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Aruun

Le sud de l'Erethor est une forêt tropicale humide lourde de mystères, où rôdent d'étranges créatures. C'est ici que vivent les elfes Danisil, érudits et sages.

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Géographie

Le sud de l’Erethor est une forêt tropicale humide lourde de mystères où rôdent d’étranges créatures. Son nom usuel est l’Aruun, ce qui, en elfe, signifie simplement « forêt trempée  ». Le décor passe rapidement des marais de la Caraheen tempérée à la jungle humide et verdoyante. Au sud et à l’ouest, cette forêt pluviale s’arrête à la mer, poussant jusqu’à la lisière des vagues. Vers l’est, le climat s’assèche et la forêt s’estompe pour déboucher sur la plaine de l’Érenlande méridionale. Les bosquets alternent avec la savane.

Au cœur de l’Aruun, le paysage est accidenté, le sol raviné par les innombrables ruisselets qui se déversent dans de nombreux cours d’eau plus importants ; à leur tour, ces derniers se jettent dans la mer Kasmael. La région est ponctuée de grands lacs et de zones humides, et l’échine érodée d’une ancienne chaîne de montagnes, désormais couverte de végétation luxuriante, se dresse au-dessus de la canopée. Sur ces collines et dans la forêt environnante, il est des lieux sombres et faussement paisibles où même les Danisil ne se risquent pas : les temples des Dieux muets d’antan ainsi qu’une cité perdue, désertée par les elthedar quand Izrador tomba du ciel. Des esprits maléfiques y rôdent, et il faut être très brave – ou très stupide – pour s’y aventurer.

Le climat est chaud et humide, les pluies abondantes sont poussées jusqu’au rivage par les vents du sud. S’il existe officiellement deux saisons, la sèche et celle des pluies, seul un Danisil natif d’Aruun peut faire le distinguo.

Histoire

S’il est généralement admis que la culture elfique naquit en Erethor centrale, certains érudits font valoir que les premières tribus pourraient être originaires d’Aruun. Divers artefacts et d’étranges habitats troglodytes à flanc de falaise, dans la forêt pluviale du centre, appuient cette hypothèse. D’autres pensent que les premiers elfes caransil et danisil auraient eu un ancêtre commun avant de s’installer dans leurs régions respectives d’Erethor. Seul point de consensus : la culture danisil est l’une des plus anciennes, voire la plus ancienne.

Au fil du Premier Âge et du Deuxième, les elfes d’Aruun faisaient figure d’érudits respectés par leurs cousins, même ceux qui, sans l’avouer, leur en voulaient de préférer l’étude et la recherche à la lutte contre l’Ombre du Nord.

Aradil, pour sa part, était consciente de l’apport des Danisil à la culture elfique et pressentit que cette somme de savoir allait s’avérer précieuse lors des jours sombres qui s’annonçaient. La Reine-sorcière avait vu juste ; son admiration pour le travail des Danisil fit beaucoup pour l’entente entre les peuples elfes.

L’Aruun a souffert des ravages de la guerre. La région fut attaquée lors des invasions dornienne puis sarcoséenne, et les Danisil ont toujours envoyé leurs mages combattre l’Ombre. Ils livrent désormais un combat sans espoir dans leur portion de forêt, traqués par les démons à la solde d’Izrador jusqu’au cœur de l’Aruun.

Population

Les Danisil ou «  elfes sages  » sont le peuple premier de l’Aruun. Férus de statistiques, ils éprouvent des difficultés à connaître leur effectif exact au terme d’un siècle de guerre, mais leurs scribes avancent avec assurance qu’il doit rester quelque cent cinquante mille   Danisil dispersés dans les villes et villages cachés au cœur de la forêt vierge. La population a souffert des exactions de l’Ombre. Moins, cependant, que ses cousins du nord.

L’Aruun n’est pas une forêt de tout repos pour qui est né en plaine. La jungle abonde en plantes vénéneuses, insectes venimeux, prédateurs implacables et esprits maléfiques. Malgré ces périls, la chute de l’Érenlande a poussé environ vingt mille halfelins et humains à trouver refuge sous la canopée. Si le petit peuple a reçu un bon accueil des lointains cousins elfes, les humains ont dû se débrouiller seuls, car les historiens danisil n’ont pas oublié que Dorns comme Sarcoséens essayèrent autrefois d’envahir leurs terres.

Implantations

À l’instar des autres peuples elfes, les Danisil vivent dans les arbres. Villages et villes se situent en général le long des principaux cours d’eau, dans de petits bosquets de boa-bils. Grands et fins, ces arbres sont dotés d’une ramure solide, abondante et haut perchée. Les druides danisil font pousser des lianes qu’ils tissent les unes avec les autres. Il en résulte à terme un lacis si dense qu’une plateforme peut y être aménagée.

