[Juste après l’attentat d’Asticot contre le Patriarche, arrêté de justesse par Hilarius qui s’est fait aussi blesser au passage. Le Patriarche, également blessé demande une peine exemplaire.]
Filia se met en avant, pose sa main sur le torse de Spurius comme pour l’empêcher d’avancer, ravale sa salive en se redressant et cherche à croiser le regard avec l’adolescent. N’y voyant que haine, elle se tourne vers tous les témoins :
- Cette personne avait attenté à la vie de patrouilleurs qui étaient pourtant disposés à aider et ne représentaient aucune menace. Nous lui avions proposé plusieurs options dont celle de pouvoir grandir au sein d’une communauté telle que la nôtre, mais aussi de lui trouver un maître d’apprentissage en ville ou même de le laisser repartir libre malgré ce qu’il avait fait mais il est toujours resté sur une position de dédain et de refus sur tout ce que nous avions pu faire. Nous lui avons accordé pendant des semaines notre gîte et la possibilité de se promener sous la supervision de Spurius ici présent.
Aujourd’hui, il montre que malheureusement ces mines d’émeraude où il a été forcé de travailler ont fait de lui un tueur, capable de laisser mourir ses compagnons et d’assassiner des innocents sans d’autre raison que le fait qu’il s’agisse d’adultes. Je savais que le rôle de commandeure viendrait avec des choix difficiles et aujourd’hui je dois prendre la décision qui s’impose : il sera exécuté demain à l’aube. Comme je prononce la sentence je me dois aussi de l’exécuter afin que le sang de cet enfant, à la fois victime et criminel, ne tâche uniquement mes mains.
Elle se tourne vers Asticot.
- S’il souhaite demander le pardon ou avoir certaines dernières volontés, nous ferons en sorte de l'écouter et de les récupérer.
Filia tremble lorsque ces mots sortent de sa bouche, elle cherche de la compassion auprès de Flavia qui lui détourne le regard. Elle cherche un acquiescement au moins de la part de Sydellia mais elle a l’air aussi perdu qu’elle.
Flavia, toujours à proximité d'Emerinthe Béara avec qui elle était en grande discussion avant l'attentat, est blanche comme un linge. Elle porte la main à sa bouche, horrifiée par la sentence de Filia. Leur discussion à Forgemer, sur la condamnation qu'Herminius l'avait forcée à prononcer lorsqu'elle était enfant, lui revient en mémoire. Flavia a l'impression de voir son oncle à la place de sa cousine, et détourne le regard juste avant que cette dernière se tourne vers elle.
Tandis que la sentence de la commandeure s'abat lourdement dans le fortin, la custode déglutit en la fixant d'un regard froid et gris acier, légèrement déçue. Puis une légère forme de dédain traverse son regard à mesure qu'il se pose sur elle et le cortège d'impériaux venant du promontoire. Sa main fait grincer le cuir de son pommeau, puis sort sa hache de son fourreau pour la ranger dans son dos. Elle traine son regarde sur Lucien, inspire profondément et retourne s'affairer à ce qu'elle faisait.
Lucien observe la scène avec des yeux perçants, tentant de déceler les différentes émotions et intentions sur le visage du patriarche ou des membres du promontoire, puis dans les yeux de Sydellia et Filia. Son regard passe dans celui d'Asticot, et lorsqu'il y voit sa haine, du mépris peut se lire un bref instant dans son regard, tandis qu'il grince quelques mots inaudibles entre ses dents. Voyant enfin Lyrd'Nidya qui quitte les lieux, le cavalier sort sa fiole de soin, l'apporte au patriarche, s'excusant comme il peut pour cet accident, même si ses mots ne sonnent pas comme d'habitude. Puis le regard las, il accompagne le cortège une minute avant de parvenir à s'éclipser à son tour.
Okoth, qui faisait son possible pour satisfaire le patriarche et sa troupe, regarde la scène se dérouler devant lui avec horreur. Il cherche à tour de rôle le regard de Sydellia, de Filia, du Patriarche, de Beara. Il hésite durant tout le discours de sa commandeure, puis prend enfin la parole.
- Commandeure, ce n'est pas parce que vous serez celle qui mettra fin à la vie de cet enfant que nos mains ne serons pas toutes tachées par cet acte, dit-il finalement.
Okoth jette un regard triste vers Asticot. Il se tourne ensuite vers le patriarche.
