Hélios porta toute son attention vers le corps prit dans les glaces. Avant que ses deux compagnons ne purent agirent, l’enfant dégagea le corps et imposa ses mains sur le cadavre, invoquant une magie qui le réanima. Le mort-vivant se releva et le trio put découvrir qu’il portait une armure stylisée rappelant de l’art elfe, même si le squelette semblait bien humain. Hélios annonça au groupe qu’il parlait par télépathie à cette personne. Il lui avait demandé de l’aide et il n’avait fait que la lui apporter ! Si Enialis parvint à garder seulement une face interrogative, le premier réflexe d’Alfan fut de prendre la créature par le col et de la jeter du sommet de la montagne, sourd aux protestations de l’enfant.
Quand le guerrier se retourna, il se retrouva nez à nez avec une nouvelle créature : un être mi-homme mi-ours le dominait de sa hauteur. Il comprit qu’il faisait face au Rôdeur de l’hiver, la figure légendaire des Goliath, figure aussi crainte que vénérée. Tous les combattants de ce peuple rêvaient de se mesurer à cet être fantastique afin de prouver leur force et courage. Alfan s’inclina par respect devant cet être. Le Rôdeur se mit à parler à Alfan en géant, lui demandant s’il était venu le défier. Celui-ci nia, prétextant n’être là que pour tenter de sauver un groupe d’aventuriers. Cette réponse déçue l’être. Il s’attendait à ce qu’Alfan le défie, comme les autres goliaths. Le guerrier refusa dans un premier temps, mais, sachant que s’il tournait les talons, cela pourrait être vu comme un acte de lâcheté, il fini par accepter.
Avec l’agilité d’un chat, Alfan bondit sur ses pieds et balança sa hache dans le corps de l’homme-ours, perçant ses défenses et entaillant son cuir épais. Ne laissant pas le temps au Rôdeur de répliquer, il enchaina les assauts et fit reculer la bête. Celle-ci répondit avec quelques griffures que le guerrier ignora sans peine. Pressant ses assauts tout en intimant à Enialis de ne pas intervenir, il para d’un coup de hampe une morsure du Rôdeur dont les crocs claquèrent dans le vide. Cependant, dans sa contre-attaque, il négligea la rapidité de son adversaire et ouvrit une ouverture qui permit au Rôdeur de le saisir à l’aisselle et de le blesser gravement. Alfan lutta encore, tachant d’ignorer la douleur, mais l’homme-ours prit l’ascendant et ses griffes mirent à terre le colosse.
Le Rôdeur eu un sourire satisfait. Il se recula d’un pas et contempla son corps couverts de blessures et considéra que le goliath, bien qu’étrange, avait fait preuve de courage et de valeur. Il était méritant pour sa bénédiction, s’il le voulait. Alfan acquiesça et offrit sa nuque à la morsure de l’esprit gardien. Ce dernier le mordit, puis tourna les talons. Alors que sa silhouette disparaissait dans le blizzard, il murmura quelques incantations mélodieuses et les blessures du guerrier se refermèrent toutes.
Alfan se releva sous les yeux incrédule d’Enialis qui était resté figé pendant tout le combat, hésitant à intervenir. Le guerrier lui assura que ce n’était qu’un test et qu’ils pouvaient à présent tous redescendre. Accompagnés du guide des précédents aventuriers et de l’halfeline Perilou Fishfinger, le trio entreprit sa descente du Cairn. Le chemin fut périlleux mais sans encombre. Hélios retrouva le corps du squelette qu’il avait réanimé. Il s’était brisé en plusieurs morceaux sur les pierres, mais en rassemblant les os, ceux-ci se recolèrent et l’être se releva. L’enfant annonçant à Alfan que s’il s’en reprenait encore au revenant, il le défendrait ! Le guerrier n’eut qu’un grognement dégoûté et poursuivi sa route.
