On m’informe de la nécessité d’écrire un récit complet de notre aventure à des fins d’archivages, et mes compagnons sont appelés ailleurs par d’autres devoirs. Est-ce un examen d’entrée camouflé pour la patrouille ?
- Lilo
Une rencontre fortuite
Qui ne souhaite pas voir de ses yeux La Traverse, ville des Patrouilleurs, revenus sur notre île après des siècles d’absence ? En tout cas, je n’en fais pas partie. J’étais venue en espérant voir les représentants de ce mystérieux ordre en action, et je n’ai pas été déçue !
Quelques minutes à peine après mon arrivée en ville, je rencontre Pietr, Gwydolin Sera et Hilarius, qui préparent une « expédition » (le nom officiel des aventures officielles des patrouilleurs officiels… Mais j’imagine que vous savez ça si vous lisez ce rapport). Un contact dans une ville voisine a envoyé un message à la Patrouille : quelqu’un aurait vu, vraiment vu de ses yeux, un Capricorne. Il faut faire vite, car d’autres sont peut-être également sur la piste.
Maintenant, je sais ce que vous vous dites. Une sidhe qui vient de débarquer, tout le monde s’en méfie. Et bien pas les patrouilleurs. Et devant ma curiosité pour cette créature légendaire, ils acceptent que je les rejoigne dans cette aventure. Pardon, expédition.
Les patrouilleurs sont vraiment cools.
Partir là-bas
Nous prévoyons de nous mettre en route le lendemain matin, mais il y a un « briefing » (quoique ça veuille dire) et des préparations à faire avant. Par pour moi, je n’ai même pas eu le temps de défaire mon sac, mais je peux admirer l’efficacité de mes compagnons : on sent qu'ils ont l'habitude.
Gwydolin me décrit la ville de Port Salin, notre destination. Ils vivaient autrefois du sel et de la pêche, mais se sont fait embrigader dans un culte. La créature qui le menait a été tuée par les patrouilleurs, et depuis la ville est devenue une cité franche pirate.
Etrange histoire, et je commence à comprendre pourquoi les Patrouilleurs ont une telle réputation de fouille-m… hmm… rapport officiel. Continuons. Même si honnêtement vous devriez être un minimum au courant de votre réputation.
Hilarius, le vieil impérial qui nous a parlé du sujet, nous donne des détails. Le Capitaine James de Val Fleuret (une ville du continent) a envoyé aux patrouilleurs un message : il a rencontré quelqu’un qui a vu un capricorne, Sidri. C’est le capitaine du Faucon – un super nom ! – qui a apparemment fait des choses utiles pour la Patrouille avant. Il considèrerait qu’il a une dette envers la patrouille parce qu’il a été super bien payé pour un travail au final facile… Moi je crois plutôt qu’il veut la gloire de ramener un capricorne. Et l’alliance de la patrouille.
Hilarius vient avec nous et traite un peu mon groupe comme des enfants. J’ai du mal à estimer l’âge de Pietr, mais je suis presque certaine que Gwydolin est majeure. Etrange, mais ça ne semble pas les gêner plus que ça.
Apparemment les patrouilleurs ont un « scaphandre », une armure eressienne qui peut permettre de respirer sous l’eau. Gwydolin s’assure qu’on a tout ce qu’il nous faut avant le départ, et fait aussi préparer des potions de soin et des potions d’apnée.
Pietr a entendu d’autres légendes sur le capricorne : ça n’est pas du lait qui sort des pis, et ça n’est pas forcément quelque chose qui guérit non plus. On ne sait plus trop quoi croire, mais on part le chercher dans tous les cas. Et puis personne n’en a vu depuis des générations humaines, rien que pour ça ça vaut la peine d'aller le chercher !
Volatiles incongrus
Le voyage est rapide et on arrive rapidement à Port-Salin. Un seul mot pour la décrire : coloré et bruyante. La foule est diverse et on voit une quantité incroyable d’animaux exotiques : oiseaux multicolores, serpents…
Pietr tape la discute avec un oiseau coloré qui répète des insultes en commun (oui parce qu’il parle oiseau, pas juste rat et fourmi apparemment, il est doué ce petit), et fait un pari avec sa propriétaire : si l’oiseau vient avec lui, il le récupère. Sinon il deviendra mousse sur son bateau. Au final il s’en sort je ne sais pas comment en ayant juste perdu 20Po.
Hilarius l’engueule et nous redirige vers le capricorne. Malgré son nom, il n’a aucun humour. Il m’apprend aussi que Pietr est atteint de corruption… Je comprends mieux pourquoi cette expédition est si importante pour la Patrouille.
Aux quais, il y a plusieurs bateaux absolument immenses, et le Faucon en fait partie. Il a à la fois des rames et des voiles, incroyable. Le capitaine James, poli mais au physique qui n’inspire pas particulièrement confiance, nous salue. Il nous présente Ser Romuald, un vieil homme en armure, et mentionne le sidhe de l’équipage, Faelar. Ils l’auraient recruté récemment à Y'l Inmedoreï, la capitale sidhe.
