1. Journals

(E05) La cabane au fond du Bois des Sanglots

Iorund Hreidarsson sort de son agonie pour livrer quelques secrets. Il révèle que Illuri Terzen s'est allié à des démons et projette de tuer Nawaar al-Badie. Calli et Narli Bervalier sont missionnés pour récupérer la hache de Iorund et repérer la cachette de Terzen dans Le Bois des Sanglots. En chemin, ils rencontrent un fantôme suicidaire et découvrent un puissant démon dans la planque de Terzen. Après l'avoir défait, ils trouvent un brouillon de lettre qui annonce l'arrivée prochaine de Terzen à Bordéren.

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Récit

Salut ! Qu’est-ce tu bois ? De la bière ? Nan, il me faut un truc plus fort. Sors la grosse bouteille de dessous le buffet de la salle. Quoi, tu savais pas qu’il y en avait une là ? Ouais bah je rationne les stocks, on serait à sec en deux jours avec certains résistants. Tiens, sors un verre aussi. Pour ? Ah, t’en veux ? Bon bah sors deux verres. Faut que je te raconte ce qui s’est passé cette semaine dans cette saloperie de forêt, là. Le Bois des Sanglots.

Notre macchabée maison, le vieux Iorund Hreidarsson s’est réveillé ! Mais si, le type qui ronfle depuis des semaines, quand on l’a sorti de (E02) L’Asile de l’horrible horreur ! Il nous a confirmé ce qu’on craignait : c’était pas un accident si on a trouvé des démons dans le Manoir de Terzen et dans l’asile racheté par Illuri Terzen. Ce vieil enfoiré de gnome a trahi la résistance. Il a pactisé avec des démons des forêts elfiques du sud, et veut tous nous piéger. Il a même prévenu que Nawaar al-Badie y passerait ensuite !

Avec Calli, on a accepté la mission confiée par notre quasi squelette : récupérer sa précieuse hache des terres du nord. Vérité, qu’il l’a appelée. Faut en tenir une bonne pour donner un nom à une arme… Il voulait aussi qu’on aille repérer la planque de Terzen, perdue au milieu de la forêt. Soit dit en passant, ça lui fait au moins trois baraques connus, à l’affreux démoniste. Faudrait peut-être consulter le cadastre pour voir s’il en avait d’autres à Eau-Vive !

On s’est mis en route vers le sud, Calli, son Wogren à peine dressé, et moi. Et malgré mon grand âge, Calli a jamais voulu que je monte sur son dos. Mais non, pas son dos à elle, celui du Worgren. J’ai dû traverser toute ce maudit bois sur mes vieilles jambes. Comptez pas sur moi pour nettoyer la boue que j’ai collée dans tout le manoir ! En chemin, sur une falaise, on a croisé une fantôme. Elle dégoisait sur Valeas, son amour perdu de Bordéren, et a balancé une bague à la flotte, avant de la rejoindre. Bizarre. Mais ensuite on l’a recroisée ! Elle continuait à se lamenter, alors j’ai tenté de lui remonter le moral. Que moi aussi, j’avais cru que j’étais fait pour ma première femme. Pareil pour la deuxième, tout comme la troisième. Qu’en charpenterie, les tenons et les mortaises étaient faits pour s’emboîter, mais qu’avec le temps, le bois joue, les termites s’installent, comme avec ma deuxième femme, et qu’on finit par réaliser que le tenon rentre beaucoup mieux dans une autre mortaise… Elle a pas su apprécier mes perles de sagesse, et s’est planté un poignard dans le cœur. La trouille de ma vie, j’ai cru que c’était pour moi le poignard !

Bon, quand on l’a retrouvée un peu plus loin, on a commencé à comprendre le topo. Comme elle faisait une fixette sur sa bague, on est retournés à la falaise, et Calli a enfin daigné descendre de son clébard pour se mouiller un peu. Je sais pas pourquoi, ça m’a collé la courante, de voir cette halfeline fouiller la vase et en ressortir avec la bague. Quand on l’a rendue à la fantôme, elle nous a remercié et a disparu, en laissant la bague derrière elle. Vous me connaissez, je suis du genre sentimental, j’ai gardé la bague en souvenir. Et puis je voulais pas que la halfeline la garde. Imagine que ça lui monte à la tête, un objet aussi précieux !

