1. Journals

(E10) Trois résistants et un halfelin

Salut, c’est moi, Narli ! Ça faisait longtemps ! Où j’étais passé ? Je bricolais dans la cave. J’ai demandé aux costauds de la bande de l’agrandir un peu pour y coller un alambic, et j’ai concocté un peu d’alcool d’épluchures de légumes. Bon, y a encore quelques détails à régler, comme le léger risque de cécité temporaire. Mais j’ai trouvé une solution : suffit d’en boire avant de se coucher ! On s’en fout de pas voir quand on a les yeux fermés ! T’en veux pas ? T’es sûr ?

C’était quoi ta question déjà ? Ah, oui, la semaine dernière. Faut que je remonte plus loin pour que tu comprennes. Y a quelques semaines, Trysselia avait rencontré une bande d’allumés qui voulait faire péter toutes les distilleries de la ville. Rien que ça. C’est vrai que ça aurait de la gueule, mais ça tuerait un paquet d’innocents, et c’est pas le meilleur moyen de faire pencher la population dans notre camp. Avec Stepan, elle les avait convaincus qu’il serait encore plus efficace d’empoisonner au laxatif toute la production d’alcool destinée aux légions d’Izrador. Les fanas du dieu Galahan ont accepté, on a bricolé le produit, il était temps de livrer. Avec Bartok et Trysselia, on a chargé les tonneaux sur une charrette, et comme je suis le plus dégourdi du lot, je suis parti en éclaireur. J’ai bien fait, la maison abandonnée où se trouve le tunnel était plus vraiment abandonnée : deux gnomes, trois humains, deux halfelins, en train de retaper la baraque !

Je suis rentré dans le chantier en gueulant qu’ils avaient rien à faire chez moi ! J’sais pas pourquoi, ça paraissait une bonne idée sur le moment. Ça a plutôt bien marché : Mine, le chef de chantier a gobé mon histoire comme quoi j’avais acheté la maison pour une bouchée de pain à un poivrot dans un bar. Apparemment Mine bosse pour la Famille Eau-Vive. Bref, j’ai pu visiter et vérifier que le tunnel était accessible, et que le chantier serait vide le soir, tout en renvoyant mes acolytes au Manoir de Terzen.

Pour passer le temps en attendant la nuit, on s’est rapprochés du stade. Y avait des combats dans l’arène, un genre de répétition pour des jeux quinze jours plus tard. Pour que les gens s’amusent, tout ça. À l’intérieur du stade, ça montait des arènes, et les gradins peuvent accueillir beaucoup de monde. J’ai repéré quelques gros parieurs, du genre à jauger les combattants.

On a réfléchi à ce qu’une telle occasion pour représenter pour la Résistance : gagner du fric en pariant, truquer des combats, envoyer des camarades se battre, libérer des esclaves, profiter des jeux comme diversion pour nos plans, ou cramer l’église d’Izrador…

Bon, dès le chantier libéré, en début de soirée, on a ramené les deux tonneaux de poison. J’ai filé un coup de main à Trysselia pour pousser la grosse pierre, qui bloquait l’entrée. Ça m’a rappelé ma jeunesse dans les mines sarkozéennes. C’est là que j’ai rencontré ma première femme. Nan, pas l’empoisonneuse, ça c’était la deuxième. Mais arrête avec tes questions, je raconterai ça une autre fois, faut pas que je me disperse.

Trysselia est monté dans leur repère, puis est redescendue avec un type en armure, raide comme la justice et triste comme un jour sans gnôle. J’ai essayé de le faire causer un peu, et je dois dire que c’est le pire fanatique que j’ai rencontré. Ils comptent empoisonner la prochaine livraison d’alcool aux légions, ça OK, mais toutes les suivantes aussi ! Dès le début je le sentais déjà pas ce type, et j’avais bien raison : au moment de se séparer, il a refusé le verre de l’amitié. Mais on me la fait pas, à moi. Je me suis assuré que la tradition était respectée, et j’ai bu son verre en plus du mien. En repartant, on était pas mal inquiets que lui et son équipe prévoient un gros coup qui nous poserait problème.

On allait ressortir dans la maison en chantier, quand on a entendu des pas dans le sous-sol, qui se sont enfuis en courant. Trysselia a fait sa maline avec ses longues jambes, mais s’est cassé la gueule en grimpant à l’échelle. Heureusement que Bartok et moi on est plus agiles. Une fois à la surface, j’ai repéré le fuyard : c’était ce petit filou d’Edwin !

