Cet écrit, de la main de Flavia Aurelius Croc-d'Argent, rapporte notre deuxième expédition au Fort de l'Aigle le 14 Guide de l'an 924.
Contexte
Lors de la première expédition au Fort (S1E15 - Pluie battante), nous avions pu rencontrer les dirigeants du Fort (Yael Dunart, Claire Favarone et leur chef Aarn Vulfor), visiter les lieux et découvrir l'origine de la pluie : les mystérieux Seigneurs des pluies, de puissantes naïades vivant dans le lac (Norrig a eu l'occasion d'en rencontrer une par la suite, une puissante Morgane qui connaissait son maître)
Dans les mois qui ont suivi, nous eûmes vent de terribles rumeurs d'enlèvements de fées, et la plupart accusaient les Faucheurs du Fort. Nous savions qu'ils n'hésitaient pas à chasser et tuer des fées, les appelant "monstres", et nous prêtâmes attention à ces rumeurs. Les enlèvements furent confirmés par Avok, qui a également pris contact avec des tribus des environs.
Lors du Tournoi de l'Arène de la Traverse, Avok, Amrys "Amy" Verrier, et moi-même confrontâmes Yael Dunart au sujet des disparitions. Il prétendit ne rien savoir et ne pas accorder de crédit à ces "rumeurs", mais accepta que les Patrouilleurs enquêtent au Fort, à la condition que les coupables soient jugés par ses dirigeants.
Yael repartit du Tournois avec deux étalons capturés lors de l'expédition S1E17 - Chevaux de feu dans les plaines glacées. Il s'agissait de présents pour lui et Aarn, pour appliquer la demande du dieu Cavalier Souche-Noire qui a demandé à Cain Cornelis Diomède Scarmaglione de donner des étalons à nos ennemis en échange de sa bénédiction des écuries.
Quelques semaines avant notre expédition, Amy revint de Noir-bois avec de graves nouvelles : un gobelin était parvenu à s'échapper du lieu où il était retenu et à rentrer dans sa tribu, mais avait malheureusement a dû être abattu par les siens car il était gravement atteint par le Tourment.
Avok se rendit au village gobelin où il échangea avec ses habitants. Il parvint à calmer les gobelins qui s'apprêtaient à attaquer le Fort. Même si leur rage était compréhensible, un tel assaut aurait été suicidaire pour eux. Ils acceptèrent d'attendre notre enquête avant d'agir.
Avok rapporta également les paroles du courageux gobelin: Gord. Gord avait lutté contre la corruption suffisamment longtemps pour décrire à ses camarades ses ravisseurs - des Faucheurs particulièrement brutaux - et son tortionnaire : une mage humaine au visage couvert de cicatrices qui pratiquait des expériences douloureuses sur lui et d'autres fées. Il avait aussi donné des informations très précises sur le lieu où il était enfermé, et les galeries à demi-immergées par lesquelles il avait réussi à s'échapper.
C'est sans aucun doute grâce aux informations rapportées par Gord que notre expédition fut un tel succès.
D'après mes recherches, Gord était retenu dans les catacombes sous le Fort. Avant notre départ, je pu en trouver un plan partiel, et identifier la zone par laquelle le gobelin était sorti. Je découvrit également un piège empêchant de rentrer dans le fort depuis le lac, mais que nous pouvions l'éviter si nous prenons ce chemin.
Avok et moi-même tenions à faire partie du voyage et de l'enquête. Spurius Furius Narcissus, Reunai Hovinte et Septimus Umbrius nous accompagnâmes. De part son métier de garde, c'était loin d'être la première enquête que réalisait Reunai, et son expérience nous fut très précieuse. Spurius, de son côté, fit preuve de beaucoup de zèle, frisant l'insubordination, dans son rôle de custode. Mais il sut ramener tout le groupe sans blessure majeure. Septimus quant à lui, fut d'une aide précieuse pour aider les victimes que nous avons croisé.
Arrivée au Fort
A notre arrivée, nous fûmes hélés par un jeune homme : le père de l'enfant né lors de notre premier voyage ici (la première naissance au Fort depuis l'installation des Faucheurs il y a une dizaine d'années). Sa compagne, Martha, avait disparu la veille, tout comme le druide
Rufus Alénas. Nous acceptâmes de la chercher, et nous refusâmes sa généreuse proposition de nous donner tout l'or dont il dispose en échange : les Patrouilleurs n'ont nul besoin de récompense financière pour ramener une jeune mère à son enfant. Et puis il ne s'agissait que de 7Po.
Après une tentative infructueuse pour entrer dans les catacombes en passant par la berge du lac, couverte de boue et particulièrement glissante, nous décidâmes de passer par le village, et de jeter un coup d'oeil aux demeures des disparus en passant.
Nous nous séparâmes en deux groupes : Reunai et Avok dans la maison de Martha, la mère disparue, et Spurius et moi-même dans la yourte (une sorte de grande tente) du druide Rufus.