J’te passe les heures passées à patauger dans la boue, on a retrouvé la cabane de Iorund. Dans un coffre planqué, y avait sa hache. J’avais jamais vu d’arme avec une lame d’obsidienne, et qui chauffe, en plus ! Je comprends pourquoi il la rangeait sous son lit. J’fais pareil quand mon arthrite me reprend. Y avait aussi un parchemin genre sortilège, on n’arrivait à rien lire.

Puis on a atteint le village de bûcherons abandonné, et on a vite compris pourquoi. Deux hurleurs nous ont sauté dessus. Celui qu’a essayé de me bouffer à goûté mon couteau à la place, il y réfléchira à deux fois avant de s’attaquer à un gnome. Calli ? Quoi Calli ? Ah, oui, elle était là aussi. Elle en a trucidé un avec Vérité. Mais bon, grimpée sur une monture et avec une arme magique, c’est un peu facile, non ?

Après un gué, on est tombé sur la planque à Terzen. Sauf que dedans c’était pas Terzen, c’était un démon. Une saloperie avec une bouche garnie de crocs monstrueux, le reste du visage planqué par une grande capuche. De ses manches jaillissaient des dizaines de tentacules violets. Ses pieds se terminaient en deux longues griffes violettes.

Calli hésitait vachement, alors je l’ai convaincue qu’avec un bon plan, on pouvait le dézinguer. J’ai aspergé l’entrée de la baraque avec de la gnôle de première qualité. Qu’on vienne pas me dire que je fais pas de sacrifices pour la cause ! Calli s’est planquée à proximité de la porte, prête à attaquer, et elle a enfin accepté que je monte sur son clébard, pour fuir rapidement si besoin. Quand ça l’arrange, son worgen est bien dressé, enfin, j’me comprends. J’ai réussi à embrouiller le démon avec mes talents d’orateur, et il est sorti, pile dans la flaque. J’ai lancé ma torche, il s’est embrasé comme une… bah, comme une torche, quoi. On lui a balancé deux billes de fronde, une pour chaque œil, ça lui a dégagé la capuche, et sa tronche… depuis ça, je n’arrive pas à voir autre chose quand je ferme les yeux. Ouais, même la nuit. Ressers-moi, tiens, c’est médical. Bon, Calli a encore tenu à se mettre en avant en le tranchant en deux, mais le démon a eu le temps de me lancer un sortilège avant. J’ai senti des tentacules me déchirer le bide, pire que la cuisine de ma deuxième femme.

Une fois le bestiau crevé, on a pu fouiller la baraque. Et c’était nettement plus classieux à l’intérieur. À l’étage, y avait toute une bibliothèque ! J’ai proposé de la cramer, mais Calli voulait la garder pour les résistants qui lisent des livres. Mouais. Y avait aussi une drôle de tapisserie, un peu façon arbre généalogique, qui mentionnait un Valeas, marié à une Dane, genre y a 30 ans. Je sais pas si c’est le même que pour la fantôme. Pour me dédommager de ma peine, j’ai réquisitionné une tenue de soirée de Terzen dans sa penderie. Classe, hein ? Pendant ce temps, Calli a trouvé un bijou et une bougie au sous-sol, à côté des cercles démoniaques. Ah, oui, j’t’ai pas dit. Le sous-sol, c’était vraiment étrange. Y avait un labo d’alchimie, avec plein de petites boîtes. Un coin prison, avec des cadavres dont deux Forcenés, et une salle de magie, où vivait le démon. Dégueu.

Mais le plus important qu’on ait trouvé, c’était un brouillon de lettre de Terzen adressée à son mentor de Bordéren, annonçant sa venue. Datée trois semaines, donc il doit y être. Faudrait qu’on s’en occupe, de ce salopard. Eh, t’as pas vu que mon verre est vide ? Remplis-le, animal ! J’veux plus voir le démon derrière mes paupières. J’veux plus rien voir du tout.