[3 de reine Barbare : Arène de la Traverse : 8ème de Finale : Cain contre Lyrd]
Reprenant leur place sur les gradins, le public attend l’arrivé des deux patrouilleurs sur l’arène avec impatience. On leur a promis du spectacle, en décrivant Cain Cornelis Diomède Scarmaglione et Lyrd’Nidya Kalsum comme deux des plus puissants combattant de la patrouille. Et beaucoup, dont Raubim Urthard dans ses ballades, décrivent leur custode comme la championne invaincue d’émeraude !
Le vieux palefrenier rentre calmement dans l’arène. Aucun geste vers le public, aucune extravagance, pas un mot. Juste un regard déterminé et un sourire carnassier sur son visage, même s’il reste bienveillant envers son adversaire, à mesure que ses pieds nus s’avancent sur le sable. Il porte son immense lame : Sabresouche, et son armure de maille sous ses peaux. Il s'est couvert de boue et de suie, se donnant un aspect plus sauvage et moins avenant, faisant vraiment ressortir ce côté bestial qu’il ne montre qu’en mission d’habitude. On pourrait presque le prendre pour un ogre. En tout cas cela ne fait aucun doute, le vieux cavalier est prêt à en découdre

De l'autre coté de l'arène, la demi orque entre à son tour en faisant face à son premier adversaire du tournoi, ou son dernier. Son plastron de cuir neuf grince légèrement selon ses mouvements. Ses bras ont encore quelques traces de cicatrisation des brûlures qu'elle avait reçu lors d'un autre type de combat. Tandis qu'elle foule la poussière de l'arène, elle jauge le cavalier qui fait face. Une lueur de respecte traverse son regard puis la guerrière commence à se déplacer doucement, en faisant le tour de l'arène. Toujours face à lui. Après quelques minutes de silence, elle lui dit avec une certaine malice:
- Le perdant devra une bouteille au vainqueur !
Elle jette un regard autour d'eux et prend un moment pour observer la foule, dont la majorité des regards sont posés sur eux. Derrière un sourire carnassier qui laisse apparaitre ses petites canines, en réponse au rictus qu'il lui avait fait un peu plus tôt, elle comprend que le vieux canasson ne compte pas lui faire de cadeau.
- Honneur aux anciens Kân ! Ce combat remplacera les nombreux entrainements que tu as esquivé jusqu'à présent !!
La guerrière se mets en position, hacha apparente, et attend, imperturbable, qu'il porte le premier coup.

Cain acquiesce à l’idée de clore le combat à la taverne, et est amusé par la pique amicale de sa camarade. Il se rapproche de quelques pas lents, observant les appuis de son adversaire, tout en baissant lui-même son centre de gravité ainsi que sa lame, qui frôle désormais le sol. Il voûte le dos, ploie les genoux, comme une bête prête à bondir…
Tournant toujours autour du vieux cavalier en faisant parfois tourner sa hache, d'un bref mouvement de poignet, la cavalière lui lance qu'elle signe d'impatience. L'attente peut paraître presque longue tandis que les deux guerriers se jaugent et s'analyse.
L'appel aux paris de Salluste Grandverre a l'effet d'un coup de départ de courses, et Cain bondit soudainement, à quelques mètres de la demi-orque, rompant le rythme dans un grondement rageur. Souchesabre lacère le sol un bref instant, marquant le début du combat par le crissement métallique de la lame et la poussière projetée par le mouvement. L’attaque est sérieuse : à la fois rapide et violente, prête à trancher sévèrement la custode à l’épaule. Le bruit sourd du métal fend l’air et le public fait pleinement silence. Ça commence…
Lorsqu'elle perçoit enfin le premier pas de Cain pour la charger, exactement comme elle l'avait anticipé, elle n'est aucunement surprise par ce mouvement soudain. Le bruits des gradins parviennent jusqu'à ses oreilles et son sourire carnassier se fait plus intense. Ses pupilles se focalisent instantanément sur lui. Elle imite presque sa position en baissant elle aussi son centre de gravité.
