GM : Unknown
Participants :
Bartok - Sac à puces, Orisha et Andrej Vitek partent à la recherche d'un lieu magique, un nexus présent loin à l'Est. Rapidement, ils se perdent dans d'épaisses brumes et croisent la route d'un village occupé par les orcs. Des archers issus du village, Bertannus et Yve, les accostent, et ensemble, ils décident de libérer une magicienne prisonnière. En usant de bluff, les Héros sauvent Adhélina des griffes des orcs.
À ceux présents et à venir, salut !
Sous le mandat de …euh… la Liberté ! Sous son mandat, donc, je me présente ici comme ">Bartok - Sac à puces], héraut du passé, conteur des séries.
C’est un peu ronflant peut-être, mais je n’ai pas encore eu le temps de changer toutes mes formules. Bon, en attendant je vais entamer pour vous le récit de notre courte épopée.
Les membres du manoir entendirent parler à plusieurs reprises à Eaux-vives d’une légende persistante : un lieu, quelque part à l’Est, qui aurait été empreint de magie après le combat épique d’un héros. En un mot : un nexus ! Une mine de pouvoir qui justifiait amplement que trois d’entre nous décident de creuser un peu plus cette affaire : votre serviteur, la sorcière orc ">Orisha], et le colporteur humain ">Andrej Vitek] décidèrent de s’y atteler.
Évidemment cette aventure ne pouvait que commencer par la consultation de notre atout le plus précieux : notre bibliothèque. J’y ajouterai bien de nouveaux volumes, mais pour le moment ce que nous avons est déjà très intéressant.
Farfouillant à l’intérieur - au sens propre comme figuré - je réussis à exhumer un légendaire très intéressant nous donnant plus d’informations. J’en fis aussitôt la lecture à mes compagnons :
Sur les plaines de Bordéren, juste à l’ouest de la forêt Désolée, pousse un buisson de hautes herbes qui a une signification sacrée pour les tribus de halfelins qui vivent sur ces terres. Au Temps des années, avant la chute d’Izrador, un guerrier halfelin combattit avec Keela, la Mère spirituelle, contre un démon si terrible que même cette dernière n’aurait pu le détruire seule. Le halfelin, Utham le Chasseur, fut mortellement blessé durant l’affrontement ; là où son sang toucha la terre, l’herbe se tacha de violet, la couleur qui, pour les halfelins, symbolise une mort courageuse.
Cette information capitale nous permit de placer le nexus approximativement sur la carte, c’est-à-dire LOIN. Très loin. Quoiqu’il fût inenvisageable de faire le voyage d’une traite, nous décidâmes de tenter de reconnaître une partie de la route. À nous d’ouvrir la voie de l’espoir ! Cette perspective sembla éprouver Andrej, malgré son air féroce, alors qu’Orisha fit une moue blasée. J’eus une pensée pour Hactaratcah, lui qui ne rêvait que de sortir en campagne.
Nous discutâmes ensuite du meilleur trajet, pour décider de couper vers l’Est en direction d’un des affluents de l’Eren, que nous pourrions ensuite emprunter pour descendre plus vite. De plus Andrej, en bon colporteur, avait entendu parler d’une communauté de bûcherons dans un petit bois sur la route : ce serait là une bonne occasion de voir si nous pourrions nous mettre cette communauté dans la poche ! La suite s’avéra un peu plus compliquée, hélas pour eux et pour nous.
Orisha fut tout de suite reconnu par Andrej et moi comme notre guide à travers ces contrées désolée. Après tout c’était une orc, elle devait donc être à son aise dans ces environnements sauvages ! Vous ai-je dit qu’elle avait une main coupée dans sa besace ? Un saucisson je veux bien mais une main… Enfin, notre décision fut aussi infaillible que son instinct, et nous serions bien vite arrivés à bon port si nous n’avions été perdus rapidement dans d’épaisses brumes.
Ne voyant rien à une dizaine de pas, j’entendis tout de même des râles hélas trop familiers : des forcenés erraient dans la forêt, dont nous approchions la lisière. Nous décidâmes prudemment de retourner sur nos pas, pour plutôt filer en direction de l’Est, dans les plaines. Nous tombâmes de peste en choléra : dans les hautes herbes nous repérâmes un guépard, ou quelques gros félins du même genre. Quelque chose de ma taille, mais avec de plus grosses dents. Peu enthousiaste à l’idée de tenter un dialogue, Andrej jeta une ration à la bête, et nous nous éloignâmes prudemment.
