Le trio d’aventuriers s’était dispersé autour du cercle de pierre des géants, cherchant le moindre signe de vie. Alfan cherchait des traces de pas, ou tout autre indice pouvant témoigner d’un passage récent d’une créature vivante, mais fit choux blanc. La neige recouvrait déjà tout. Elise de son côté sentait une aura de magie nécromantique, mais celle-ci planait dans l’air et ne l’aidait pas à comprendre les secrets de ces lieux. Enfin, Enialis trouva quelques baies violettes qu’il s’empressa de cueillir pour tester de nouvelles recettes de boissons.
Après plusieurs heures, ils se rassemblèrent dans un renfoncement rocheux et attendirent. Quelle ne fut pas leur surprise en fin de journée quand ils virent un traineau tiré par des chiens se diriger vers eux ! Saisissant leurs armes, ils découvrirent avec stupeur un Hélios en pleine forme et guidé par l’épouse de Jarthra Farzassh. Il s’était réveillé le lendemain en pleine forme. Ses compagnons ayant été bloqués par le blizzard, il n’avait pas eut de mal à les rattraper.
Après avoir été mis au courant de ce qu’il avait manqué, il entama lui aussi son enquête sur les pierres, mais ne trouva guère plus d’indices. Il voulu tenter de s’assoir sur l’un des trônes, mais Alfan et Enialis refusèrent d’une même voix : il fallait se montrer respectueux ! Il ne restait plus qu’une chose à faire alors : attendre.
Durant la soirée, les aventuriers tentèrent de recenser les questions qu’ils voudraient aborder avec les géants : avaient-ils vu Nass et Dzan ? Que savaient-ils du long hiver actuel et sur Aurile ? Voir sur la cité perdue du Néthéril ?
Les heures passaient. Hélios avait envoyer Plume surveiller le cercle pendant qu’il commençait sa nuit. Elise tachait de rester éveillée, mais la fatigue était trop forte. Alfan voulu la secouer, mais Enialis s’interposa, faisant remarquer au guerrier qu’il était particulièrement bougon et mal luné.
Ce n’est que lorsque le brouillard de la journée commencé à se dissiper, et que la lune inonda la région de ses rayons que Plume revint réveiller son maitre. Elle lui fit comprendre que des grandes créatures se tenaient sur les sièges de pierre et parlaient entre elles. Mais en sortant de leur abris, la troupe ne voyait aucun changement. Ils décidèrent donc de s’approcher.
Lorsque Alfan, ouvrant la marche, passa entre deux trônes et entra de le cercle ainsi formé, il se figea. Autour de lui venait d’apparaitre sept figures tout droit sortie du passée. Les fantômes translucides des géants étaient rassemblées et tenaient conseils, parlant un vieux langage de géant incompréhensible pour le Goliath. Les êtres paraissaient fait de verre ou de glace. Au sud, sur le siège le plus riche, leur chef présidait l’assemblée. Equipée d’une armure d’écailles brillantes, il dominait les autres du regard. Aucun ne semblait avoir remarqué l’arrivée du guerrier.
Par contre, tous entendirent Hélios se glisser dans le dos d’Alfan pour assister au spectacle. Aussitôt, les sept géants se turent et fixèrent les intrus qui débarquèrent un à un dans le cercle de pierre. Alfan prit alors la parole (en géant), présentant ses salutations les plus respectueuses et s’excusant du comportement de ses compagnons. Pour toute réponse, un Squelette de géant du froid apparu comme par magie de l’autre côté de l’arène et chargea la troupe.
Le goliath acquiesça du chef, comprenant qu’il s’agissait d’une épreuve et décida de laisser les trois autres régler ce problème. Enialis s’élança le premier sur la créature pendant qu’Hélios restait en retrait à le canarder avec ses décharges. Elise brandit son symbole sacré et murmura une prière à Lathandre. Une lumière dorée en sortie et le mort-vivant prit peur, laissant une ouverture au moine pour lui défoncer la cage thoracique. Vexée, la créature oublia sa crainte et répliqua d’un puissant coup de hache qui propulsa l’elfe derrière Hélios.
Le gigantesque squelette se tint devant l’enfant qui resta droit sur ses pieds, encaissant sans broncher le coup et répliquant avec une colonne de flammes. Enialis se releva en grommelant et sauta sur son ennemi, défonçant ses os par une multitudes de coups de poings jusqu’à le réduire en charpie, dégageant son crâne d’un coup de pied digne des plus grands.
