1. Journals

S21 - Un gros tas de neige

session
September 20, 2024

Chacun se reposait du sommeil des braves et passait une nuit plus ou moins calme quand un grand claquement de porte les réveilla tous en sursaut. Ils entendirent le cri triomphale de Trovus annonçant qu’il avait retrouvé la lanterne et il venait la rapporter aux deux sœurs ! Ce à quoi Alfan lui répondit gentiment de la mettre en veilleuse et retourna se coucher.

Enialis émergea de son coma et vit une étrange figure le fixer d’un regard inquiet. Il cru halluciner et avoir oublié toute sa soirée de la veille, car il se retrouvait face à face avec une demi-orc ! Après un sursaut de panique, il interrogea l’inconnue qui répondit être… Elise ? Cette dernière ne compris le trouble de l’Elfe qu’en observant son reflet. Son expression se décomposa et elle blêmit en se rendant compte que la seule explication qu’elle pouvait donner au moine… c’était de lui raconter la vérité. Avec force de bafouillement et de gène, elle s’exécuta. Encore abasourdis, Enialis l’écouta avec toute l’attention dont il était capable à cette instant. Après quelques paroles d’encouragement à la prêtresse et une invitation à en parler aux autres le plus vite possible, il voulu tout de même aller jeter un œil à la scène dans le hall de l’auberge. Penaude mais ne voulant pas rester seule, Élise reprit son apparence humaine et le suivi.

Trovus accueilli l’Elfe avec un grand sourire en lui annonçant son exploit. Mais alors qu’Enialis le félicitait, l’orateur lui adressa un clin d’œil complice et sous-entendu qu’il l’avait vu dans les affaires du moine lors de leur beuverie. Il avait compris l’affaire, mais joua le jeu. Il quitta les deux aventuriers en considérant qu’il était temps qu’il se rendent à cette réunion des orateurs, laissant les deux compères retourner à leurs lits.

Quand les aventuriers se levèrent le lendemain matin, ils se rendirent compte qu’Hélios tremblait de froid et semblait de nouveau prit de maladies. Il parvint à enjoindre au groupe de tout de même partir sans lui. Il trouverait un moyen de les rejoindre et ne voulait pas leur faire rater le coche de la pleine lune au cercle de pierre des géants. Les aubergistes assurèrent que l’enfant pouvait rester tant qu’il le fallait et firent appeler une rebouteuse, Ulla, une vieille femme qui accepta de soigner le garçon gratuitement.

C’est donc un trio qui rejoignit le nain Jarthra Farzassh et qui prit la route de bon matin en sa compagnie. Ils décidèrent de laisser le traîneau de chien à Hélios et prirent seulement les ours avec eux. Hélas, le vent s’était levé et un blizzard violent grondait dans la vallée de Valbise. La marche fut lente, laborieuse, et après seulement quelques heures de marches, le guide annonça qu’il valait mieux s’arrêter là pour la journée avant de se perdre. Ils avaient encore du temps avant la nouvelle lune, autant ne pas courir de risques inconsidérés. Les aventuriers acceptèrent et dénichèrent une superbe grotte où passer la nuit au chaud et au sec.

Le lendemain matin, le vent s’était calmé et un beau temps (pour la région) s’annonçait. Le groupe put reprendre sa marche vers le nord. Ils finirent par atteindre un monticule de neige, comme une bosse dans le sol, mais immobile contrairement à une bulette. En son sommet, une silhouette humanoïde gisait à genoux et dos à la troupe. Il semblait comme prit dans la neige, recouvert de poudreuse. Enialis et le guide restèrent en retrait, craignant un coup fourré, mais Élise et Alfan se précipitèrent de l’avant en appelant l’humanoïde.

Lorsque le Goliath atteignit le corps, tout le monticule trembla. La neige s’éleva et Élise fut projeté en arrière sur plusieurs mètres. Un des ours gronda et fut repoussé sur le traîneau qui se brisa sous son poids. Alfan parvint à maintenir son équilibre alors qu’une immense masse se dégageait de la poudreuse et se libérait des glaces. Cependant, le sang du guerrier ne fit qu’un tour lorsqu’il découvrit qu’il se tenait sur le coup d’un authentique dragon blanc qui s’éveillait. La bête appela son maître Meltharon, annonçant qu’ils étaient attaqués. Les aventuriers répliquèrent que ce n’était pas le cas, mais la créature semblait les ignorer. Ils en profitèrent pour reculer et prendre le distance tandis que le dragon s’avançait d’un pas lourd sur le chemin, avant de prendre son envol vers l’ouest.