C’est sur ces plateformes que les elfes bâtissent leurs logements : de petits dômes dont la paroi est, là encore, faite de lianes si étroitement entrelacées qu’elle préserve des pluies continuelles. Les maisons les plus modestes se limitent à un seul dôme ; les plus fastueuses, ainsi que les édifices publics, regroupent tout un ensemble de dômes jumeaux. Les lianes forment parfois des sphères complètes qui, suspendues audessus d’un bâtiment, constituent un étage auquel on accède par une échelle en lianes et en branches.

Ces villages consistent le plus souvent en un habitat pour quelques centaines d’elfes regroupé autour d’un édifice central qui fait office d’observatoire, de salle de débats et de bibliothèque. On trouve à proximité la forge du bourg, l’un des rares bâtiments à être muni d’un dallage au sol pour protéger les lianes de la chaleur, ainsi que les cuves où les villageois préparent les laques et les résines.

De tous les villages elfiques, ceux des Danisil sont les plus difficiles à repérer. Les échelles d’accès sont enchantées au niveau du sol de façon à se replier contre l’arbre qu’elles entourent ou à se relever pour la nuit. Les cours d’eau, dont la proximité permet en outre d’évacuer rapidement en cas d’alerte, servent de protection, et les canoës sont eux aussi remontés sur les plateformes au crépuscule.

Si ces défenses se sont avérées précieuses dans le cadre de la guerre contre l’Ombre, ces constructions abritent en vérité des elfes qui vivent ici, au milieu du danger, depuis des millénaires. Les démons étant nombreux en forêt la nuit venue, les Danisil ont depuis très longtemps appris à s’en protéger.

Gouvernement

Les elfes d’Aruun vivent en communautés égalitaires. Des liens étroits unissent les membres d’un même village et les Danisil ont une préférence marquée pour l’habitat dispersé en bourgs de taille réduite, qui autorise une meilleure symbiose avec la forêt et limite les risques d’être la cible d’un démon. De ce fait, la plupart des décisions sont prises au vote, chaque elfe majeur ayant voix au chapitre. Il va sans dire que beaucoup de différends sont tranchés par le droit coutumier multimillénaire sans qu’il soit besoin de prendre une décision collective.

Pour beaucoup de Danisil, Caradul est une ville de rustres et les manigances de la haute cour sont d’un ennui mortel. Y être envoyé n’est donc pas considéré comme un honneur insigne, à l’inverse de ce que l’on pense dans les autres régions de l’Erethor. Les représentants de l’Aruun sont par conséquent peu nombreux à la haute cour et n’y officient qu’à contrecœur.

Ce qui se rapproche le plus d’un organe de gouvernement régional est le réseau du Dan’doral, les chasseurs-érudits du peuple danisil. Les apprentis se forment traditionnellement sous la férule d’un vétéran dans un village qui n’est pas le leur. Une fois cet entraînement achevé, ils alternent les périodes dans leur communauté d’origine et dans un autre bourg. Leur tâche consiste à protéger le village, à livrer les messages, à nouer des liens avec les érudits locaux et à diffuser le résultat des recherches entreprises. Si les membres du Dan’doral ne sont pas les dirigeants du village dont ils ont la garde, ils contribuent à la cohésion culturelle de leur peuple.


Religion

L’Aruun est la région de l’Erethor qui compte le plus grand nombre d’Éternels et de Déchus. Les Danisil sont en conséquence plus sensibles à la présence des entités surnaturelles que les elfes des autres cultures. Sans vénérer formellement ces créatures, ils observent des rituels traditionnels destinés à s’attirer les faveurs de certains esprits protecteurs et à apaiser le courroux des démons hostiles. Ces pratiques, qui sont devenues de solennels hommages religieux, imprègnent la vie quotidienne des elfes d’Aruun.

Ces rituels prennent la forme de menues offrandes et autres prières à divers moments de la journée. Avant le repas, par exemple, chaque elfe dispose derrière lui une portion de son plat au cas où quelque esprit amical passerait par là et serait affamé. L’offrande est rarement consommée, même si beaucoup affirment que cela leur est arrivé. De même, avant de se laver, la coutume veut que l’on remue l’eau du bain avec vigueur à l’aide d’un bâton afin de faire fuir les éventuels esprits malins qui y seraient tapis. Les chasseurs prient pour chaque animal tué et les pêcheurs crachent dans l’eau avant d’y lancer leurs filets, offrant ainsi un fragment de leur âme à l’élément liquide en échange des prises escomptées. Tous les vêtements sont enfin munis de symboles brodés censés protéger contre les esprits maléfiques et s’attirer la bénédiction des esprits gardiens, pratique issue de millénaires d’études sourcilleuses.