Alfan vit le chef des géants esquisser un sourire de contentement. Mais ce n’était que la première épreuve et la créature tendit les mains. A peine les aventuriers eurent le temps de se soigner que la neige se mit à tourbillonner autour d’eux. Le moine vit cependant que ce n’était pas simplement du vent : des êtres invisibles maniaient leur environnement, provoquant bourrasques et secousses qu’ils dirigèrent vers lui et Elise. Le choc leur fit ployer le genoux et leur coupa le souffle. La deuxième épreuve commençait.
Ne se sentant pas d’encaisser plus longtemps, Enialis repoussa son opposant et se replia derrière ses alliés, sortant le fusil laser et blessant l’un des fantômes. Alfan prit sa place sur la ligne de front et commença à tailler dans le lard des créatures, sa hache semblant ignorer toutes les défenses qu’elles pouvaient mettre en place. Hélios entreprit de les contourner, invoquant une onde de choc fracassante pour dissiper leurs magie. Elise par contre peinait sous les assauts des êtres invisibles. Elle devait concentrer tous ses efforts sur sa défense tout en se soignant pour ne pas sombrer dans l’inconscience. Heureusement, Alfan à ses côtés accaparait l’attention d’un de leurs adversaires et semblait encaisser sans broncher les chocs.
Elle enjoignit à Enialis de concentrer ses tirs sur celui aux prises avec Alfan, mais le moine l’ignora, tirant deux balles qui percèrent dans de grands éclairs de lumière l’opposant de la clerc. Il finit aussi par relayer la jeune femme quand celle-ci fut à bout de force tandis qu’Hélios dévoilait sa véritable forme, terrifiant l’espace de quelques secondes toute l’assemblée. Il profita de cette occasion pour achever l’une des créatures par une décharge pendant qu’Alfan finissait de trancher de part en part son adversaire.
Voyant le dernier spectre disparaitre, le chef des géants se para d’un large sourire, impressionnée par la victoire des aventuriers. Il leva des mains et aussitôt, les sept fantômes disparurent. Le trône du sud se souleva, révélant un passage qui menait dans les profondeurs de la montagne. Alors qu’Elise et Hélios s’y engageaient, Alfan grommela et refusa de s’y engouffrer sans se reposer avant. Il tourna des talons, ignorant les protestations des deux cadets du groupe, et retourna dans la caverne où la troupe avait attendue.
Enialis fit signe aux deux autres qu’il s’en occupait et courut rejoindre le guerrier. Il le surprit à jouer avec des petites pierres noires (de la chardalyne). Aussitôt, Alfan les cacha et fit comme si de rien n’était. Le moine insista face à la mauvaise humeur du colosse pour qu’ils les accompagne dans la caverne : il y ferait bien meilleur pour se reposer. C’est finalement Jarthra qui convaincu le goliath de suivre le mouvement. Le guide fit tout de même signe à Enialis et lui glissa quelques mots à l’oreille avant qu’ils ne partent tous les trois rejoindre le reste du groupe.
Elise et Hélios s’avancèrent dans la caverne, éclairés par la magie de l’enfant, et découvrirent une salle aux immenses murs, taillée pour la taille des géants. A leur gauche, une grande porte en bois était fermé et à leur droite, un couloir se perdait dans les ténèbres, mais des barreaux en bloquaient l’accès. En face, la salle finissait sur un mur où se trouvait six braseros de pierre, sans aucun combustibles pour les allumer. Ils trônaient tous sur un piédestal où se trouvait une rune et une phrase.
La clerc reconnu une vieille langue naine. Rejoint par Alfan qui put l’aider, elle parvint à traduire les runes qui donnèrent les mos mort, montagne, guerre, vie, vent et dragon. Les phrases signifiaient :
- Arrache dans son sommeil une écaille à un dragon ;
- Contre le vent qui souffle, tient bon.
- Escalade une montagne avec une pierre dans ta chaussure.
- Lentement, la mort vient te chercher a coup sûr.
- Sois la flèche qui démarre le conflit.
- Laisse le sang de la vie couler jusqu’à ce que ce soit fini.