- Je ne devrais pas m'opposer à ma commandeure, mais je ne peux pas accepter que nous tuions cet enfant sans avoir fait tout ce qui est en mon pouvoir pour chercher une autre alternative. Vous avez vu sur nos listes que j'ai la capacité de me lier et de comprendre les émotions des gens qui m'entourent, dit-il en demandant de l'aide à Beara du regard. Je n'ai pas encore eu le temps de m'occuper de cet enfant, mais comme Filia l'a mentionné, il n'est qu'une victime de ce qu'il a subi. Avant de l'exécuter, laissez-moi une chance de lui offrir un avenir plus joyeux qu'une mort rapide... avec plus de temps, je peux lui faire dépasser cette peur, cette colère, cette souffrance dans laquelle il vit. Je suis persuadé que je peux lui offrir la vie qu'il aurait dû avoir.
Okoth regarde le patriarche dans les yeux avec une colère maîtrisée.
- Si vous voulez à tout prix désigner un coupable, attaquez-vous plutôt à l'inhumanité des Garths, qui ont pu briser un pauvre enfant à un point tel qu'ils l'ont fait sombrer dans cet état de détresse et de folie.
Filia est rouge de colère et serre les poings en s’interposant entre Okoth et les membres du Conseil.
- Comment osez-vous ? Vous insultez un membre du Conseil Royal devant ses confrères sans connaître son implication réelle ou non dans ces mines ! Partez donc vous calmer et cette nuit vous constaterez que malheureusement il n’y a plus dans cet être que de la haine.
Elle regarde dans les yeux Okoth d’un air de supplication comme pour lui prier de se taire. Elle reprend ensuite d’une voix autoritaire :
- Soyez content que je ne vous fasse pas mettre les fers pour cet écart. Maintenant, mettez-vous de côté.
Okoth recule en renvoyant à Filia un regard sombre, marqué d'une forme de dégoût qui s'évapore rapidement pour laisser place à de la pitié. Il prend ensuite un air triste et dépité, gardant le silence pour obéir à sa commandeure.
Le Patriarche Davitus Anicius a poliment refusé la potion tendue par Lucien. Il s'adresse à Filia, mais à travers elle, à l'ensemble des patrouilleurs.
- Décidement, il faudra apprendre à maîtriser vos ... hommes, Commandeure. Vous nous expliquerez plus tard ce que la famille De Garth a à voir avec tout cela et ce que ce sauvage fait avec une lame.
Se tournant vers une Sydellia dépassée : J'apprécie votre fougue et votre énergie, qui me plaisait tant enfant dans les contes de patrouilleurs, mais une pointe d'ordre et de mesure serait des plus précieuses par ici. Je vous laisse juger avec vos "compagnons" de ce que les dieux verront juste pour ce petit tueur. N'oubliez pas que tout un peuple vous regarde. Ne le décevez pas non plus. Et moi qui avait décidé de me passer des Croc-D'Argent pour cette visite...
Attirée par le haussement de ton derrière elle, Lyrd'Nidya ralentit le pas et se retourne légèrement pour savoir ce qu'il ce passe, elle n'a pas tout entendu mais comprends, par les gestuels, qu'Okoth s'est opposé à la décision de la commandeure. Elle reste un peu plus longtemps pour voir la tournure des évènements.
Flavia a un mouvement de recul à la colère de Filia, et semble complètement désemparée devant la situation.
De leur côté, Ludwig et Ludleth suivaient le cortège avec joie, prennent part aux réjouissances tout en veillant à ce que le nain ne ridiculise pas la patrouille avec ces histoires ou des jeux dans queue ni tête. Raubim, ayant également soigné son apparence encore plus que d'habitude, s'est mêlé aux autres, à Salluste, aux gardes de Filia, à Lyrd, à tous ceux et celles qui semblaient ouverts à s'amuser, et a fini par essayer de comprendre les règles du "Creuse-Garenne variante aux dés" de Ludleth. Lorsque l'accident et les tensions surviennent, les trois compères sont désemparés. La sentence prononcée par Filia semble poignarder Ludwig, dont le regard s'éteint avec une tristesse sans colère. Ludleth commence à intervenir, mais la main de Raubim l'en dissuade, et le Val-Fleurin mène les deux artisans à l'écart, tentant en vain un regard de soutien et de compassion vers Filia, sans parvenir à accrocher son regard.