23
Nov 1999 – 05h37 – Plage d’Oceanside
Peter
Braddock venait de prendre son service, une tasse de café odorante était posée
sur le bord de son bureau, servant de presse papier aux divers rapports de la
semaine qu’il devait encore classifier. Depuis que Mme le Maire avait demandé
des renforts, la « sécurité de proximité » était devenu une priorité
absolue dans le service … mais avec un taux criminalité dans les plus bas de la
côte Ouest, la criminalité n’était plus que des vols à l’étalage et autre
petits délits. Le bruit d’activation de son talkie-walkie le sortit de ses
pensées.
- « Papa, ici Mathew, tu me
reçois ? »
- « Fort et clair fiston, que ce
passe-t-il ? »
- « Je suis à Buccaneer Beach,
avec le fils Jenhsen, tu devrais venir ! »
- « Laisse-moi deviner, il a encore
trouvé un poulpe bizarre sur la plage pendant qu’il cherchait des objets avec
son détecteur de métaux ? »
- « Non … Il a trouvé … un
loup ! »
- « … Répète un peu !?! »
- « Je suis sur place, on a bien un
loup sur la plage, pour le moment je l’ai juste couvert d’un drap … il a l’air
mort … je ne sais pas quoi faire ? »
- « Bouge pas, j’arrive, éloigne les
curieux, dit à Kyle Jenhsen de rentrer et qu’on prendra sa déposition plus tard
… et fils, n’appelle pas de renfort ! »
- « Reçu … viens vite … »
Le
Sherif attrapa sa veste, le sac de sport noir qu’il gardait dans une armoire de
son bureau, ses clefs de voiture et son arme de service … arrivé devant la
porte de son bureau, il fit demi-tour pour aller ouvrir le dernier tiroir de
son bureau pour en sortir la boite de cigares offerte par Carolina lors de leur
première rencontre. Mécaniquement, il ouvrit la boite pour en extraire les
trois balles de 9mm en argent qui s’y trouvaient et les logea dans son chargeur
de secours. Peter Braddock prit une grande inspiration, ramassa le sac au sol
et sortit de son bureau, direction le parking. A cette heure-ci, la ville était
encore endormie et il ne lui fallut pas plus de 35 min pour rejoindre son fils
sur l’une des nombreuses petites plages de la ville. Il avança son 4x4 au plus
près, apercevant Mathew qui montait la garde à côté d’un grand drap blanc,
maintenu au sol par quelques pierres aux quatre coins. Avant de sortir de son
véhicule, Peter fit un tour d’horizon pour vérifier qu’aucun curieux n’avait
échappé à la vigilance de son fils, puis il engagea le chargeur de secours dans
son arme de service qu’il rangea dans son holster, prenant bien soin de ne pas
remettre la sécurité. Avant d’ouvrir la porte de son véhicule, il ferma les
yeux et prit une grande inspiration. … .. .
- « Rien à signaler
fils ? »
- « Non P’pa, j’ai eu un peu de mal à
faire partir le fils Jenhsen, mais dès que j’ai dit que la bête pouvait être
contagieuse, il est parti se doucher au plus vite ! »
- « Et … est-ce qu’il a … changé de
forme ? »
- « Non, je ne pense pas …et c’est
elle ! »
- « Garde les yeux sur le périmètre
fils, je prends le relai »
Peter
Braddock se rapprocha lentement du drap qui recouvrait la louve, qu’il souleva avec
douceur pour découvrir le cadavre de celle-ci. C’était en effet une jeune
femelle, son pellage roux était parcouru de tâche blanche et d’autres plus
sombres … des oreilles courtes, une queue en plumeau large, des muscle
saillants … Le membre de la parentèle pencha plutôt pour une Wendigo ou une
Uktena, mais d’autres étaient possible. Le corps ne portait pas de stigmates
caractéristiques d’une mort violente en combat, pas de plaies, pas de trous,
pas de traces suspectes … rien ! Seulement ce corps échoué à côté d’une
pile de morceau de bois et des restes d’une voile noir déchirée … comme si elle
avait dérivé depuis l’océan sur un radeau de fortune avant de finir par
s’échouer sur la plage … L’homme regarda longuement la dépouille, les yeux
rivés sur ce corps, le peuple avait déjà tant perdu …
- « C’est bien … une des
leurs ??? »
- « Oui fils, c’est une des
nôtres ! »
- « Qu’est-ce qu’on fait ? On ne
devrait pas appeler Sekhmet ? »
- « Si, bien sûr, mais avant cela,
nous devons effacer toutes traces ici »
- « Et … pour elle ? »
- « Elle est aussi une trace que nous
devons effacer mon fils ! »
- « Mais … nous ne devrions pas
app’ »
- « NON ! cela fait parti de
notre travail, de notre devoir sacré envers ce Sept »
Au
loin, Braddock vit un groupe de jeunes surfeurs qui commençait à se rapprocher
d’eux, poussez par la curiosité morbide des humains, dans quelques minutes ils
seraient là, bien trop prêt pour ne pas voir, alors il lui fallait agit
maintenant. Le Shérif tira son arme de son étui, retira le chargeur
mécaniquement, pour vérifier que la première balle à entrer dans la chambre
serait bien la bonne, puis il remit le chargeur en place et plaça son arme sur
la tempe de la louve et la main gauche sur son cou, comme pour la maintenir au
sol … Braddock prit une profonde inspiration, puis son doigt se crispa sur la
détente de son arme …
…
Pour se figer net !!!
