Les odrendor, ou orcs comme les appellent la majorité des peuples d’Eredane, ont été façonnés par la volonté maléfique d’Izrador. Pour les érudits, ce n’est qu’une hypothèse, et aucun nain ne l’admettrait même sous la torture, mais les orcs et les nains descendent des mêmes ancêtres féeriques. Pendant la préhistoire des Kaladrunes, les nains qui deviendraient les orcs s’installèrent dans le nord. Ils n’en avaient pas conscience, mais leur territoire était trop proche du domaine d’Izrador et au cours des siècles, celui-ci les corrompit jusqu’à les rallier à sa cause.
Les orcs sont des créatures imposantes, deux fois plus grandes que leurs ancêtres nains et dépassant même les Dorns. Leur carrure est impressionnante et leurs membres sont particulièrement musclés. Leur peau épaisse et dure comme le cuir est d’un gris qui peut être aussi clair que le silex ou aussi sombre que l’ardoise. Une pilosité fauve et hirsute recouvre leur tête, leur dos et leur poitrine, jusqu’à l’aine. Leurs grands yeux noirs sont cachés par des paupières tombantes et des arcades proéminentes. Leurs fortes mâchoires accueillent des canines inférieures semblables à des défenses.
Dans les terres du Grand Nord, l’essentiel de la société des orcs a été modelé par Izrador depuis des millénaires. Ils ne se rassemblent pas en communautés ou en familles, mais en bandes de guerriers appelées légions, chacune dirigée par l’une des prêtresses connues sous le nom de kurasatch udareen, « les épouses-mères d’Izrador ». La vie au sein des légions est organisée dans le seul but de produire les tueurs les plus sanguinaires pour les armées du dieu sombre. Dès que les enfants sont assez vieux pour tenir un caillou, on les oppose les uns aux autres dans de sanglantes compétitions. Les plus forts prennent la tête de bandes de leurs semblables, tandis que les plus faibles sont tués. Ces groupes rôdent la nuit dans les terres désolées du nord et tuent tous les animaux (ou les orcs solitaires) qui croisent leur chemin.
Quand ils atteignent leur dixième hiver, les jeunes orcs intègrent les rangs d’une des nombreuses « lances » de leur légion. La discipline brutale qui prévaut au sein de ces escouades d'une dizaine de guerriers leur inculque les bases de la vie de soldat. La poigne de leurs supérieurs suffit à peine à contrôler leur agressivité délibérément cultivée, et une part importante de la puissance d’une légion peut être gaspillée en luttes intestines, voire en guerre ouverte avec d’autres légions. Cet état de fait convient parfaitement à l’Ombre puisqu’il garantit qu’aucun chef n’émerge des légions pour défier l’autorité des légats ou même d’Izrador lui-même. De toute façon, les orcs ne manquent jamais pour combler les rangs.
Dans l’Érenlande conquise, les orcs se sont emparés des cités humaines, transformant les plus grands bâtiments en casernes, en entrepôts et en salles d’assemblées. Ils se nourrissent et s’équipent grâce au tribut qu’ils exigent des peuples vaincus. On trouve des garnisons orques installées dans des villes de toute l’Érenlande, et des armées d’orcs font la guerre aux elfes à l’ouest et aux nains à l’est. D’importantes patrouilles sillonnent les plaines centrales de l’Eredane, soumettant les humains et traquant espions, trafiquants et insurgés. Sans surprise, ils sont pour beaucoup les ennemis jurés de tous les autres peuples.
Ce n’est pourtant pas toujours le cas. Certains orcs se révoltent contre la vie qu'ils mènent. Certains nourrissent contre un capitaine orc ou un légat une puissante rancune qui les pousse à quitter le service d’Izrador. D’autres refusent de n’être qu’un pion sacrifiable de plus dans les armées de l’Ombre et tracent leur propre route. Certains orcs surmontent une existence entière de conditionnement impitoyable et choisissent de se battre contre la cruauté et l’injustice. Enfin, quelques-uns comprennent la vraie nature des plans d’Izrador et cherchent à empêcher la destruction finale de toute forme de vie.
Dans bien des cas, ces orcs n’ont pas d’autre choix que d’obéir à leurs chefs ou de subir le même sort que tous ceux qui s’opposent à la volonté d’Izrador. Cependant, il arrive parfois qu’ils aient l’occasion de s’échapper pour tenter de construire une autre vie loin des armées du dieu sombre. Beaucoup sont dénoncés par des opprimés avides de vengeance pour le sort de leur peuple, mais pas tous.
Qu’ils servent loyalement l’Ombre ou soient chassés par leurs frères, les guerriers orcs tirent une grande fierté de leurs talents martiaux. Dans les armées d’Izrador, ils ont pour tradition d’ajouter une cicatrice sur leurs bras pour chaque adversaire tué au combat. Les seigneurs de guerre sont en général couverts de telles marques des mains aux épaules, et la moitié d’entre elles au moins représentent d’autres orcs. Les orcs apprécient les longues lances, qu’ils peuvent aussi bien utiliser comme projectiles que comme armes d’estoc. Ils portent également de lourdes épées de fer appelées vardatches, dont la lame émoussée est taillée en dents de scie. Lentes mais brutales, ces armes sont si pesantes que les fées moins massives peuvent à peine les soulever.