« Partage la chaleur ou meurs de froid. »
— Proverbe typique ussuran


Depuis ses hauts pics neigeux jusqu’à sa mer intérieure en passant par ses plaines vallonnées, les hommes et femmes du peuple théan considèrent l’Ussura (se prononce « ou-sou-ra ») avec pitié et mépris. On y pratique une religion d’arriérés, dit-on, et ses habitants sont des rustres. Ils dansent sous la lune flamboyante près de grandes rivières et ne se soucient aucunement de se comporter en personnes civilisées. Qui plus est, les nobles se conduisent aussi mal que les roturiers. C’est évident : l’Ussura n’a pas d’avenir.

Mais au milieu de leur discours, leur regard se fait craintif, et lorsqu’ils arrivent en vue du paysage neigeux, même le plus courageux des marchands baisse la voix. Car les forêts de l’Ussura peuvent entendre tout ce qui se dit.

Tard la nuit, lorsque le vent descend des montagnes en hurlant et file à travers les épaisses frondaisons, les familles se réunissent autour de la cheminée et se racontent des histoires sur les « Leshiye », des esprits ancestraux enclins à bénir aussi bien qu’à maudire. La plus puissante d’entre eux se nomme Matushka. Elle arpente les forêts son balai en main, et si elle trouve de jeunes enfants loin de leur foyer, elle les y renvoie d’un coup de balai avec un rapide « Tsk, tsk. » S’ils ne la traitent pas avec le respect qui convient, elle les jette dans son chaudron noir et s’en fait un ragoût. L’Ussura n’est pas un pays généreux. Ce n’est pas un pays doux. Mais ses habitants ont le cœur généreux, doux et humble, forgé par les dures leçons des hivers ussurans.


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