Tout laissait croire que la jeune Ida aurait un destin tout tracé. Née dans le Sussex britannique d'une mère professeure d'origine française et d'un père industriel d'origine danoise, c'est en enfant comblé que Ida a commencé son existence.
Sa mère, Anasthasie de la Borde, pendant ses études supérieures de lettres et d'anthropologie à la Sorbonne , épousa par passion un jeune aristocrate danois issu d'une famille d'armateur, Gustav Van Kamp, installé à Paris et admis à l'Ecole des Mines. Seule l'aisance financière de leur lignée leur permis de braver les codes. Jeunes diplômés, les Van Kamp s'installèrent en Angleterre, Anasthasie ayant obtenu une chaire de Professeur de français à l'Université de Cambridge et Gustav investissant sentant la modernisation arrivée et l'industrie toute puissante.
Enfant, la jeune enfant ne pouvait s'ennuyer entre ses études, les leçons particulières de musique, d’art, d’agilité, de maintien et de chant. Une tête bien pleine dans un corps sain était la devise de la famille Van Kamp. Ida devait découvrir tous les univers afin de définir ceux dans lesquels elle souhaitait persévérer. Une éducation classique pour une jeune fille destinée à la haute société. Belle tenue, bonnes manières, érudition et art de recevoir afin de faire de Ida une épouse parfaite et une femme savante.
Bien qu'enfant désiré, la jeune Ida ne voyait guère ses parents accaparés par leur passion professionnelle. Enfant unique, Ida était souvent isolée et compensait sa solitude par l’apprentissage. Passionnée de littérature elle lisait beaucoup, et sa mémoire exceptionnelle lui permettait de retenir toutes les informations qu’elle découvrait.
Elle était ainsi élevée par le personnel de la propriété qui veillait à son bien-être et lui procurait l’affection dont elle manquait. Elle a ainsi appris très jeune l’impact des classes sociales et l’importance de connaître et respecter les caractéristiques de chacun afin de s’aventurer dans les différents mondes.
Son univers était notamment composé de sa nourrice, Maria Dominica Lopez de Llobregad, espagnole originaire de Malaga mais devenue anglophone pour avoir servi des familles anglaises, du majordome Thomas Kingsley, pur produit de la domesticité britannique, droit et fidèle, de son professeur particulier. Ludovic Fèvre, venu de Genève, séduisant et érudit et du jardinier, Theodorus Winzley, simple et travailleur. L’enfant Ida puis l’adolescente navigait ainsi entre plusieurs mondes.
Naviguer entre les mondes, telle était sa destinée.
Quelques jours avant son 13ème anniversaire, ne pouvant y assister, ses parents lui offrit un Stradivarius. Ce fut la dernière fois que Ida voyait ses parents. Un accident de voiture leur couta la vie. Cette disparition frappa Ida et la contraint à garder le lit pendant plusieurs mois, par tristesse somatisée en diverses douleurs. On la qualifia de poitrinaire, de cyclothymique, ou frappée par une rare maladie la contraignant à rester à l’écart pour ne pas aggraver son état.
Devenue orpheline, elle hérita de l’intégralité de la fortune familiale, en étant placée sous la tutelle de son oncle maternel par alliance, Andrew Lloyd, banquier, dont la réputation de gestionnaire habile était unanime.
Son petit monde était présent pour s’occuper de Ida. Les années passèrent. Son professeur Ludovic Fèvre démissionna pour partir outre atlantique, une fois que les connaissances de Ida étaient achevées voire dépassaient celles de son maître.
Partir serait il donc l’étape suivante ?
Considérée comme timide, solitaire et de santé fragile, Ida se voyait comblée par tous et obtenait tout ce qu’elle désirait. Devait-elle restait entre quatre murs ?
Elle n’avait d’autre solution que de partir pour vivre.
C’est alors qu'Ida décida de visiter l’Europe, sous le chaperonnage de sa nourrice. Piquée par la passion des voyages et guidée par sa curiosité, Ida Van Kamp voyagea partout sur la planète, découvrant de nouvelles ethnies, de nouvelles cultures, de nouveaux arts, de nouvelles odeurs, de nouveaux gouts….un dépaysement. Son éduction lui ouvra de nombreuses portes parlant plusieurs langues (français, anglais, danois, suédois, espagnol, italien, en plus du latin et du grec), et son tuteur se félicitait du comportement de sa nièce. Les bons investissements réalisés assurèrent à la jeune Ida un avenir aisé de rentière.
Violoniste émérite, les sons qui s’échappaient de son Stradivarius laissaient son public coi.
L’enfant devenue jeune fille laissait entrevoir une future femme de grande beauté. Et les rencontres effectuées pendant ses voyages lui permettaient de peaufiner ses talents.
Qui pouvait lui résister ? Peu d’hommes. Tous se battaient pour la séduire. Mais Ida, bien avertie par Maria Dominica, savait se montrer prude.
Juste avant un voyage à Chicago, Maria Dominica tomba malade et ne put accompagner Ida Van Kamp outre atlantique. Ida embarqua seule sur le Paquebot en direction de la Cote Est pour y rejoindre son chaperon américain : la fille de sa tante paternelle installée à Washington et qui doit veiller sur elle en ce nouveau territoire. Ida allait donc rencontrer pour la première fois une jeune femme de son âge… dont les attentes et le caractère n’étaient pas le même.
Lors d’une escapade festive, le destin d’Ida changea complètement.
Le réveil sonna 8h00. Ida se réveilla et se traina jusque dans la salle de bain. Elle se regarda dans la glace et eut l’impression d’être une nouvelle personne. Elle était encore habillée de la tenue de la veille. Ida se déshabilla.
Mais…
Alors ce n’était pas un rêve…
Confrontée à son nouveau statut, Ida n’eut d’autres solutions que de quitter Chicago pour la ville proche de Gary.
Elle informa son oncle et la maison de Grande Bretagne qu’elle se plaisait énormément dans l’Illinois et souhaitait s’y installer. Elle trouva une belle demeure entièrement décorée qui fut achetée sans difficultés par virement. Elle contacta une entreprise de service pour lui fournir le personnel nécessaire à son entretien en prévenant que pour raisons de santé, elle ne pouvait être en contact avec beaucoup de monde et que travaillant avec l’Europe, elle devait être prête dès 7h du matin heure de Londres, soit à la tombée de la nuit.
Confrontée au bouche à oreille, Ida sut intelligemment remuer les cartes en sa faveur.
Les années passèrent et Ida vivait dans son cocon où l’intelligencia se retrouvait pour s‘adonner du bon temps et se rencontrer.
La belle Ida Van Kamp n’est-elle pas en manque d’aventure ?