Je ne rentrerai pas dans les détails de l'enquête et l'interrogation du compagnon de Martha, menés d'une main de maître par Reunai. Nos investigations montrèrent que Martha a été enlevée, contre sa volonté, par plusieurs humains. Rufus semblait venir régulièrement dans sa maison, peut-être pour prendre soin du nourrisson. Le druide, lui, était parti volontairement avec une grande partie de ses affaires. Enfin, et surtout, nous trouvâmes un tunnel menant dans la yourte, creusé depuis l'extérieur et soigneusement camouflé.
Nous décidâmes d'emprunter le tunnel.
Dans le tunnel
Après une longue marche, nous débouchâmes sur une grande pièce au sol pavé. Avok identifia immédiatement une odeur de cadavre, et une qu'il commençait à associer au Tourment. En poussant dans la pièce nous vîmes, pour notre plus grand effroi, un tas de corps d'aberrants (une analyse ultérieure, avant de les brûler, en dénombra une quinzaine).
Plus loin, Martha était accrochée au mur par des racines tandis que Rufus marmonnait une incantation. Il ne répondit pas à nos appels, jusqu'à ce que Spurius le plaque au sol. Il parvint à le maintenir suffisamment longtemps pour que je lui glisse mon amulette autour du cou. Le druide arrêta immédiatement de se débattre. Nous en profitâmes pour libérer Martha.
En effet, il était sous l'emprise d'un sort de contrôle, que mon amulette a su briser. Cette dernière m'a été donnée par ma mère avant mon départ, pour me protéger contre la magie.
Martha et Rufus nous racontèrent qu'ils ont été assommés la veille, et Martha nous décrivit ses ravisseurs : Fall, Yarl et Caigne. Rufus nous dit qu'il enquêtaient sur des traces de corruptions dans la région : il craignait que l'eau elle-même, à la fois le lac et la pluie, ne soit souillée. De nombreux habitants tombaient malades et gardaient des traces de corruptions après avoir été "soignés" par la soigneuse du Fort, Aurora. Rufus nous confirma qu'Aurora correspondait à la description de la mage qui avait torturé Gord le gobelin.
Nous décidâmes de laisser Rufus et Martha dans les souterrains pour surprendre cette Aurora. Ils acceptèrent, et Rufus nous ouvrit un passage entre cette pièce et le reste des catacombes.
Les catacombes
Nous évitâmes un glyphe d'explosion au sol, et passâmes dans la crypte sous le temple - là où, d'après mes recherches, le dernier commandeur du Fort a caché ce qu'il n'a pas pu emmener avec lui. Malheureusement, plusieurs coffres étaient ouverts et complètement vides. La pièce était à moitié effondré mais Spurius nous déblaya rapidement un passage. L'autre moitié de la pièce fut beaucoup plus prometteuse, et de nombreux objets anciens étaient parfaitement conservés. Nous ne nous arrêtâmes pas pour les regarder, mais j'en fis un inventaire après l'expédition, que j'ai joint à ce rapport.
Après quelques minutes de marches dans des galeries partiellement submergées, nous entendîmes des râles de douleur et des toux, et sentîmes l'odeur de la maladie et du Tourment. Nous touchions au but.
La pièce où étaient entassés les prisonniers d'Aurora correspondaient à la description de Gord. Une dizaine de personnes, fées et humains, très déformées et dans la quasi-obscurité. La plupart des victimes étaient enchaînées au mur, mais trois d'entre elles s'interposèrent entre nous et la porte du fond, où nous entendions les mouvements d'Aurora.
Spurius et Reunai repoussèrent les trois individus en les bloquant contre un mur avec l'immense Claymore de Spurius, tandis qu'Avok et moi-même courûmes jusqu'à la porte, ignorant temporairement les demandes d'aides et les mains tendues des malheureuses victimes d'Aurora.
Le laboratoire d'Aurora
A notre arrivée dans son laboratoire, Aurora se préparait à partir. Elle utilisait une pierre qui semblait lui permettre de prédire l'avenir, et d'éviter nos coups. Je réussi à la lui faire lâcher - nous ramenons ses morceaux pour analyse. Le combat fut bref et intense, et je dois admettre que je n'en ai qu'un souvenir confus. Reunai parvint à plaquer Aurora au sol et à l'immobiliser, tandis que Spurius et Avok s'occupèrent des trois aberrants qui nous ont suivis.
Après le combat, nous libérâmes un gobelin attaché à une table, dont nous apprendront plus tard le nom: Enaq. Aurora l'avait coupé et avait appliqué sur la plaie une boue noirâtre saturée de Tourment. Septimus le soigna et nous donna son diagnostic : il était atteint du Tourment, mais avec des soins appropriés pourrait s'en remettre comme Magda l'avait fait autrefois.
Aurora avait pris avec elle la majorité de ses recherches, mais nous fouillâmes néanmoins la pièces pour trouver d'autres informations. Nous découvrîmes que ses recherches étaient financées par les dirigeants du Fort : la moitié du trésor du Fort avait servi à payer son laboratoire, et le reste à construire le village et installer les habitants. Nous découvrîmes également des alambic qui distillaient l'eau du lac pour en extraire le Tourment. La quantité semblait trop faible, que ça soit pour traiter l'eau ou pour fournir la boue corrompue qu'elle utilisait pour ses expériences.