Certains rituels autrement plus puissants sont conçus pour parer aux périls avérés. À chaque naissance, par exemple, un magicien chevronné protège la future mère à l’aide d’un cercle thaumaturgique de runes en argent afin que les démons ne puissent pas posséder le nouveau-né. De même, quand un elfe saigne, le sang répandu au sol et l’humus sur lequel il est tombé sont ramassés et jetés dans le cours d’eau le plus proche, faute de quoi un esprit maléfique pourrait remonter la trace jusqu’au blessé et l’empoisonner au travers de la plaie.

Pour superstitieuses qu’elles apparaissent, ces pratiques sont jugées capitales par les Danisil dans l’optique de leur survie en milieu hostile. La frontière entre études argumentées et pratiques spirituelles tend à s’effacer dès qu’il s’agit de frayer avec les entités surnaturelles, et tout ce qui a trait au sang, à la chair ou à l’âme agit comme un aimant sur le monde des esprits. Les elfes d’Aruun sont d’ailleurs nombreux à porter des scarifications rituelles qui font partie du processus de transition vers l’âge adulte. Leur forme reprend celle des symboles de protection qu’ils arborent sur les vêtements, mais ces cicatrices sont bien plus puissantes que des signes peints à même la peau, ou même tatoués.


Esprits protecteurs


La forêt vierge d’Aruun abrite maints esprits d’Éternels, que les elfes invoquent au gré des circonstances.


Seecha : Cette entité est partout dans les cours d’eau de la forêt pluviale. Ni malfaisante ni réellement amicale, elle doit être amadouée par tous les pêcheurs et autres chasseurs en canoë.

Bashia : Bashia est le nom donné à l’esprit dénué de conscience présent dans les lianes qui soutiennent les villages elfiques. Les druides savent depuis longtemps comment encourager cette présence à croître selon leurs souhaits


Esprits maléfiques


L’Aruun est aussi peuplée d’esprits malfaisants.

Tuks : Les tuks sont des démons minuscules et très communs qui pullulent en Aruun. Idiots mais espiègles et malicieux, ils peuvent être dangereux en groupes importants. Pilleurs de villages et de bivouacs, ils sont réputés pour aimer voler les bébés laissés sans surveillance

Chappa : Chappa est une entité insidieuse qui possède les nuées d’insectes et les emploie pour attaquer ses victimes. La terreur qu’inspire l’idée d’être piqué par un million de moustiques ou mordu par un millier de mille-pattes est tout à fait légitime.

Terrod : Terrod est le nom elfe de l’une des entités les plus anciennes de l’Aruun. Le monstre rôde dans les ruines d’Ibon-sul. Tous les autres démons fuient à son approche, car s’il a perdu l’essentiel de sa conscience, il a gardé intacts son instinct vorace et ses pouvoirs terrifiants. Terrod ne souhaite qu’une chose : être libéré de sa prison forestière et s’en aller semer le chaos et la destruction en Eredane.

Langues

Les Danisil emploient une forme archaïque du haut- elfe qui paraît un brin désuète à leurs cousins. Beaucoup parlent en outre le halfelin pour fréquenter depuis longtemps les tribus nomades du petit peuple. Une minorité non négligeable parle le sylvain et ils font partie des rares elfes qui maîtrisent la langue élémentaire

Commerces et artisanat

Les Danisil sont davantage versés dans l’étude et l’apprentissage que dans la production artisanale. Leur métallurgie, si elle égale celle de tous les autres elfes, est en outre très limitée en l’absence de matière première abondante. De ce fait, tout ce qu’ils produisent est absorbé par la communaut


Étoffe stratifiée


En raison de la rareté du minerai et de l’humidité qui corrode ou corrompt presque tout, les elfes d’Aruun ont mis au point un matériau spécial qu’ils emploient pour tout  : l’étoffe stratifiée, soit plusieurs couches de tissu collées à la résine, avec une laque en guise de finition extérieure. Tous les ingrédients nécessaires se trouvent en forêt, à partir de plantes pour l’essentiel. Le matériau qui en résulte est aussi léger que le cuir bouilli tout en ayant la résistance d’une fine couche de métal. Mieux encore, il ne rouille ni ne se décompose. On a d’ailleurs retrouvé intacts, et après plusieurs années, de nombreux récipients oubliés en pleine nature.

L’utilisation de résines et de laques spécifiques permet de varier la rigidité ou, au contraire, la souplesse du matériau. Celui-ci est si solide que les Danisil en font un emploi exclusif pour leurs armures. Les soldats partent au combat équipés d’une cuirasse et de jambières qu’ils ont souvent fabriquées eux-mêmes en quelques semaines. Ces armures peuvent encaisser une flèche ou dévier un coup d’épée, voire être réparées sur le terrain : beaucoup de soldats emportent un petit flacon de résine à cette fin.