Les expéditionnaires arrivèrent en pleine nuit à la cabane où se trouvait l’autre moitié de leur groupe. Enialis entra le premier sans frapper. Il fut surpris par Elise qui sauta aussitôt dans ses bras, expliquant s’être fait un sang d’ancre : elle avait entendu l’avalanche, puis l’explosion… La clerc semblait au moins avoir repris ses forces. Plus loin, Ed Warm salua les nouveaux venus et avait aussi récupérer. Le moine calma la jeune humaine en lui offrant les lunettes de vision nocturne trouvée sur la montagne. Cette dernier fut suspicieuse à leur aspect, mais les adopta dès qu’elle se rendit compte de leur utilité.
Pendant qu’Enialis mettait à jour les deux autres, Hélios interrogea son nouvel ami. Le squelette ne parlait pas et ne comprenait pas quand on lui parlait en commun. Seul son lien télépathique avec Hélios permettait de lui parler. Par des gestes, il fit tout de même comprendre qu’il était sur une sorte de grande citée volante, mais que celle-ci était tombée. Il avait du mourir à cet instant. Apparemment, il travaillait sur une tour quand c’était arrivé, mais il ne parvint pas à expliquer d’avantage. Quand Hélios lui demanda son nom, le squelette dessina d’étranges symboles dans la neige. Elise reconnue un langage très ancien, plus ancien que l’elfique, peut-être même datant du Néthéril ! Comme personne ne pouvait le déchiffrer, Hélios décida d’appeler son nouvel ami Bob.
Le groupe passa une bonne nuit de sommeil. Le lendemain, il fut décider de se rendre au niveau de la cabane qui avait exploser. Il pouvait être urgent d’y aller le plus tôt possible? Ed Warm guida toute la troupe avec l’aide du guide secouru sur la montagne. Le ciel était clair et dégagé et ils purent avancer sans problèmes, arrivant sur les lieux en fin de journée.
La cabane se trouvait construite sur pilots juste à côté d’un grand précipice. Elle paraissait calme, bien qu’abimée : des morceaux de bois gisaient autour, comme projetés depuis l’intérieur. Du toit sortait deux cheminées, mais sans aucune fumée. Dans deux dépendances juste à côté, le groupe trouva des toilettes sèches et une réserve de bois. Les deux semblaient avoir été utilisées récemment. En regardant un peu par les fenêtres sur le côté de la maison, le groupe ne vit rien, hormis le visage d’Elise pâlir à l’approche de la falaise.
Une volée de marches menaient à la maison. Alfan s’y engouffra le premier, suivi d’Enialis qui ne cachait pas son plaisir de la hauteur, puis d’Elise qui ne cachait pas son déplaisir. Hélios et Ed Warm fermaient la marche pendant que les deux rescapés gardaient les traineaux et les animaux.
Dans une première pièce, le groupe trouva une forge éteinte. Elise et Enialis reconnurent l’endroit qu’ils avaient vu en prononçant le nom de Macreadus dans le miroir (Copper Cogne-Bouton semblait s’être trompé en disant qu’il habitait à l’ouest, près de l’eau). L’endroit ne révéla pas beaucoup de secrets : la bibliothèque comprenait des livres sur les bases de la forge, sur les animaux, la décoration d’intérieur… ainsi qu’une famille d’écureuils ! Elise tenta d’approcher sa main, mais les fit fuir ! Pour tenter de la consoler, Enialis déposa quelques morceaux de nourriture pour tenter de les faire revenir plus tard.
Ayant fait le tour de la pièce, la troupe avança vers le reste de la maison. Alfan remarqua par une fenêtre une grande pièce. Une marque noire en son centre et un trou dans le plafond témoignait de l’origine de l’explosion. Sur le côté, un petit cadavre calciné gisait dans la neige qui commençait à recouvrir les lieux. A quelques centimètres de sa main se trouvait un étrange anneau d’environ 10cm avec une pierre noir en son centre.