Ils devinèrent que chaque braseros correspondaient à une rune, et chacune était associé à une des phrases. Enialis mit alors une de ses flèches dans le braseros lié à la guerre. Celui-ci s’enflamma, consumant la flèche dans l’opération. Il restait aux aventuriers à trouver comment allumer les autres ! Hélios souffla sur celui du vent. Elise versa une goute de son propre sang de celui de la vie et Alfan ramassa un caillou qu’il jeta dans le braseros de la montagne.
Il restait celui de la mort, et celui du dragon. A contrecœur, Hélios déposa Plume 3ème du nom dans le premier. L’animal s’embrasa et la flamme était allumée. Par contre, ils étaient bien en peine pour trouver une écaille de dragon pour le dernier. Ils décidèrent alors d’explorer les lieux et d’ouvrir la porte en bois.
Comme elle n’était pas fermée, ils entrèrent sans problème dans une pièce qui contenait 4 coffres en bois à des tailles adaptées pour des géants. Sur un chandelier à quelques mètres, cinq clés étaient suspendues. 4 en bronze et une en argent. Hélios les récupéra aisément avec sa magie et pu ouvrir chaque coffre avec une des clés de bronze. La troupe y trouvèrent une pierre, une flèche elfique, le corps d’un harfang congelé et une écaille de dragon usée.
Regrettant le sacrifice vain de Plume 3ème du nom, et pendant qu’Hélios invoquait Plume 4ème du nom, Alfan plaça l’écaille de dragon dans la dernière jarre de pierre, embrasant cette dernière. Le sol vibra, dérangeant la poussière accumulée avec les âges, et les barreaux bloquant le couloir s’abaissèrent.
Suivant le passage, la troupe arriva sur une lourde porte de pierre. Alfan et Elise s’arcboutèrent jusqu’à parvenir à les déplacer, découvrant une petite pièce avec un unique coffre décoré de bordures en argent. Sur la serrure, une clé dorée était installée, attendant juste à être tournée. Voyant cela, Alfan se précipita dessus avec un regard hagard et bafouillant des mots incompréhensibles.
Sentant venir le piège, Enialis se précipita devant lui pour le ralentir, permettant à Hélios de saisir la clé d’or avec sa magie et de la lancer dans le couloir. Aussitôt le guerrier partit la rattraper. Cela laissa le temps à l’Aasimar d’introduire la clé d’argent dans la serrure et de la tourner. Cela ouvrit le coffre et fit apparaitre un miroir opaque le long du mur ouest. Enialis en profita également pour informer ses deux compagnons que selon leur guide Jarthra, Alfan présentait des signes d’une démence liée à la chardalyne, ce qui expliquait son comportement lunatique et obsessionnel.
A peine eurent-ils le temps de se tourner vers le miroir que six haches d’armes sortirent du coffre, lévitant par une quelconque magie et attaquèrent les intrus. Hélios en faucha trois d’emblée en faisant détonner une forte explosion au milieu d’elles pendant qu’Enialis en éclatait une autre sur un mur. Elise se précipita aux devants de l’enfant pour le protéger et encaissa sans brocher les chocs des armes. Elle fit l’erreur d’ouvrir sa défense pour détruire l’une des armes, exposant son flanc à la dernière haches qui lui lacéra le flanc.
Alfan arriva alors avec sa clé d’or, tout fier. Sans y faire plus attention, il saisi le manche de la dernière arme volante et l’envoya s’éclater contre le mur. Ne pensant à rien d’autre, il vira la clé d’argent et tourna la clé d’or dans la serrure du coffre. Le mur nord devint alors transparent et les aventuriers se virent surplomber le cercle de pierre des géants. Pourtant, ça ne faisait aucun sens : ils s’étaient enfoncer dans le sol !
L’attention du groupe revint vers le miroir opaque. La prêtresse se souvint avoir entendu parler de tels objets magiques dans les leçons reçues au temple. Ces objets permettaient de voir des gens à distance, de les entendre pendant un bref moment et de voir leur entourage immédiat, tant qu’elles étaient dans le plan matériel en tout cas. Il vit quelques inscriptions en bas et, avec l’aide d’Enialis, détermina qu’ils pouvaient disposer de sept utilisations des propriétés de l’objet. La surface étant collée au mur et inamovible, ils avaient intérêts à toutes les utiliser avant de repartir. Elle proposa que chacun prennent quelques minutes pour réfléchir à ceux qu’ils voulaient voir, les propose au groupe et de décider en fonction.