Shiba

La nature pacifiste des Isawa, née d'un désir compréhensible de maîtriser leurs pouvoirs formidables, est en décalage avec la culture martiale de l'Empire. En conséquence, ce sont les Shiba qui agissent en tant que généraux et soldats du Clan du Phénix. L'armée du clan est petite par rapport à celle des autres clans. Cependant, elle est aussi bien organisée, disciplinée et hautement qualifiée, grâce au dévouement des Shiba aux compétences martiales que les Isawa évitent.

Une expression particulière des Shiba en tant que guerriers, et pour laquelle ils sont renommés dans tout l'Empire, est celle de yōjimbō : des gardes du corps pour des samouraïs qui se battent rarement, voire jamais, comme les shugenja et les courtisans. Les yōjimbō Shiba s'entraînent longuement et étroitement avec ceux qui deviendront leurs protégés, au point que chacun connaît une grande partie de l'esprit de l'autre. Il est essentiel pour un yōjimbō de pouvoir détecter et réagir aux menaces tout en connaissant les actions que leur protégé est susceptible de prendre. Bien sûr, il y a un corollaire sombre à cela : un yōjimbō se sacrifiera sans hésitation pour garder son protégé en vie.

La famille Shiba aide également dans les affaires diplomatiques et économiques qui affectent le Phénix. Dans ce domaine, ils ont tendance à soutenir la famille Asako plus érudite, mais il n'est pas rare que des courtisans Shiba engagent d'autres clans dans des négociations liées aux traités, aux mariages inter-clans et aux accords commerciaux. À bien des égards, les Shiba sont la famille la plus mondaine et pragmatique du clan Phénix, mais cela est tempéré par une compréhension plus profonde de la religion et du spiritualisme que les familles plus martiales des autres clans ne possèdent.

En termes de culture et de traditions, les Shiba ont été forcés de suivre un chemin contradictoire. Ils sont des matérialistes pragmatiques dans un clan de spiritualistes ésotériques, et des guerriers compétents dans un clan qui embrasse largement le pacifisme. Cette nature paradoxale se reflète au sein des Shiba individuels. Beaucoup ont du mal à rester fidèles à eux-mêmes tout en faisant ce qui est le mieux pour leur clan. La solution à ce dilemme, les Shiba l'ont trouvée dans une dévotion au devoir qui est presque sans égal dans l'Empire.

Le cœur de ce paradoxe est, bien sûr, leur relation avec les Isawa, auxquels les Shiba sont farouchement loyaux. En même temps, ils doivent souvent lutter contre le ressentiment et la frustration de devoir traiter avec leurs compagnons de clan volontaires, parfois même arrogants. Il n'est pas rare que les Shiba murmurent sombrement que ceux dont les Isawa ont le plus besoin de protection sont eux-mêmes. Ils ne diraient évidemment jamais de telles choses à quelqu'un d'extérieur au clan ; peu importe à quel point leurs querelles internes peuvent être divisées et acrimonieuses, aux yeux de l'Empire, le Phénix présente toujours un front uni.

Ceci est important, car la direction du clan fait face à quelque chose qui n'existe tout simplement pas dans les autres clans : le débat. Non seulement le champion du clan, un Shiba, est subordonné au Conseil des Maîtres Élémentaires des Isawa dans la plupart des affaires, mais la position n'est pas héréditaire, ni aucune sorte de succession normale ne s'y applique. Plutôt, l'épée ancestrale du clan, Ofushikai—censée contenir les esprits de Shiba et de tous les champions du Clan du Phénix après lui—choisit le prochain champion parmi tous les Shiba ayant atteint le gempuku. Son choix est parfois un Shiba qui, étant jeune ou inexpérimenté, semble mal équipé pour faire face aux Maîtres Élémentaires orgueilleux. Mais la sagesse de l'épée n'est pas remise en question, et le nouveau champion doit apprendre à s'adapter et à grandir dans sa position, comme tous les Shiba doivent le faire.