Les elfes recourent à une technique similaire pour fabriquer les livres. Papier et parchemin ne supporteraient pas longtemps la forêt pluviale tandis que les pages laquées résistent aux taches comme à l’humidité. Plus d’un magicien, au nord, s’intéresse aux grimoires des elfes danisil, d’une robustesse sans égale.


Savoir alchimique


Les elfes d’Aruun sont en outre experts en alchimie. L’ample collection d’essences végétales disponible en forêt vierge leur permet de fabriquer de puissantes potions et autres décoctions. Druides et herboristes de l’Aruun produisent ce qui se fait de mieux en Erethor en matière d’onguents curatifs et de potions. La guerre sans fin, hélas, a raréfié ces articles.


Intermédiaires


Halfelins et Danisil entretenant des liens étroits, les quelques marchands Danisil servent d’intermédiaires par défaut pour écouler les épices, le tabac et le textile que produisent les halfelins. Ces articles étant très prisés en Caraheen, les Danisil en tirent des profits substantiels.

Us et coutumes

Aînés de la nation elfe, les Danisil vivent en Aruun depuis des millénaires. Nombre de leurs traditions sont tournées vers la forêt et les créatures que l’on y trouve.


Chasseurs-érudits


L’exil sans fin des Déchus en a conduit beaucoup sur la voie de la folie tandis que d’autres ont toujours été des créatures maléfiques au-delà de l’imaginable. Les elfes d’Aruun ont dû apprendre à apaiser, éviter ou détruire ces entités dangereuses, devenant de redoutables chasseurs de Déchus, surtout les plus malfaisants que l’on appelle communément « démons ». L’élite de ces chasseurs se nomme Dan’doral, chasseurs-érudits du peuple danisil. 

La tradition Dan’doral naquit voici plusieurs milliers d’années lorsqu’il fallut combattre les démons qui hantaient la forêt pluviale. Tout ne réside pas dans les prouesses martiales : ces créatures-là sont rusées, puissantes et font souvent fi des lames et des flèches ordinaires. Les érudits elfes d’Aruun orientèrent donc leurs recherches vers la compréhension de ces redoutables adversaires et les techniques les plus adaptées pour en venir à bout. Quelques-uns mirent ce savoir en pratique, choisissant de se porter au-devant du danger.

Au fil des siècles, les plus talentueux de ces érudits transmirent leur savoir-faire à la jeune génération, tant et si bien qu’en définitive, chaque ville et village héberge un ou plusieurs chasseurs-érudits, responsables de la localisation et de la compréhension des esprits rôdant alentour. Et de l’éradication des éventuels esprits malins.


Rites de passage


En Eredane, si nombre de cultures possèdent des rites marquant le passage de l’enfance à l’âge adulte, la Marche des Esprits du peuple danisil est l’un des plus périlleux. Quand les adultes d’un village estiment qu’un jeune est prêt, l’aîné de la famille de l’initié confie à celui-ci une graine de boa-bil et un couteau de chasse, appelé « sepi ». Le jeune quitte le village tôt le lendemain matin, sans provisions et seulement armé de son sepi.

Il (ou elle) doit voyager jusqu’aux monts Arunath, soit souvent à plusieurs journées de marche de son village d’origine, en assurant sa subsistance et en échappant aux nombreux dangers qu’implique un périple en forêt pluviale. Demander comme accepter de l’aide en chemin n’est pas autorisé. Une fois en montagne, il y plante la graine qu’il a reçue et attend qu’elle germe. À ce moment, il peut revenir au village où il est accueilli comme un adulte

L’épreuve est loin d’être aussi simple qu’il y paraît. L’initié doit souvent arpenter plusieurs centaines de kilomètres d’une forêt dépourvue de piste tout en se méfiant des prédateurs et autres esprits maléfiques. Les Arunath, enfin, sont réputés peuplés de démons cruels : même les maraudeurs chevronnés évitent de s’y risquer. De bout en bout, la Marche des Esprits peut prendre soixante jours, voire davantage. Beaucoup se perdent ou se blessent, ce qui rallonge encore l’expédition. D’autres disparaissent. Les Danisil persistent cependant à voir dans ce rite de passage le moyen, pour leurs jeunes, de se colleter au plus près de la forêt, à la fois bienfaitrice et fléau de ses habitants. Quitte à ce que certains y perdent la vie.

Ceux qui réussissent ont fait la preuve éclatante de leur valeur et ont désormais le droit de participer aux décisions collectives. Tout étranger au fait du caractère exigeant de ce rite de passage sait à quel point il est dangereux de sousestimer un elfe d’Aruun, qu’il soit ennemi ou allié.