Un interrogatoire salé
James nous guide vers une cabane de pêcheur dans lequel le témoin du Capricorne devrait nous parler. Il devait avoir un membre d’équipage devant, qui étrangement n’est pas à son poste. Ser Romuald défonce la porte, et on trouve deux personnes au sol : un jeune mousse mort éventré et un marin à la gorge tranchée, dans une marre de sang. Gwydolin se précipite sur lui et utilise la lumière du soleil pour refermer sa plaie. Il est hors de danger, mais on réalise qu’on lui a aussi coupé la langue.
Pietr analyse la situation : ils ont tué le mousse puis fait une clé de bras, interrogé Sidri, puis tranché la langue et la gorge. Il trouve aussi une plume de corneille dans le sang. James nous informe que le groupe de Crelxa a quelqu’un qui se transforme en oiseau, et ils ont des moyens de faire parler les gens. Ah et ils ont un dragon tortue aussi. Sympathique.
Je m’inquiète un peu pour Pietr dont les yeux brillent au nom de « dragon-tortue ». Qu’on soit clair, je respecte énormément son affection pour les animaux, mais j’ai pu voir avec le perroquet que ses choix ne sont pas toujours objectifs et rationnels en la matière. Je dois aussi préciser que le dragon-tortue n’est pas un dragon, juste une tortue qui fait la taille d’un dragon (même si ça dépend des dragons, mais on ne va pas rentrer dans ces détails). Ça reste impressionnant et extrêmement rare, on est d’accord. Mais au moins ce truc là ne va pas empoisonner les meilleurs bains de la ville…
Sidri nous montre une grosse trace de morsure sur son épaule, qui saigne encore un peu, mais qu’on ne reconnait pas. Ratus parle d’odeur de sel. Sidri, maintenant muet, gesticule, mais on peine à le comprendre. On finit par abandonner et l’emmener – avec son accord – vers le Faucon (j’adore ce nom). Cap au sud !
Le dernier vol du Faucon
On croise Faelar, le sidhe de l’équipage. Gwydolin le reconnait : il est de la famille Olonorin (une des 5 puissantes maisons sidhes, comme la famille Sera) et est un proche de son chef de famille (un des anciens sidhes, qu'on dit fondateurs de notre race... que ça soit vrai ou pas, ces cinq anciens ont beaucoup de pouvoir à Y'l Inmedoreï). Mais il réagit très mal à la salutation formelle de Gwydolin et ne nous dit même pas bonjour. Il ne semble pas très porté sur les traditions.
Sidri dessine un poulpe, un poisson long et un bonhomme-baton. Gwydolin trouve la réponse : des sirènes ! Qui ont le capricorne et l’ont mordu. Il a l’air fier de s’en être sorti. James confirme qu’il y a des sirènes dans le coin, qui ont fuit un peu à cause du poison dans le marais (je les comprends). Mais tous les marins de la région ont quand même des bouchons d’oreille, au cas où.
Malgré ma splendide suggestion d’attacher quelqu’un au mat pour nous prévenir lorsqu’on entend leur chant, on décide plutôt de tous se boucher les oreilles et de faire confiance à Ratus pour nous guider vers les sirènes.
On voit au loin une île avec de hautes falaises, à côté d’une île plus petite faite de de sable avec un bateau échoué. Sauf que le dos de la petite île est celui d’un dragon tortue ! Même si je n’ai pas la passion de Pietr, je dois reconnaître que c’est super cool comme créature. James nous confirme que c’est le bateau de Crelxa, et que la présence du dragon-tortue a probablement fait fuir les sirènes (les pauvres, elles n’ont pas de chance avec les « dragons », vrais ou faux).
On comprend que Sidri s’est fait embarquer par des sirènes à proximité de l’île. Il ne sait pas exactement où elles l’ont emmené, mais c’était à proximité du capricorne. Il nous fait comprendre qu’il y a un accès par le centre de l’île, et un par l’extérieur, sous l’eau.
Les hobgobelins tentent d’escalader la falaise, sans beaucoup de succès. D’autres semblent détacher le bateau du dos de la tortue. Nous ne savons pas ce qu’ils préparent, mais sans aucun doute rien de bon…
Sous l’océan
On met une barque à l’eau, et Ser Romuald nous amène jusqu’au côté Nord de l’île, caché du dragon tortue et de l’autre bateau. Gwydolin met le scaphandre pour sonder – sa maîtrise de la lumière lui permettrait d’identifier l’entrée… Incroyable. Elle remonte et nous indique un passage. On boit nos potions et on plonge.
Le passage est sinueux et assez long. L’eau devient un peu plus chaude. Je me rends invisible lorsqu’on commence à voir l’autre bout. On arrive à une sorte de crique fermée mais à ciel ouvert, et trois sirènes se dirigent vers nous. Elles ont d’étranges appendices, entre poulpes, poisson et homard. Gwydolin s’interpose et tente d’expliquer qu’on vient en paix, ce qui les arrête.