Alfan se glissa par la fenêtre, suivi d’Elise. La clerc se précipita vers le corps pour l’examiner. Mais il était trop tard depuis bien longtemps. Elle reconnu la silhouette d’un petit humanoïde. Il devait s’agir du gnome Macreadus. Mais au milieu de ses vêtements brûler, une amulette à son cou demeurait intacte : un médaillon du Seigneur de l’Aube Lathandre. Elise s’en saisi en murmurant une prière pour l’âme du gnome. Alors qu’Hélios passait à son tour par la fenêtre avec Bob, elle proposa à la troupe d’invoquer sa magie pour interroger l’âme de Macreadus afin de comprendre ce qu’il se passait.
Au même moment, Enialis décida de faire le matin et de poursuivre son chemin sur la passerelle au dessus du vide pour passer par la porte d’entrée plus loin. Il manqua de rater une planche et se rattrapa de justesse avant de glisser. Il ouvrit ensuite d’un grand coup la porte pour faire une entrée triomphale. Alors qu’il arborait un gigantesque sourire, le plancher sous ses pieds craqua. Les planches cédèrent et le moine eu tout juste le temps de sauter sur le côté, évitant le trou qui remplaçait le plancher et la chute vertigineuse qui aurait suivi. Il se releva toujours avec un sourire triomphale quand il vit une Elise terrifiée, recroquevillée dans un coin de la pièce, le plus loin possible du trou, au bord de la crise de panique.
Pendant que le moine rassurait la clerc en lui disant que ce genre de chose l’amusait (???), Hélios et Alfan se penchèrent sur l’étrange objet. Deux anneaux concentriques semblaient pouvoir pivoter autour de l’étrange pierre noire. Alfan pu au moins confirmer qu’il ne s’agissait pas de chardalyne. Il remarqua aussi d’étranges runes sur les anneaux mais ne parvient pas à les déchiffrer. Elles semblaient par contre familière à Bob.
Hélios voulu prendre l’objet pour l’examiner de plus près (leur Elise étant momentanément indisponible pour interroger le cadavre, veuillez réessayer plus tard, nous sommes désolés pour la gêne occasionnée). Dès que l’enfant prit entre ses doits l’anneau, la pierre centrale se mit à vibrer et briller. Par réflexe, il le lança de l’autre côté de la pièce, non loin du trou fait par Enialis. L’aasimar proposa alors que ce soit Bob qui tente de prendre l’objet. Il pourrait peut-être encaisser s’il arrivait quelque chose. Enialis décida de s’approcher tout de même pour surveiller ce qu’il se passerait alors qu’Elise s’éloigna davantage.
Quand Bob prit l’objet, le noyau brilla à nouveau. Hélios lui intima l’ordre de le laisser tomber pendant qu’Enialis renversait une table pour se mettre à couvert. Cependant, le squelette ne réagit pas assez vite.
Bob fut détruit en un instant. L’explosion pulvérisa la table en bois. Enialis ne put réagir et se prit le souffle en pleine face. Les flammes encerclèrent Alfan. Hélios se jeta à terre, les bras sur la tête pendant qu’Elise se recroquevillait dans son coin.
Ed Warm montait la garde à l’extérieur quand le mugissement de l’explosion le fit sursauter. Du toit s’envolèrent des flammes ardentes et toute la bâtisse trembla. Le cœur battant, il se précipita vers la fenêtre de la pièce principale. Il ne vit d’abord qu’une fumée noire s’en échapper. Il entendit plus qu’il ne vit Hélios se relever péniblement, toussotant et reniflant. Un peu plus loin, Elise se tenait contre un mur, hébétée. A quelque mètres à peine, un corps imposant gisait, entièrement calciné. Du moine et du squelette, il ne restait rien.