Là,
sous ses doigts, il avait senti quelque chose … Il lâcha son arme dans le sable
et vérifia de nouveau … mais rien … Peter se pencha et délicatement il souleva
la paupière droite de la louve … pour y voir un léger, mais perceptible
mouvement de la rétine … Elle n’était PAS morte !!!
- « Vite fils, aide-moi, elle n’est
pas morte, on dirait une sorte de coma artificielle … sa respiration est
tellement faible qu’on ne la perçoit pas … mais elle est vivante !!! Il
faut tout de suite l’emmener chez Diana !!! »
- « Gaïa merci !!! »
Le
jeune officier de police se jeta au sol pour aider son père à soulever la louve
avec milles précautions, puis il se dirigea prestement vers la portière arrière
du véhicule de service de son père pour aider à la charger. Pendant que son
père s’installait au volant, il eut la présence d’esprit de récupérer au sol
les restes de la voile noire qu’il fourra dans le coffre, puis il monta lui
aussi dans le véhicule qui partit en trombe … Braddock connaissait la route par
cœur, il avala les kilomètres à bonne vitesse, mais ils lui semblèrent
interminables.
Lorsque
le 4x4 entra dans la cour en trombe, celui-ci glissa légèrement sur le gravier
humide, car une pluie fine venait de se mettre à tomber depuis quelques
minutes.
- « A l’aide ! Diana !!
Bobby !!! Quelqu’un ! … A l’aide !!!!! »
Braddock
père et fils se saisirent de la louve cathartique et entrèrent en trombe dans
la vieille ferme au toit rénové … tombant nez-à-nez avec Bobby, en caleçon
licorne, dégustant un bol de céréales (ayant mis le lait APRES les céréales) à
la table de la cuisine.
- « Woh les mecs, i’s pass
koi ? »
- « Vite ! Bobby,
aide-nous !! préviens Diana, on a une urgence !!! »
- « Oh bordel ! bordel !!
bordel !!! Maï-ling ? t’es là ? MAÏ-LIIING !!! »
La
jeune femme aux traits asiatiques surgit presque instantanément, une épée à la
main, dans un kimono ample qui mettait en valeur sa stature élancée.
- « Nous avons trouvée l’une des
vôtres, elle vit encore, mais elle est très faible ! »
- « Vite, montez-là à l’étage, je
préviens Diana qui est en méditation en Penumbra ! »
Une
fois de plus, le père et le fils se déplacèrent en prenant un maximum de
précaution, grimpant les marches à vire allure tout en maintenant au mieux le
corps dans son drap blanc. Une fois à l’étage, ils s’engouffrèrent dans la
première chambre disponible pour y déposer la Louve … Diana arriva sur ces
entrefaites, vêtu d’un kimono cérémoniel jade et dorée.
- « Merci beaucoup Peter, Mathew,
notre peuple vous doit énormément ! »
- « Madame, nous ne vivons que pour
servir le Sept ! »
- « Je suis désolé, mais maintenant
je vais vous demander de partir, je dois procéder des soins d’urgence et pour
cela je vais avoir besoin d’être seule avec … elle »
Une
heure plus tard, la Théurge apparut de nouveau dans l’encadrure de la porte de
la cuisine, le visage fatigué, le teint pâle, elle avait visiblement donnée
beaucoup de sa personne.
- « Boah alors, c’est qui ? elle
est vivante ? … tu veux un thé ? »
- « Je veux bien un thé oui Bobby,
merci et oui, elle est vivante ! »
- « Ouah, génial, c’est hyper
cool !!! … Bon, et c’est qui ? une 39 ? »
- « Oui Bobby … c’est ELLE … le loup
de mes visions … celle qui vogue par-delà les océans sur le radeau à voile
noire … »
- « Mais … Qu’est-ce qu’elle a dit ??
Elle s’appelle comment ?? »
- « Elle ne me peut rien dire pour le
moment Bobby, elle dort profondément et je ne pense pas que nous pourrons en
savoir plus à son réveil malheureusement ! »
- « Ah bon ? elle est
malade ? »
- « C’est plus compliqué que cela mon
cher Bobby, pour éviter tout problème, il semble que le peuple Chulorviah l’ai
plongé dans une sorte de coma surnaturel … mais elle y est restée trop
longtemps et il semble que sa psyché soit bien plus atteinte que je ne l’aurais
espéré … C’est grave Bobby, et il est fort probable qu’elle se réveillent avec
une amnésie partielle, voir totale de sa personne. »
- « Ho bah mince alors, ça … c’est
pas cool ! »
- « Oui Bobby, ce n’est pas cool
… »
- « Bon, bah on fait quoi
alors ? »
- « Dans un premier temps, il lui
faut du repos, puis nous verrons ce qu’il est possible de faire … Pour le
moment, va prévenir Ludwig et sa Meute que nous avons retrouvé la naufragée et
qu’ils pourront commencer à lui rendre visite en fin d’après-midi »
- « OK, tu veux qu’il lui fasse un
truc à la Ludwig ? »
- « Oui Bobby, c’est ça … un truc à
la Ludwig … On en aura bien besoin … .. . »
Word count: 1,487
