De toutes les Nations de Théah, la Montaigne est la plus
largement divisée, économiquement comme philosophiquement. Les Montaginois
étant organisés selon un système de castes rigide, il est aisé de les séparer en
classes facilement identifiables. Chacune est brièvement décrite ci-dessous,
en partant de la lignée royale pour aller jusqu’aux insignifiantes masses
paysannes.
La crème de la crème de la noblesse montaginoise, la famille royale,
compte peu de membres, mais possède une autorité absolue sur ses terres. Seul
l’Empereur (un titre récemment adopté en lieu et place de « Roi ») Léon Alexandre
de Montaigne, sa femme l’Impératrice, leur famille proche et les parents de la
monarchie précédente peuvent réellement prétendre appartenir à cette classe. Actuellement,
l’Empereur a neuf filles, mais aucun fils, ce qui est fort problématique pour
la lignée royale. Morella Alouse Giacinni, sorcière de la destinée vodacci et
troisième femme de l’Empereur, n’a pas su lui fournir un héritier mâle. Elle
lui a donné une fille, Unknown, qui ne semble avoir aucun talent pour la
sorcellerie. La femme précédente de l’Empereur, une Castilliane mère de trois
enfants, est morte de « maux féminins » il y a quelque temps.
Après les membres
de la famille royale, on trouve la haute noblesse, les Duc et Marquis de la
Montaigne. Les ducs sont au sommet de l’échelle, représentants de l’aristocratie
terrienne et héritiers des noms de ceux qui ont régné depuis la fondation de la
Montaigne. Quant aux marquis, leurs subalternes, ils ont à leur charge l’essentiel
du patrimoine économique et des ressources de la Nation. Certains résident dans
une région reculée des provinces qu’ils administrent en retour de leurs
services, et s’occupent de diriger celles-ci de près.
L’échelon d’en dessous
consiste en la petite noblesse montaginoise. Ces représentants de la noblesse
ne le sont qu’en vertu de leur fortune, ne possédant pas de terres et donc de
responsabilités attenantes. Ils sont apparus à la faveur des richesses
colossales que brasse la Nation. Certains en ont hérité, d’autres se la sont
appropriée par des moyens plus ou moins honnêtes ; au sein de leur classe, tout
ce qui importe, c’est qu’ils la possèdent. Ils mènent un train de vie
extravagant et se joignent aux activités des nobles tout en échappant aux
manigances politiques et aux querelles qui font si souvent rage parmi les
membres de l’élite.
Également en dessous de la vraie noblesse, et juste sous la
petite noblesse, on trouve la noblesse errante. Il s’agit de nobles qui ont,
d’une manière ou d’une autre, perdu leurs terres, et ont choisi de devenir
courtisans,émissaires ou dignitaires au service de la couronne. Les villes de
Paix et Buché sont envahies de centaines de bureaucrates, et il en vient de
nouveaux avec chaque nouvelle génération. Les devoirs de bien des errants dépendent
de la situation du noble auquel ils se sont rattachés. Leur supérieur détermine
également le niveau de respect auquel ils auront droit, aussi les nobles doués de
magie ou d’ambition sont-ils très courus.
Les courtisans forment une classe
constituée de roturiers fortunés et habiles, et ont généralement un train de vie
paisible. Leur existence se résume principalement à amuser les nobles, à les
impressionner par leurs aptitudes. On peut les regrouper dans une vaste strate
sociale qui comprend poètes, bouffons, jennys, acteurs, écrivains, artistes et
charlatans. Les marchands et religieux suffisamment fortunés peuvent
s’attirer de la part des courtisans le même respect que ces derniers vouent à
leurs pairs. Cependant, tout bon courtisan doit être au fait des « règles », ou
il risquera de porter atteinte à l’intégrité de la cour, et par là même, au
pouvoir du noble régnant.
En dehors de la noblesse, on trouve en premier lieu les
érudits, dont la popularité s’est accrue depuis que l’exploration est en vogue.
Bien que les savants, en particulier les philosophes, aient toujours été fort
bien vus en Montaigne, parvenir à percer dans le domaine bourgeonnant de
l’archéologie est de plus en plus un symbole de distinction. Bien des membres
de la haute noblesse s’entourent de plusieurs érudits, dont au moins un
archéologue, et la plupart (après s’être rendu compte que leur manque d’intérêt
envers le monde extérieur leur coûtait très cher) s’efforcent également de se
constituer une bibliothèque privée afin d’attirer à eux d’éminents penseurs.
Dernièrement,
marchands et artisans ont également le vent en poupe. La plupart de ces
travailleurs font partie de la Ligue de Vendel, ce qui leur assure un niveau de
revenus supérieur à celui de la plupart des indépendants de leur domaine. Les
Montaginois qui peuvent se le permettre se paient l’exclusivité des meilleurs
de ces professionnels, se donnant ainsi une allure de supériorité dont ils
sont friands tout en s’assurant des revenus supplémentaires. Pour la noblesse,
ces gens représentent un atout trop précieux pour être négligé.
Tout en bas de
l’échelle sociale montaginoise enfin, il y a les paysans. Les cités immenses
aux glorieuses murailles et les châteaux raffinés vantent la beauté et la paix
de la Nation, mais ils ont tous été bâtis à la sueur du front des paysans. La
vie du bas peuple montaginois est rude, surtout si l’on compare leur triste lot
aux luxes auxquels ont droit, dit-on, les roturiers des autres Nations, comme par
exemple les fermiers de Vodacce. Leurs vies sont englouties par soixante heures
de travail hebdomadaire, vieillards, filles et veuves cultivant les millions
d’acres de terres que possède la noblesse montaginoise.