Il cherchait une caisse de livres pour la Famille Gros-Temps, qu’a été égarée avec une livraison de matériaux. Donc il visitait le chantier à tout hasard. Le nabot travaille comme espion pour les Gros-Temps, parce que personne ne fait attention à un gamin halfelin. Bon, il a promis de parler à personne de la Résistance, mais c’était pas clair dans sa tête. Genre il pensait que tous les hors-la-loi sont des Résistants. Je lui ai interdit de prononcer le mot « Résistant », et de plutôt parler de gens qui aiment la cuisine sarkozéenne. Probablement pas mon meilleur conseil, il avait l’air encore plus embrouillé qu’avant. Il s’est bien remplumé, depuis qu’on l’a livré au manoir. Et sa sœur va bien aussi. Comme quoi, j’avais raison, il est bien traité. Faudra que je le dise à Rugo et Obron

Bon, j’dois t’laisser, j’ai rendez-vous avec Bartok. Depuis que le démon m’a ensorcelé dans la forêt, je fais des cauchemars horribles, et même ma gnôle qui rend aveugle m’a pas guéri. D’après le joueur de flûtiau, sa musique pourrait m’aider. Et c’est vrai que je dors mieux. Peut-être parce que je cauchemarde avant de dormir, quand je l’écoute…

Ah, tiens, j’te laisse un peu de lecture. C’est le journal d’un des fanatiques, que Trysselia a trouvé dans un tunnel. Ça en dit long sur leur état d’esprit…


5 de l'arc de Shareel, 101 du dernier âge

Ma rencontre avec Astrid. C'est ça qui m'a poussé à écrire un journal.
Cette femme, que son dieu la bénisse a été une source de lumière qui est arrivée dans ma vie.

Elle et son groupe, tous ceux qui croient comme elle en Galahane, ont saboté une carrière dans la région de Cambrial. J'y étais enchainé, résigné à y finir ma vie... et je les ai surpris en pleine nuit lors de leur action. Alors j'ai fait un choix.

Je n'avais plus grand espoir, enchainé comme j'étais. Alors je les ai aidés, quitte à y perdre ma vie.
Alors que le feu prenait, enfumant l'entrée de la carrière et tous ceux qui y vivaient, un garde a réussi à me planter une flèche dans le dos.

Les croyants voulaient m'abandonner. Astrid a refusé, et a fait ce qu'elle a pu pour m'aider.

Que son dieu la bénisse.



16 de l'arc de Shareel, 101 du dernier âge

J'arrive de nouveau à marcher.
Je fais de mon mieux pour me faire à cette nouvelle vie. Une vie cachée, certes. Mais une vie libre.
Galahane, ce dieu qui ne parle pas depuis presque un millénaire. Je suis assez sceptique. Mais elle a su rassembler mes sauveurs, et rien que pour ça, je vais me convertir.

Eleanor a essayé de me parler de cette foi mais elle est clairement plus à l'aise pour enseigner l'art de l'épée. Mon intégration au groupe est assez complexe. Je sens clairement que je ne suis pas à ma place. J'aimerais tellement pouvoir les aider.



20 de l'arc de Doshramm, 101 du dernier âge

J'aurais voulu écrire plus. Mais entre ma convalescence, le trajet sur les routes et la peur des autres que je me fasse attraper à tenir un journal, je préfère le cacher.

Je suis aujourd'hui dans une cabane portuaire sur les rives de l'ardune.
Un bateau doit bientôt arriver, pour nous prendre à notre bord.

Je ne sais pas où on va. Mais je me doute de la raison. Si Galahane est mué, ses croyants s'efforcent d'être actifs. Ou du moins, ceux que je côtois.

Lofir a décidé de nos prochaines actions. Une ville vers le nord, à ce qu'il dit. Une autre action violente, comme celle de la carrière d'où ils m'ont tiré.


3 de l'arc de Sahaad, 101 du dernier âge

Nous avons une nouvelle maison. Une petite ville, appelée Eau-Vive.
Je n'aurais jamais cru voir ça de ma vie. La vie y est tellement tranquille...

Pas de légions orc. Quelques gardes, mais qui ne sojnt pas très regardant. On a réussi à entrer dans la ville par la grande porte!

Lofir affirme que c'est ici un vivier de ressource pour les légions d'Izrador, et que nous nous devons de détruire l'endroit.

Nous dormons pour l'instant dans l'auberge du tonneau qui roule. Lofir et Astrid ont des contacts dans la ville. Ils cherchent une maison dans laquelle nous pourrions nous cacher pour préparer nos actions prochaines.


15 de l'arc de Sahaad, 101 du dernier âge

Je vais vomir.
j'ai vu beaucoup de choses dans ma vie. Beaucoup d'horreur.

Mais je n'avais jamais participé à un interrogatoire. Enfin... à une torture.

Ils étaient 4. D'une façon ou d'une autre, Lofir les avait entourés dans les souterrains auxquels nous avions accès via notre nouvelle maison. Ils étaient 4... et Lofir en a tué un.Je n'ai pas osé l'arrêter. Dans ces yeux... Je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie.

Lofir en a tue un. On a assommé les autres avec Eleanor.

Je... Il nous faut les adresses. Les adresses des distilleries de la ville. Et aussi des informations sur les gens qui y travaillent, les patrouilles, sur la garde...

Nécessité fait loi... Enfin, je crois?
Pour combattre Izrador... pour combattre des monstres, il faut en devenir.

Nous savons maintenant ou on dot frapper.
Une fois qu'on aura terminé avec eau-vive, on partira. On ira autre part.
Une autre ville. D'autres actions à mener. On ne gagne pas une guerre sans sacrifice.

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