Dans la première pièce, Septimus identifia rapidement que tous les individus étaient atteints par le Tourment. Il prononça un gobelin (Veenqya) et deux humains (Valmard et Lamara) guérissable, comme Enaq. Spurius et Reunai ont dû achever les pauvres hères trop atteintes pour notre aide. Pendant cette besogne, Avok interrogea soigneusement chaque victime cohérente pour obtenir autant de noms que possible, ainsi que ceux de leurs clans féériques d'origine. La liste est jointe au rapport, et nous espérons que leurs familles ou clans pourront trouver un soulagement dans la connaissance de leur destin tragique, et celui de leur tortionnaire.
Interrogation
Nous interrogeâmes Aurora. Les traces de Tourment qu'elle porte sur le crâne pulsaient en continue, et même sans sa pierre elle semble garder une certaine connaissance du futur - ou des futurs possibles. Elle finit par coopérer avec la promesse d'un jugement par les Patrouilleurs.
Voici ce qu'elle nous raconta. Je tiens à préciser qu'elle cherchait visiblement à se présenter sous son meilleur jour, et qu'une enquête plus approfondie devra être réalisée.
Elle s'appelle Aurora de l'Eclair Noir, et a autrefois fait partie d'une troupe mercenaire de ce nom. Ses camarades et elle-même étaient atteints par le Tourment, et ont connu un sort tragique auquel elle a échappé de justesse. Elle a rejoint Aarn, Yael et Claire à la fondation du Fort de l'Aigle, et, à la demande d'Aarn, a commencé à réaliser des expériences sur la corruption. Son but était de stabiliser le Tourment qui l'atteignait, et celui qui menaçait les habitants du Fort. Au fur et à mesure, Aarn lui a fournit des cobayes, d'abord malades ou mourants, puis saints : des fées des alentours ou ses opposants politiques dans le Fort de l'Aigle. Elle persiste à nous dire qu'elle les "soignait", alors que nous savons que ceux qui étaient enlevés pour lui servir de cobaye n'étaient pas corrompus avant de tomber entre ses griffes. Elle dénonça les trois brutes Fall, Yarl et Caigne, et s'est plainte de l'état et de la qualité des cobayes : les fées l'intéressent moins que les humains pour ses expériences..
L'interrogation des trois brutes fut plus mitigé. Fall semblait fier de ce "travail", tandis que Yarl niait tout en bloc. Caigne prétendit qu'Aarn l'avait chargée de laisser Claire dans l'ignorance, et était fière de suivre les ordres d'Aarn qu'elle n'avait pas à questionner. Elle nous dit également que Yael, qui approuvait initialement ses recherches, s'y oppose depuis deux ans.
Jugement
Nous trouvâmes ensuite Yael et Claire, et leur fîmes part de nos conclusion. Claire refusa d'abord de croire que de tels actes ignobles aient été réalisés sur l'ordre d'Aarni. Yael prétendit d'abord ne rien savoir, puis s'être opposé aux expériences - allant jusqu'à envoyer des hommes assassiner Aurora. Il nous sembla beaucoup plus amer et vindicatif contre Aarn que lors de notre précédente visite. Nous découvrîmes également qu'Aarn, cohérent mais étrangement obnubilé par la construction de son monument lors de notre dernier échange, avait complètement perdu la raison depuis.
Nous négociâmes de garder Aurora pour jugement et interrogation par les Patrouilleurs, tandis que les brutes et Aarn lui-même seraient jugés par Yael et Claire. Reunai, en sa qualité de Viguier de l'expédition, conseilla la peine de mort contre les brutes, et de déposer Aarn de tout rôle de commandement. Yael et Claire ayant également des responsabilités dans l'affaire et n'étant pas intervenus jusqu'à notre arrivée, nous les considérons inaptes à commander le Fort.
Nous ne parlâmes pas du trésor, d'une valeur archéologique inestimable et qui revient à l'Empire.
Après les avoir montré à Yael et Claire, ainsi que Rufus et Martha comme témoins, nous brûlâmes les corps des victimes (21) d'Aurora.
Suites de l'expédition
Nous n'eûmes pas le temps d'analyser la corruption du lac (mais les études de Rufus et d'Aurora ne laissent que peu de doutes sur le sujet), ni de prendre contact avec les Seigneurs des Pluies (dont l'existence semble connue uniquement des trois dirigeants). Une prochaine expédition pourra s'y rendre pour le faire, vérifier que les accusés ont été jugés, et auditer le nouveau commandement du Fort.
Nous espérions que l'analyse des recherches d'Aurora par un esprit plus éclairé et sain pourra permettre de guérir les habitants et réduire la corruption. Si ce n'est pas le cas, nous devront faire évacuer le Fort.