Le sol est jonché d’objets, pièces d’or, armes, vases, amphores… Les sirènes semblent protéger quelque chose au centre de la crique. Certains de leurs membres sont atrophiés, comme si elles étaient malades. Elles sont débordées, elles s’attendaient à une attaque de l’équipage du dragon-tortue et cherchent à savoir si on est une plus grande menace ou pas. Gwydolin leur propose de les aider à les défendre contre les pirates, et elles semblent accepter. Pendant qu’ils papotent, je contourne les sirènes. Au centre de la crique, il y a un gros monticule avec des coffres. J’ai vu quelque chose passer : le capricorne !
Quelque chose (le dragon-tortue, probablement) tape violement sur l’une des 2 autres entrées, faisant trembler l’île. Au même moment, des hobgobelins apparaissent autour du cratère. On doit se séparer : Toujours invisible, je monte intercepter les hobgobelins et Pietr demande à Ratus de m’accompagner. Pietr et Gwydolin vont gérer le dragon-tortue dans le tunel. Romuald et les sirènes nous attendent en bas, prêts à défendre la crique.
Combat sur trois fronts
Gwydolin et Pietr nous font gagner du temps. Elle fait une barrière pour arrêter le dragon-tortue, qui a passé sa tête dans le trou.
Pietr en profite pour parler au dragon-tortue. Très vénal, il est attiré ici par une odeur : celle de l’or, et demande à Pietr d’arrêter la barrière. Pietr lui donne 3Po, mais à la dernière la tortue la fait tomber et demande à Pietr de s’approcher encore un peu. Il réussi agilement à lui donner sans se faire mordre. Une mouette (probablement Crelxa) a piqué près du dragon tortue et il a reculé avec « un sourire en coin » selon Pietr. Les pirates préparent quelque chose, mais avant que mes camarades ne puissent comprendre quoi, le dragon-tortue prend une grande inspiration et souffle de l’eau bouillante, blessant Gwydolin au passage. Il part ensuite, avec la mouette.
Pendant ce temps, on escalade rapidement la falaise avec Ratus et on se faufile derrière les pirates.
Pietr m’a dit que son rat était intelligent et me suivrait, alors je lui donne un bout de corde et je lui fais signe. Et il a compris ! Chacun tenant une extrémité, on dévale la pente et on fauche deux des hobgobelins, qui tombent en contrebas là où Ser Romuald les attend. Le troisième m’attaque, mais Ratus me défend. Quel rat intelligent ! Je fais tomber l’hobgobelin et permet à Ratus de le terminer en attaquant la jugulaire. On réalise qu’un des deux s’est relevé et commence à préparer un sort d’éclairs. Pas bon ça, surtout dans l’eau. Je l’abats d’une flèche.
L’autre échappe à Ser Romuald et part en courant, mais se fait courser par Ratus. Il tombe dans l’eau. J’arrive en bord de falaise juste à temps pour voir Ratus qui achève le marin dans l’eau. Brave bête. Je descends une corde pour l’aider à remonter, ce qu'il semble apprécier.
Malheureusement, je vois au loin une troisième bataille, qui tourne mal pour nos alliés. En remontant Ratus, je vois le Faucon se faire couler.
On motive les sirènes pour défendre notre équipage et couler le bateau adverse. Sur les dos des sirènes, Gwydolin utilise ses attaques de lumière tandis que Pietr et moi attaquons les pirates à l’arc. Les sirènes attaquent le dragon-tortue tandis que Ratus se glisse dans ses blessures du dragon pour le grignoter de l’intérieur. Crelxa tombe, puis les pirates et enfin le dragon tortue.
Nous avons gagné, mais Hilarius et beaucoup de membres d’équipage du Faucon sont malheureusement décédés. Le capitaine James réquisitionne le bateau adverse pour remplacer le sien.
Combattre le mal
Les sirènes nous raccompagnent à la crique. Pietr « montre » sa corruption – une grosse cicatrice dans le ventre. Les sirènes nous mettent en garde par geste mais préviennent Pietr qu’il doit se tenir prêt, même si elles vont le soutenir. Elles forment un cercle avec le capricorne au centre. Il s’approche de Pietr et lèche sa blessure, qui disparait. Le capricorne ondule et de ses pis sort une substance noirâtre. Les sirènes se préparent au combat, et nous aussi. Une étrange créature en sort, que nous parvenons à tuer.
Nous apprenons ainsi que le capricorne matérialise les maladies sous forme physique : c’est une guérison, mais il faut affronter ses propres démons.
Nous comprenons que les sirènes sont redevables et acceptent d’aider d’autres gens, tant que l’un de nous est avec eux. Cette crique est un lieu de pèlerinage pour les sirènes qui viennent de loin s’y faire soigner, et celles que nous avons aidé transmettront le message aux leurs.
James récupère un bateau et accepte de garder le secret sur le lieu.