Au lieu de charger vers lui, Lyrd’Nidya attend un peu puis esquive en passant rapidement sous la longue lame. Elle a conscience que son adversaire a l’avantage de l’allonge, mais la championne comprend son intention réelle : Cain a laissé une ouverture dans sa garde pour l’inciter à s’approcher. Il s’apprête à l’agripper de sa main libre pour la surprendre et briser sa posture… elle réussit à anticiper parfaitement son mouvement, et prépare une contre attaque de sa hache qui se dirige directement vers le bras de Cain, dans l'intention de le trancher. D'un rapide mouvement, son poignet change la position de sa hache et le plat de sa double lame frappe le bras de Cain. l'impact est parfaitement encaissé mais l'opportunité de lui asséner un vilain coup de manche dans les côtes et trop tentant… Elle sait qu'il porte une armure sous ses vêtements de peaux et qu'il attend bien plus de sa part que de simples ripostes pour la beauté de spectacle. Elle profite donc de l'inertie du choc de sa hache pour faire une rotation et taper de plein fouet dans ses côtes avec le manche de son arme. Autant par la surprise que par l'impact, le choc le fait reculer en titubant très légèrement.
Le regard de Lyrd'Nidya est concentré. Un petit sourire de satisfaction se dessine sur ses lèvres. Si elle veut remporter cette première manche, elle va jouer la carte de la rapidité contre la puissance de Caïn.
La violence de chacun des coups échangés par les deux cavalier.e.s est audible au fracas des deux armes. Lyrd’Nidya pare et dévie les coups furieux de Cain sans perdre ses appuis, avant de lui donner un coup de pied, de poing, ou de manche, et sans s’exposer suffisamment à de sévères représailles. La custode semble danser autour du guerrier, comme un chat qui virevolte autour d’une souris. Le combat est acharné, les juges de l’arène palissent à maintes reprises, mais ils n’osent refreiner le combat en sentant la passion et la tension dans l'arène.
La respiration du vieil homme s’intensifie à mesure qu’il encaisse les coups, mais il semble infatigable, le même sourire satisfait aux lèvres, et le regard toujours aussi concentré sur l’affrontement.
Les échanges de coups avec son adversaire commencent à légèrement fatiguer la guerrière. Elle va devoir réduire ses tentatives pour trouver un autre moyen. Sinon la fatigue aura raison d'elle avant qu'elle ne fasse plier le genou à son opposant, qui ressemble de plus en plus a un ours... voir même un hibours... Taillée dans le rock, Caïn reste fidèle à lui même, il encaisse toutes ses attaques. elle profite d'un bref instant de répit pour reprendre son souffle. Sa respiration est plus profonde et rapide qu'au début de l'affrontement et la sueur perle sur son front. Prise dans l'élan du combat, elle se voute en laissant sortir un grognement pour l'impressionner. Ses traits orque ressortent à mesure que le combat perdure. Son sourire taquin a légèrement disparu mais un doute traverse son regard. Elle décèle quelques faiblesse chez Caïn et devra s'en servir pour prendre le dessus sur la Montagne du Breuil
Décidé à ne pas laisser Lyrd’Nidya reprendre son souffle, Cain s’avance, et l’attaque en prenant plus de risque. Il expire de plus en plus de vapeur depuis sa bouche souriante à la mâchoire serrée, telle celle d’un loup affamé. Il profite de la fatigue de Lyrd pour la pousser dans ses retranchements.
La demi-orque perçoit une faille sur le flanc droit du cavalier tandis qu’elle esquive de peu la taillade dirigée vers sa cuisse.
Mais lorsqu’elle s’apprête enfin à réaliser la première estafilade, elle entend le grognement de Scarmaglione et sent une faible torsion au poignet. Grognant plus de surprise que de douleur, elle se rend compte que le fourrageur a profité de cet instant pour saisir fermement son bras. Elle peut toujours le blesser grâce à son flanc découvert, mais elle serait vulnérable elle aussi… Dans un combat à mort, elle ne pourrait pas opter pour cette solution.