Les aventuriers restèrent bouche bée après cette rencontre inattendue et n’en revenaient pas d’avoir survécu. Alfan se dirigea vers les ours pour les apaiser, utilisant sa potion de communication avec les animaux pour se faire. Enialis dessina rapidement un croquis du dragon, mais son dessin ressemblait plus à une grosse poule… Le traîneau par contre avait prit un violent coup et ressemblait plus à une planche à présent. Néanmoins, le moine, fort de son passé de charpentier, assura pouvoir le réparer pendant la nuit et Élise proposa de l’aider en utilisant sa magie pour réparer les petits morceaux cassés.

Jarthra expliqua au groupe qu’il s’agissait du dragon blanc vénérable Arveiaturace. La bête vivait généralement à l’ouest de Bremen (en direction de la duchesse noire?). Elle ne se nourrissait que de bétail, de cerfs ou de chevaux normalement, et sa présence si au nord ne s’expliquait pas. Le corps sur son dos devait être celui d’un magicien qui s’était lié d’amitié avec la bête. Nul ne savait s’il était encore de ce monde.

Se remettant de leurs émotions, les explorateurs continuèrent de progresser vers le nord, bien aidé par leur guide qui connaissait les meilleurs chemins à prendre et leur fit gagner beaucoup de temps. A la nuit tombée, alors qu’Élise commençait à grelotter de froid, Enialis trouva une nouvelle caverne où ils purent s’abriter pour la nuit et se reposer. Ils profitèrent de cette halte pour réparer au mieux le traîneau qui était presque comme neuf à présent. 

Pour la dernière journée de marche, un brouillard attendait les aventuriers. Le guide leur annonça qu’il s’agissait de la dernière partie du trajet et qu’ils n’avaient plus qu’à monter jusqu’au cercle de pierre. Il leur rappela que les géants devaient se retrouver à chaque pleine lune, mais lui même n’avait jamais assisté à un tel événement. La route se passa sans encombre, et bientôt, ils purent découvrir les silhouette de sept sièges massifs érigé au somment d’une butte. Celui le plus au sud paraissait plus gravé et décoré que les autres, mais aussi plus usé.

Disposant de plusieurs heures avant la pleine lune, le trio explora les alentours à la recherche de la moindre trace de passage de Nass ou d’une gravure comme celle de la caverne aux gnolls. Mais ils ne trouvèrent rien. Enialis remarqua seulement un grand nombre de corbeaux volant dans le coin.

Ils se demandèrent ensuite ce qu’il faudrait dire au géant si on les voyait. Que leur demander ? Alfan informa ses deux compagnons que les géants avaient un sens de la hiérarchie très strict, basé sur la taille, et qu’il faudrait les respecter. Élise assura qu’ils se ferait très petit. Il fut ensuite évoqué l’idée de les interroger sur l’hiver éternel de la région, s’ils savaient quoique ce soit à ce sujet, bien qu’il s’agissait d’une question épineuse sans connaître leur allégeance au préalable.

Alfan savait que les géants étaient de plus en plus rare dans la région. Tout au plus, il devait rester une poignée de survivants. En voir en Valbise était devenue extrêmement rare alors qu’ils étaient les maîtres du lieu dans le temps. Un culte les vénérait encore, mais il s’agissait à présent d’une histoire ancienne alors qu’on les disait presque disparus et qu’Aurile les avait remplacé.

Pour préparer leur attente, Élise dénicha un creux entre les rocs où ils pouvaient s’abriter en attendant la nuit. Alors que la prêtresse se blottît contre le moine sans un mot, le Goliath se mit à somnoler. L’heure fatidique approchait quand le guerrier se réveilla en sursaut en se remémorant d’anciens souvenirs.