Après avoir pris nos distances, nous décidâmes de planter le camp à l’abri du vent. Nous creusâmes un foyer discret, et Andrej et moi tentâmes de poser des collets dans les environs. Par chance aucun de nous ne se tordit une cheville en le faisant, et le lendemain nos collets n’avaient rien attrapé - pas même un rhume.
Nous nous remîmes en route pour finir par apercevoir un village ceint de palissades. Ses portes s’ouvrirent pour laisser place à une épaisse colonne d’orcs et de prisonniers humains marchant en direction de la forêt : notre village de bûcherons était en bien mauvaise passe ! Plus d’une centaine d’orcs les accompagnaient.
Orisha apprécia la situation d’un œil expert, grognant à sa façon quelques commentaires : il s’agissait de membres de la Légion de l'Epée Sanglante, dont l’étendard flottait sur les portes. Renonçant à investir un village sous si bonne garde, nous décidâmes de le contourner.
Approchant de la route et de la rivière, nous fûmes alors surpris par deux archers, qui nous menacèrent de leurs traits. Ignorant leur mise en garde, Orisha se retourna pour leur faire face alors que je levais prudemment les mains et qu’Andrej semblait aussi pétrifié qu’un lapereau de deux semaines.
Choisissant nos mots avec soins, nous comprîmes qu’ils étaient aussi des ennemis des orcs et qu’ils cherchaient à libérer une camarade du village. À découvert au milieu de la route, nous eûmes une discussion un peu surréaliste sur la magie, les orcs et leur chance de libérer leur camarade.
Alors qu’Andrej était en train de leur souhaiter bonne chance pour prendre congé, ils avouèrent que leur camarade maîtrisait les arts sombres - la nécromancie. L’intérêt d’Orisha s’enflamma tout d’un coup, et il nous sembla alors que tenter de la libérer pourrait valoir le coup. La sorcière orc s’enhardit, et demanda aux deux archers une contrepartie : qu’ils nous assurent un campement sûr à travers cette région pour nous et nos amis. Et des chemins discrets, ajoutais-je. L’affaire conclue, nous mîmes au point notre plan suicide. Après avoir envisagé plusieurs scénarios, nous décidâmes qu’Andrej ferait croire qu’il appartenait à l’Eglise d’Izrador et qu’il avait été mandaté pour prendre en charge la prisonnière. Orisha essaya de lui tailler un insigne de chasseurs de sorcières, mais il ressemblait plus à une chèvre mutilée qu’à l’insigne terrifiant que nous avions en tête. Nous laissâmes tomber cette partie du plan.
Les deux archers, un peu dépassés, approuvèrent. Ah oui, ils s'appellent ">Bertannus] et ">Yve]. La nature est parfois bien injuste, que voulez-vous. Leur amie s’appelait ">Adhélina]: âgée, dorniene, vêtue de fourrures, les cheveux bruns.
Sur ce, nous retournâmes au village. Andrej se métamorphosa sous mes yeux : de la créature veule et fragile qu’il avait été jusqu’ici, il devint un être plein de morgue, au regard d’acier. Je l’époussetai tandis qu’Orisha lui redressait les épaules (je crus d’abord qu’elle voulait lui tripoter les fesses avec sa main de cadavre). Pour accroître ses chances je tentai de lui prêter mon magnifique chapeau à galons, mais il refusa. Orisha mit son ancien insigne de la légion pour se faire passer pour l’escorte de notre petite troupe, alors que je décidai de jouer le rôle d’un petit scribe hargneux, aussi improbable cela soit-il.
Nous arrivâmes devant le village, et les portes s’ouvrirent pour laisser la place à un imposant orc en armure de plate, la tête aussi épaisse qu’une souche. Andrej annonça alors qu’il avait été envoyé pour transférer la prisonnière. Quoiqu’initialement dubitatif, l’orc semblât assez vite blasé, voire ennuyé par le boniment de notre colporteur, et décida de nous laisser entrer. Les prisonniers, nous prévint-il, étaient toutefois dans la forêt et il nous faudrait les attendre.