De plus en plus épuisée par la robustesse de Scarmaglione…
Lyrd’Nidya prend des appuis solides au sol et se prépare à donner tout ce qu’il lui reste. Ses traits humains disparaissent pour laisser place à la férocité de son coté orque. On entend un cliquetis mécanique, suivi du son lourd d’une arme qui tombe au sol : la custode vient de laisser tomber sa hache ! Dans un grondement sauvage et soudain, la demi-orque agrippe Cain au niveau de la taille. Avant qu’il n’aie le temps de la trancher de son sabre, elle le soulève dans un grognement proche d’un rugissement et le précipite contre un des murs de l’arène.
Le choc est brutal tant par la surprise des spectateurs ou de Cain, lorsque Lyrd le soulève sur presque deux mètres, que l’impact contre la palissade. Le souffle coupé, Scarmaglione lâche son arme. La custode le laisse tomber au sol pour tenter de le maîtriser, mais le vieil homme n’a pas dit son dernier mot ! Démunis de leurs armes, les deux combattant.e.s échangent alors de violents coups de poing pendant de longues secondes, tandis que les deux opposants se déchainent à cœur-joie et sans risque de gravement blesser l’autre.
Une frappe particulièrement véloce de Lyrd’Nidya sépare les deux adversaires, aux visages contus.
Ils semblent enfin tous deux éreinté.e.s, un mélange de sueur et de poussière leurs collant au visage, le regard flou, la respiration saccadée. Cain profite de ce répit pour se rapprocher de son arme, encore à proximité. Comprenant son intention, Lyrd’Nidya serre les poings pour réunir ses forces. Dans un dernier élan, elle bondit sur le dos de Cain et le fait chuter dans la surprise. Il riposte avec SabreSouche qu’il vient de saisir, mais il sent une petite lame posée contre son cou. Non, pas une lame : une pointe.
Le cavalier comprend soudain d’où vient la lame : le cliquetis de tout à l’heure provenait du petit mécanisme permettant d’extraire la pointe de flèche située dans la hache de Lyrd’Nidya. Elle avait cette pointe depuis tout ce temps, sans l’utiliser afin de prolonger le combat, ou en ultime recours... Elle l’a bien eu, sur ce coup là ! Cain se met à rire à pleins poumons.
- Hahahaaa ! Je n’avait pas échangé de telles mandales depuis Abel ! J’admets ma défaite, Lyrd’Nidya !
Retirant sa pointe du cou de Caïn, la demi orque se redresse et lui tend a main pour l’aider à se relever. Les yeux rieurs, elle tente tout de même de garder son sérieux. L’énergie mise dans le combat lui a fait presque oublier l’arène et le tournoi. Reprenant doucement son souffle, elle lui répond.
- Si on m’avait dit un jour que j’aurai le dessus sur toi, je n’y aurai jamais cru. Merci pour ce beau duel Kân-Calors, tu as encore du panache vieux canasson !! Sois veillé du Faucon.
Levant le bras de la guerrière victorieuse, le visage sale et en sueur, le vieil homme s’adresse sur son ton de scalde à l’assemblée
- Voyez pourquoi la patrouille d’émeraude qualifie sa custode de championne ! Prends garde à toi, Yael Runart, tu dois être bien pâle ! Car demain tu affronteras la plus redoutable des Boréales !
Gênée par l’éloge de son camarade, Lyrd’Nidya tente de masquer son malaise derrière un sourire de victoire, et glisse entre ses dents
- Je ne suis pas digne d’être une boréale Kân
Haletant, ravi, encore dans l'extase du combat et de son dénouement, et enfin touché par les mots de sa camarade, le cavalier met une petite tape amicale dans le dos de la demi-orque, et lui sourit calmement.
- Ce n'est pas à toi, mais aux dieux de décider de ce dont tu es digne, . Les nôtres peuvent dormir le cœur léger, t'avoir parmi nous est une bénédiction de Larmes Rouges, mon amie...
Allez, Lyrd, je te dois un verre, trinquons à ta victoire d'aujourd'hui, et à ton triomphe demain !
[Vainqueure du match : Lyrd'Nidya Kalsum]