits protecteurs
La forêt vierge d’Aruun abrite maints esprits d’Éternels,
que les elfes invoquent au gré des circonstances.
Seecha : Cette entité est partout dans les cours d’eau de la forêt
pluviale. Ni malfaisante ni réellement amicale, elle doit
être amadouée par tous les pêcheurs et autres chasseurs en canoë.
Bashia : Bashia est le nom donné à l’esprit dénué de conscience présent dans les lianes qui soutiennent les villages elfiques.
Les druides savent depuis longtemps comment encourager
cette présence à croître selon leurs souhaits
Esprits maléfiques
L’Aruun est aussi peuplée d’esprits malfaisants.
Tuks : Les tuks sont des démons minuscules et très communs qui
pullulent en Aruun. Idiots mais espiègles et malicieux, ils
peuvent être dangereux en groupes importants. Pilleurs de
villages et de bivouacs, ils sont réputés pour aimer voler les
bébés laissés sans surveillance
Chappa : Chappa est une entité insidieuse qui possède les nuées
d’insectes et les emploie pour attaquer ses victimes. La terreur qu’inspire l’idée d’être piqué par un million de moustiques ou mordu par un millier de mille-pattes est tout à
fait légitime.
Terrod : Terrod est le nom elfe de l’une des entités les plus anciennes
de l’Aruun. Le monstre rôde dans les ruines d’Ibon-sul.
Tous les autres démons fuient à son approche, car s’il a
perdu l’essentiel de sa conscience, il a gardé intacts son instinct vorace et ses pouvoirs terrifiants. Terrod ne souhaite
qu’une chose : être libéré de sa prison forestière et s’en aller
semer le chaos et la destruction en Eredane.