Le château de la famille Baden fut bâti sur une falaise peu élevée de la côte sud de la mer de Pellurie, au bout d’une large péninsule qui domine les flots bleus. Le cœur de la cité s’y trouve, coupé du continent par une haute muraille qui court d’est en ouest à la base du promontoire. Dans les premiers temps de la ville, de nombreux canaux furent creusés dans cette péninsule afin de créer un port protégé en sus des quais traditionnels. Au fil des siècles, d’autres percements fournirent du matériau de construction, faisant de la ville actuelle un lacis de canaux qu’enjambent des ponts et autres passerelles. Ces voies d’eau offrent un excellent moyen de convoyer passagers et marchandises sur des barques à fond plat. Le visiteur peu averti, pour sa part, se trouve souvent dérouté par la configuration de la ville.
Relativement épargné par l’invasion de l’Ombre dans ses premiers temps dévastateurs, le Promontoire a bien négocié les décennies suivantes. Une trêve tacite et incertaine tient entre le comte félon régnant sur la ville – un prétendu bâtard de la lignée Baden – et les résistants qui possèdent l’art de savoir jusqu’où se dresser contre ce seigneur fantoche et ses légats. Les insurgés du Promontoire, forts du soutien de l’Erethor, frappent l’ennemi plus durement ici qu’ailleurs, mais plutôt que de raser tout un quartier en représailles de l’assassinat d’un légionnaire à la solde d’Izrador, le comte n’y voit qu’un fait divers sans réelle portée. Comme, en outre, la pêche aide à compenser les terribles pertes économiques provoquées par l’invasion, la vie quotidienne au Promontoire de Baden, sans être rose, est moins effroyable que dans les autres villes des terres du nord.