Seuls restaient des enfants et des vieillards dans le village, surveillés par quelques orcs. Andrej ordonna à un enfant de lui apporter de l’eau avec un ton sec, et le pauvre garçonnet s’empressa d’obéir, lui ramenant une outre avec difficulté. Peut-être que lui flanquer un coup de pied aurait pu compléter le tableau, mais Andrej resta sobre.
Orisha, pendant ce temps, attrapa un vieux par le col pour lui demander où était Adelina. Nous découvrîmes alors qu’elle était sur place, dans une cage que nous nous empressâmes de rejoindre. Au moment où nous découvrions sa silhouette, ramassée derrière des barreaux de bois, on entendit le convoi de prisonniers sortir de la forêt au loin et se rapprocher du village. La sueur au front, nous poussâmes notre avantage.
Andrej annonça au garde orc que nous prenions la prisonnière immédiatement, d’un ton sans appel, envoyant Bertanus et Yves la saisir. Orisha les prit de vitesse, et faisant un signe de connivence à la prisonnière, la fit sortir de sa cage. Son air étrange à ce moment aurait déjà du me mettre la puce à l’oreille.
Les jambes tremblantes nous prîmes la direction de la sortie. En face de nous, sur la route, arrivait une centaine d’orcs et leurs prisonniers. Nous obliquâmes vers l’Ouest en tentant de garder notre dignité, mais à ce moment un “Halte!” rugit avec force de la colonne. Orisha s’arrêta comme un automate, alors qu’Andrej se retourna, les fesses assez serrées pour transformer un kilo de noix en un litre d’huile.
Si le chef orc du village ressemblait à une souche, celui-là était le tronc. Il nous somma de nous présenter et de décliner nos intentions. Andrej se dépassa. Utilisant toutes ses ressources, il dégagea une assurance que je ne lui avais jamais vu. Nous crûmes quelques instants que cela ne suffirait pas, mais l’orc finit par approuver, et nous pûmes nous éloigner, non sans pousser un énorme soupir au bout de quelques pas.
Adhélina put alors nous en dire plus. Cette femme étrange, à l’air malsain, pour ne pas dire tout à fait folle, raconta ses dernières journées sous le regard terrifié des deux archers, atterrés de moi et Andrej, et admiratif d’Orisha. Elle expérimentait un rituel d’ampleur dans la forêt quand elle fut capturée par les orcs. Ces derniers abandonnant les corps brisés des bûcherons dans une fosse, les bois se remplissaient de forcenés. Des êtres merveilleux selon la malade que nous avions libérée, et elle se promettait de relever tous ceux de la fosse.
Orisha et elle évoquèrent la possibilité de libérer le village avec une armée de morts-vivants, mais les archers arguèrent qu’il fallait mieux attendre que plus de villageois meurent pour rendre le rituel plus intéressant.
Il me semble qu’Orisha se retint avec peine d’applaudir à cette idée, pendant qu’Andrej et moi échangions du regard pour partager notre stupeur. Je demandai à Adelina s’il ne valait pas mieux tuer tout le monde tout de suite, et elle trouva l’idée plutôt bonne : “Il faut faire des expériences” me répondit-elle. Sous mes questions elle évoqua aussi une amie de son village qui elle avait décidé d’explorer le chemin de la vie. Une certaine Samsi, qui habiterait maintenant du côté du village de la souche fendue. Désormais certain qu’il n’y avait rien à tirer d’Adelina, nous décidâmes de couper court. Les deux archers convinrent de tuer pour nous le guépard de la veille et nous donnèrent suffisamment d’informations pour les retrouver dans un réseau de cavernes, près de la rivière. Je vous épargnerai le récit de la scène où Andrej massacra la peau du guépard pour tenter de la récupérer. C’est déjà un miracle qu’il ne se soit blessé.
Enfin c’est avec un immense soulagement que nous appretâmes à prendre congé, jusqu’au moment où Orisha se retourna vers nous, l’air solennel : elle resterait ici, avec Adelina, pour apprendre les arts sombres. Choqués, Andrej et moi prîmes acte, et décidâmes de rentrer à Eau-Vive.
Cela fut vu et entendu, et cela est maintenant écrit.
Bartok.