En Vodacce, la religion est un sujet curieux. Les églises sont
remplies de sorcières de la Destinée et de maris dévoués à d’autres femmes que
leur épouse. Les évêques de la Vodacce ne ferment pas les yeux sur le vice ;
ils l’ont simplement défini de façon à ce qu’il n’interfère pas avec le style
de vie vodacci. Ces définitions rigoureuses concernent en grande partie le
péché. L’Église vodacci a consacré bien du temps à définir ce qui est et n’est
pas un péché. On dit que c’est parmi les membres du clergé que l’on trouve les
hommes vodaccis les plus décadents, mais si tant est que de telles rumeurs sont
fondées, elles n’ont jamais été prouvées. Sans surprise, les robes rouge sang
de l’Inquisition sont rarement les bienvenues en Vodacce.
Pour les Vodaccis, la
religion est d’abord et avant tout un outil de pouvoir. Les maisons nobles ont
toujours eu des liens étroits avec l’Église, et ces relations se sont renforcées
au fil du temps. La Vodacce contrôle cinq des dix sièges du Hieros, ce qui la
met en position de force en matière de politique ecclésiale. En fait, aucune
mesure importante ne peut être mise en vigueur sans l’approbation des « Cinq
de Vodacce ». Qu’un cardinal, ou même un hiérophante, s’avise de négliger leur
autorité, et aucun de ses projets ne se concrétisera. Les Princes se sont
servis de cet avantage en d’innombrables occasions, et le déplacement de l'Église en Castille n’a nullement perturbé leur assise.
L’Église vodacci a
tout fait pour instaurer une relation compatible entre ses principes religieux
et la façon de vivre de son peuple. Les sept péchés de l’Église vaticine sont
en théorie les mêmes en Castille qu’en Vodacce, mais en pratique les
définitions varient quelque peu. La différence principale est que pour les
Vodaccis le péché réside rarement dans l’action, mais plutôt dans l’inaction
correspondante.
Paresse : le plus infâme des péchés dans une culture où un
homme est jaugé à l’aune de la fortune qu’il acquiert.
Envie : il est insensé
d’envier ce qu’un autre homme possède, puisque cela signifie vouloir n’être que
l’égal de son prochain. Mieux vaut faire en sorte d’accomplir quelque chose qui
fera de toi l’objet de son envie.
Avarice : vouloir ce qui ne t’appartient pas.
Et si tu as les moyens d’obtenir ce que tu désires, il est sot de ta part de
t’en priver.
Luxure : pour un Vodacci, le péché de luxure n’est pas de désirer,
mais de ne rien faire pour satisfaire son désir. Si tu es épris d’une femme,
conquiers-la. Le péché pour toi et envers elle consisterait à laisser ton désir
se corrompre et se muer en impotence spirituelle.
Orgueil : être fier de sa
propre apparence n’est un péché que si cette fierté est injustifiée.
Connais-toi toi-même. Ne te prends pas au piège de ton propre ego.
Colère : si
tu es furieux à l’encontre de quelqu’un, défie-le et fais valoir ton bon droit.
Le péché consisterait à trembler dans ta maison et à laisser impuni le tort
qu’il t’a fait ainsi qu’aux tiens.
Gourmandise : le péché de gourmandise
consiste à consommer plus que ce que l’on devrait. Cependant, chez un peuple
hédoniste, l’idée de « ce que l’on devrait consommer » sera probablement
différente d’ailleurs.