En se relevant, et constatant la disparition d’Enialis et d’Alfan, Hélios fondit en larmes. Elise regardait la pièce réduite en cendre, ne parvenant pas à comprendre ce qui venait d’arriver. Elle voulu s’approcher d’Alfan. Peut-être que sa magie pouvait y faire quelque chose ? Un souffle de vent la traversa et elle sentit comme un coup de poing dans l’estomac. Elle s’immobilisa quelque seconde. Des cendres lui tournaient autour. Comme si elles voulaient lui dire quelque chose. “Enialis ?” murmura-t-elle, mue par un espoir illusoire. Mais seul le silence lui répondit. Elle s’agenouilla alors près du corps du goliath. Hélas, la dépouille était trop endommagée pour qu’elle puisse y faire quelque chose.
Ed Warm contemplait le carnage sans rien y comprendre. Ses deux compagnons en état de choc ne pouvaient rien lui expliquer. Son attention fut attirée par un dessin dans la neige à ses pieds. Il semblait récent et ressemblait à l’objet qui venait d’exploser. Puis en dessous, apparurent des outils de forgeron, puis une forge, et enfin un livre. N’y comprenant rien, il reporta se phénomène à ses camarades. En larmes, Hélios ne put répondre. Elise balbutia en revanche comme un automate qu’il s’agissait de ce qu’ils avaient trouvés dans la forge à côté. Le rôdeur s’y rendit et trouva effectivement les objets dessinés, mais qu’en faire ?
La gorge nouée, la clerc regardait le lieu où avait disparu Enialis, se sentant aussi impuissante qu’inutile, quand dans les cendres, apparu un nouveau dessin de l’objet explosif et un signe assurant que tout allait bien. Hélios se ressaisi en voyant ça alors qu’un espoir fou naissait en lui. Il se releva et examina de plus près l’objet, pouvant même le prendre sans crainte. Il remarqua que les anneaux avaient les mêmes inscriptions, mais en regardant de plus près, il semblait en manquer un troisième ! Et d’un coup, il reconnu que les symboles étaient en lien avec une magie maniant le temps, mais l’objet n’avait pas dû être fait par un magicien très habile. Il manquait quelque chose : le troisième anneau.
Entrainant Elise derrière lui, il rejoignis Ed Warm et lui expliqua ce qu’il avait compris. Le rôdeur devait forger le troisième et dernier anneau afin de réparer l’objet. Peut-être que cela pourrait permettre à tout de rentrer dans l’ordre ? Le guide acquiesça et se mit au travail, alors qu’Elise se mettait à prier pour le bénir et faciliter son travail.
Après trois bonnes heures de travail, deux essaies ratés et une Elise ayant bien puisée dans ses forces magiques, Ed Warm parvint enfin à faire un troisième anneaux aux dimensions parfaites pour l’objet.
Hélios décida de retourner à l’emplacement de l’explosion pour tenter de tout régler. Il clipsa le dernier anneau et fit tourner l’objet. Elise, se tenant un peu plus loin dans la pièce, se rongeait les sang et pâli. Ed Warm restait en observateur plus loin, au cas où.
Dans le plan éthéré où ils avaient été projetés, Enialis et Alfan virent Macreadus leur sourire. Il avait enfin trouvé la paix. Son œuvre était achevé. Il leur assura que cet objet pourrait à présent contrôler le climat dans tout une région, mais qu’il n’était assez solide pour le faire qu’une seule fois. Lui pouvait enfin aller se reposer. Il souhaitait aux deux compagnons une bonne route et leur assura que la bénédiction de Lathandre les accompagnerait à présent. Il les invita aussi à vérifier que leur clerc fasse un bon usage de son médaillon de bonne santé.
Alors qu’Hélios mettait le dernier anneau en place, un grand vent souffla dans la pièce, soulevant les cendres qui s’animèrent, tournèrent sur elles-mêmes et prirent la silhouette d’un elfe élancé et d’un goliath imposant. Une seconde plus tard, Enialis et Alfan était de nouveau au milieu de leurs camarades. Hélios et Elise se jetèrent au cou du moine, leurs émotions se libérant à travers leurs larmes. Alors qu’il les rassurait, il se rendit compte malgré l’obscurité que la clerc semblait vraiment manquer de couleurs.